Etre femme dans l’islam et dans l’Eglise catholique

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Un face à face entre théologiennes italiennes et iraniennes

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ROME, Vendredi 27 février 2008 (ZENIT.org) – Un jeune homme, qui était allé trouver un sage croyant, lui confessa un peu craintivement qu’il nourrissait des doutes sur sa propre foi. Le sage lui répondit : « Je suis content, car c’est en cherchant des réponses à nos doutes que l’on arrive à croire ».

« Le Coran souligne à plusieurs reprises, la nécessité de questionner et questionner encore », explique la théologienne iranienne Fariba ‘Allasvand, après avoir raconté cet apologue au cours de la rencontre sur le thème : « Etre femme dans l’islam et dans l’église catholique : iraniennes et italiennes face à face ».

Poser des questions, se confronter, chercher des réponses au-delà de la connaissance plus ou moins superficielle que l’on a du monde de l’autre : tels étaient les objectifs de cette rencontre organisée le 18 février dernier au siège national de l’Action catholique italienne, à l’initiative de cette dernière et du bureau de coordination des théologiennes italiennes, sous le patronage de l’ambassade de la République islamique d’Iran près le Saint-Siège.

La rencontre était organisée dans le cadre de la visite en Italie d’une délégation de femmes iraniennes engagées au plan théologique et dans la défense des droits de la femme, de la famille et des mineurs.

En Iran, selon Tahere Nazari, du ministère des affaires étrangères iranien pour les questions internationales relatives aux droits de la femme, des enfants et de la famille, la conscience du rôle social des femmes, qui doit  « concilier son rôle d’épouse et ses responsabilités d’éducatrice au regard des générations à venir », est en train de grandir.  

En Iran, les femmes représentent 40% de la population et une large majorité d’entre elles ont moins de 25 ans. « En 2007 le taux de femmes qui travaillent, explique Tahere Nazari, était de 13, 6%, soit 12% de plus que les dix années précédentes ». De même « le taux d’alphabétisation de la population au-dessus de 6 ans est de 80,3%, soit plus 126% que les dix années précédentes ».

Au parlement iranien, auquel les femmes ont accès au même titre que les hommes, on compte aujourd’hui huit députés femmes; et 1491 conseillères communales et provinciales au Troisième conseil, ce qui représente une croissance de 8,44% par rapport aux assemblées précédentes. En augmentation également le nombre des étudiantes à tous les niveaux d’instruction, le nombre des professeurs et des écrivains femmes.

« Ces résultats, conclut Tahere Nazari, ne constituent pas notre point d’arrivée, mais sont le signe que les femmes ont compris qu’elles doivent redoubler d’efforts pour pouvoir exercer un rôle également dans la construction du pays ».

« Pour le Coran, explique Fariba ‘Allasvand, la dignité de la femme a la même valeur que celle de l’homme et la charia, la loi islamique, attribue souvent les mêmes droits et devoirs aux hommes et aux femmes ». « Les quelques différences existantes, ajoute la théologienne, tiennent à des différences physiques et psychologiques caractérisant la diversité des rôles au sein de la famille ».

La maternité jouit d’un fort soutien juridique, car liée à la transmission des valeurs, surtout morales, entre les générations : « Le Coran enseigne que le respect pour la mère est la clef pour résoudre tous les problèmes et qu’un comportement humble à son égard est une condition à l’entrée de l’homme au Paradis ».

L’homme a pour devoir de guider et soutenir économiquement sa famille, même si les deux époux travaillent. Pour l’islam cette autorité se justifie uniquement en termes de services et la charia interdit toute forme de prévarication et oppression : « se consulter même dans les plus petites choses, souligne Fariba ‘Allasvand, doit être la règle entre les époux ».

« L’islam, ajoute-t-elle, est un système fondé sur la justice équilibrée entre les sexes en rapport avec leur nature ».

Le contraste entre rôle familial et rôle social de la femme naît souvent « à cause de l’économie moderne qui a besoin de la femme comme individu et non comme épouse et mère »

C’est pourquoi, « le gouvernement iranien a pris différentes mesures favorisant la maternité, dont celle qui permet à la mère de pouvoir travailler, au même salaire que l’homme, deux heures de moins que l’horaire normal ».

« C’est la société, conclut la théologienne, qui doit s’adapter au rôle de mère de la femme et non le contraire. Et c’est grâce aux préceptes religieux que nous arrivons à surmonter cette opposition entre les deux rôles : une religion sans programme social ne peut avoir d’importance pour l’individu ».

« Des rencontres de ce type, affirme pour sa part Marinella Perroni, présidente du Bureau de coordination des théologiennes italiennes, sont la reconnaissance de tout ce que les femmes peuvent apporter à leur pays et aux traditions religieuses, avec la compétence théologique, affirmant le droit des femmes à réfléchir sur Dieu et à parler de Lui » .

Il est important, poursuit-elle, de « valoriser la capacité féminine, de mettre en réseau la recherche en partant de liens de solidarité ».

« Notre société qui apparaît sécularisée, conclut la théologienne italienne, est caractérisée par une recherche de Dieu, par le souci de justice et par ce qui apporte une réponse aux questions de sens concernant la vie. Dans cette optique, la contribution des théologiennes est importante ».

Pour les femmes italiennes aussi le chemin de la pleine affirmation du rôle de la femme dans la société et dans l’Eglise n’est pas fini. Chiara Finocchietti, vice-présidente nationale de la section jeunes au sein de l’Action catholique (AC), a retracé certaines des étapes fondamentales de cet itinéraire jusqu’à l’affirmation du « génie féminin »  contenu dans l’encyclique Mulieris dignitatem de 1988.

« Entre la carence de politiques familiales pouvant aider la femme à concilier son rôle de mère et de travailleuse, estime Chiara Finocchietti, et la difficulté de se mesurer avec une société où l’espace pour vivre sa foi ne cesse de se rétrécir, il y a encore beaucoup de chemin à faire. Un long chemin avant que cette parité entre la dignité de l’homme et celle la femme ne soit vécue concrètement, et avant que le rôle de premier plan de femmes catholiques exprimé par de grandes figures telles qu’Armida Barelli, n’aient un suivi ».

« La fondatrice de la jeunesse féminine, rappelle la vice-présidente de l’AC, a su réunir autour d’un grand projet des millions de femmes à une époque (début du XIXème siècle), où la plupart d’entre elles étaient peu alphabétisées et encore moins habituées à sortir de chez elles ».

« Le défi qui nous attend, conclut Chiara Finocchietti, est la construction d’une société dominée par le souci du bien commun, où chacun, homme et femme, puisse trouver son espace pour donner le meilleur de soi ».

Chiara Santomiero

Traduit de l’italien par Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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