Europe : enquête sur l'initiation chrétienne des enfants et des jeunes

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Congrès pour la catéchèse, analyse du P. Luc Mellet

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Anne Kurian

ROME, mardi 8 mai 2012 (ZENIT.org) – Un sondage sur l’initiation chrétienne des enfants et des jeunes a été mené en Europe, par les Conférences des évêques. 3.600 personnes ont été interrogées, parmi lesquelles des enfants, adolescents, parents et/ou grands-parents.

Le sondage a été organisé pour le XIIe congrès européen pour la catéchèse, du Conseil des conférences épiscopales européennes (CCEE), en cours à Rome (cf Zenit du 7 mai 2012). Le P. Luc Mellet, responsable du Service national pour la catéchèse et le catéchuménat de France, a analysé les résultats de l’enquête, au cours de l’ouverture du congrès, hier 7 mai 2012.

Il fait ressortir de l’enquête trois éléments fondamentaux pour l’initiation de l’enfant et de l’adolescent : tout d’abord le cercle de la vie quotidienne, avec la famille comme facteur décisif de l’initiation ; ensuite, la communauté chrétienne et la liturgie comme lieu de rencontre privilégiée avec Dieu ; et enfin la nécessité du chemin personnel de l’enfant, au risque de la liberté.

Pour le P. Mellet, cette enquête doit contribuer à ajuster la pastorale de l’Eglise, afin de « répondre au mieux à sa mission d’annoncer l’Evangile et de former des chrétiens qui vivent leur foi dans toutes les dimensions de leur existence ».

La famille, facteur décisif de l’initiation chrétienne

La famille – surtout les parents, mais aussi les frères et sœurs et les grands-parents – est le cadre « premier et essentiel » de l’initiation de l’enfant, constate le P. Mellet : elle est citée comme « le premier lieu où il construit son rapport avec la réalité et donc avec Dieu et l’Eglise ».

Elle est, explique-t-il, une communauté de vie où l’on fait « l’expérience de la présence de Dieu, à travers la parole et l’exemple », qui ne sont pas réduits à l’action des parents car « tous les membres interagissent ».

Par conséquent, la « pratique religieuse », en famille est un facteur « décisif » dans cette initiation, y compris à l’adolescence. En revanche, lorsque la foi n’est pas une réalité quotidienne dans la famille, cela influence l’expérience religieuse de l’enfant.

Les amis ont également un rôle « fondamental », poursuit le P. Mellet, car « il est important pour les enfants de pouvoir vivre leur foi avec des personnes de leur âge ». C’est le deuxième groupe de personnes citées comme témoins de foi ou au contraire, responsables de l’éloignement : par exemple, la messe dominicale est « attractive » si elle est un « lieu de rencontre avec des amis », tandis que si les amis n’y vont pas, elle l’est peu.

Par ailleurs, l’influence de l’école « dépend du contexte », précise-t-il : on lui reconnait un rôle de promotion du dialogue, et l’enquête révèle à ce sujet que « la rencontre avec des points de vue différents » – autres religions, cultures – est « importante pour la maturation personnelle de la foi ». Si « la société sécularisée et parfois antireligieuse » peut « remettre en question cette foi », elle peut être aussi l’occasion d’approfondir les raisons de la foi.

Les écoles privées peuvent être des lieux d’initiation chrétienne, notamment par leur « identité claire dans l’enseignement des diverses matières et des célébrations ». A ce propos, l’enquête met en lumière « l’importance des professeurs et de leur personnalité ».

Cependant, fait observer le P. Mellet, l’école peut être aussi cause d’éloignement de la foi, non seulement si les camarades d’école ne la vivent pas, l’isolement étant « facteur de dissuasion », mais aussi à cause de « la pression des études ».

La communauté et la liturgie, lieu de rencontre avec Dieu

La communauté chrétienne, rapporte-t-il, est souvent citée comme « lieu où l’identité chrétienne s’affermit », entre autres grâce à la rencontre avec « des prêtres, professeurs, personnes actives dans la vie de charité, qui sont des témoins ».

L’importance du catéchisme varie selon les pays, et les supports comme la lecture d’histoires et l’audiovisuel sont cités comme plus stimulants. En revanche, constate le P. Mellet, « le contenu de la catéchèse est peu cité », ce qui génère des questions « sur la façon dont il faut communiquer la connaissance de Jésus et la doctrine de l’Eglise, de manière attrayante et significative ».

La vie liturgique aussi est « fondamentale » comme « lieu privilégié de rencontre avec Dieu vivant ». Le sondage révèle que « la façon de célébrer la foi peut encourager ou éloigner de la religion ». Ainsi, insiste-t-il, « le soin des célébrations est important, afin que l’enfant comprenne ce qui est vécu, et qu’elles ne soient pas jugées ennuyeuses ».

Il signale également l’importance des sacrements – souvent mentionnés – et de leur préparation, notamment la première communion, la confirmation et le sacrement du pardon.

L’appropriation personnelle, au risque de la liberté

De nombreux enfants et adolescent, note-t-il, insistent sur l’importance « d’accomplir un chemin personnel », en « s’appropriant ce qui leur a été communiqué » et en « trouvant leurs propres raisons de dire oui à Dieu ». Pour les jeunes, le passage à l’adolescence est une « période de remise en question, y compris de leur foi », et donc peut être aussi l’occasion d’une « prise de conscience de leur foi ».

Les jeunes, poursuit-il, sont souvent à la recherche d’une « meilleure participation », d’une « foi plus active », ils sentent la nécessité de « comprendre leur foi, non comme quelque chose qui appartient à leurs ancêtres, mais plutôt comme un choix personnel qui remplit leur vie et ne leur enlève rien ».

L’adolescence est aussi le temps des « questions existentielles », telles l’existence de Dieu, la souffrance, la vie après la mort, le bien et le mal. Or, « si la catéchèse n’aide pas à trouver des réponses, cela peut provoquer des désillusions et un éloignement de la religion ». Le P. Mellet estime que « c’est un des grands défis de la catéchèse », d’être capable de montrer aux jeunes « la beauté de la vie de foi, l’actualité des raisons de la foi et l’expérience de l’amour de Dieu ».

Le sondage révèle en outre que des « évènements personnels », négatifs ou joyeux, peuvent jouer un rôle important dans le chemin chrétien des jeunes.

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ZENIT Staff

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