Est-ce qu’on « ira tous au paradis » ?

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Lectures du dimanche pour les jeunes de Zenit

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ROME, samedi 8 décembre 2012 (Zenit.org) – « Tout homme verra le salut de Dieu », dit l’Evangile de ce deuxième dimanche de l’Avent. Isaïe annonçait : « Toute chair verra le salut de Dieu ». Mais comment comprendre cela ? Michel Polnareff chantait : « On ira tous au paradis ». Est-ce la même chose ?

Le « oui » de Marie

Benoît XVI a donné une clef à l’angélus pour la fête de l’Immaculée Conception de Marie, hier, 8 décembre: « Celui qui se tourne vers Dieu trouve la liberté véritable ». S’il est donné à tous un jour de « voir » le salut de Dieu, on ne va cependant pas au paradis sans le vouloir, sans un choix libre : Dieu ne viole pas la liberté de l’homme. Comme il a demandé le « oui » de Marie, il demande notre consentement. C’est lourd de conséquences !

On est tellement habitués à ne pas demander le consentement de l’autre, on est tellement habitués à s’imposer, à imposer sa volonté, ses vues, ses analyses, sans attendre que le consentement mûrisse, sans attendre un feu vert, que l’on du mal à voir que Dieu ne s’impose pas, ne viole pas notre liberté.

Pourtant, pas de Nouvelle évangélisation sans une conversion radicale sur ce point. Dieu ne s’impose pas. Et l’on ne peut imposer Dieu. On peut juste l’annoncer.

Benoît XVI va encore plus loin : « On ne peut gagner les autres à Dieu ». Annoncer que tout homme verra le salut de Dieu, c’est le devoir du baptisé et le Bon Dieu lui a donné sa trousse à outils dans l’Eglise avec la Parole de Dieu, les sacrements et le modèle des saints. Mais le fruit – que des hommes s’ouvrent à Dieu -, c’est uniquement du ressort de l’Esprit Saint, ce n’est pas quelqu’un ni ses efforts qui peuvent l’obtenir. Liberté de Dieu, liberté de l’autre, liberté mienne.

La liberté et la nouvelle évangélisation       

Ainsi, lorsque l’on a compris que jamais Dieu n’impose son salut, on est prêt pour l’évangélisation. Je deviens attentif aussi à chasser de moi toutes les formes d’imposition de ma volonté aux autres : arriver à obtenir leur consentement est plus coûteux, mais c’est ce qui tient.

Au niveau des Nations, même combat. On n’impose pas la paix. La paix est une conquête de la liberté des peuples, sans leur consentement, aucune négociation n’imposera une paix durable ou une justice durable.

Voyez dans une famille de jeunes enfants qui se chamaillent. Certes, les parents peuvent ramener le calme en donnant de la voix. Mais il y a des paix armées qui n’attendent que l’occasion de rendre un coup.

Le consentement à la paix et la réconciliation, le pardon, sont autant d’actes de liberté qu’on ne saurait imposer.

Toute chair « verra » le salut de Dieu, mais pour « entrer » dans ce salut, il n’y a qu’une porte : le Christ doux et humble.

Lorsque le président allemand, Joachim Gauck vient au Vatican, lui, pasteur protestant, il est frappé par la simplicité de Benoît XVI : aucun « triomphalisme » dit-il.

Voilà pourquoi l’alléluia de ce dimanche chante : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanisez la route : tout homme verra le salut de Dieu ». Il faut du temps pour correspondre à ce don qui est refait à chaque Noël d’un Dieu humble fait petit enfant, à la merci des violents. Le ciel, a dit un jour Benoît XVI, « c’est l’humilité de Dieu ».

« Bof » ou le paradis perdu

Son messager annonce : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies ; et tout homme verra le salut de Dieu ». Mais pas sans que j’y consente ni sans que je prépare la route.

Un jour, des jeunes chrétiens abordent un groupe de jeunes au look plutôt « gothique » : l’un d’eux a de jolis bracelets cloutés, une bague à tête de mort, un t-shirt macabre. Désignant sa bague, un des cathos lui dit : « Tu sais que tu n’es pas fait pour la mort? Tu es fait pour la vie, et même la vie pour toujours, la vie éternelle ». En fuyant du regard le jeune répond : « Bof !». Le catho explique: « Tu sais, un jour tu vas te retrouver devant le Bon Dieu qui va te dire : « Entre, mon enfant bien aimé dans mon paradis ». Et toi, tu vas lui dire : « Bof ! ». Non pas parce que tu l’auras voulu. Mais par habitude. C’est quand même trop bête de rater le paradis pour une mauvaise habitude. Alors balance ta bague et prépare-toi à dire « oui » à ce moment-là ».

On n’entre pas au paradis si on ne le veut pas. « Tout homme verra le salut de Dieu » : mais il ne suffit pas de le voir, il faut y consentir et s’y préparer. Et la porte, pour y entrer, c’est la douceur et l’humilité du Cœur du Christ. Alors, prépare en toi le chemin du Seigneur, dit Jean-Baptiste. Et dans la joie ! Car Dieu vient consoler son peuple.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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