Espagne: pour une Eglise en état de "mission permanente"

La foi n’est pas seulement un héritage culturel (texte intégral)

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Le pape François demande aux évêques espagnols de mettre les Eglises locales « en situation de mission permanente, pour attirer ceux qui se sont éloignés et fortifier la foi, surtout celle des enfants ». Il rappelle que la foi n’est pas un simple « héritage culturel ».

Le pape a en effet reçu ce lundi matin, 3 mars au Vatian, un groupe de dix évêques espagnols à l’occasion de leur visite quinquennale ad limina à Rome (24 février-8 mars).

Le pape insiste sur l’attention des pasteurs pour « l’initiation à la vie chrétienne » en disant: « La foi n’est pas simplement un héritage culturel, mais un cadeau, un don qui naît de la rencontre personnelle avec Jésus et de l’acceptation libre et joyeuse de la nouvelle vie qu’il nous offre. Ceci demande une annonce incessante et une animation constante, pour que le croyant soit cohérent avec sa condition d’enfant de Dieu reçue au baptême. »

Il rappelle que l’année 2015, année du « cinquième centenaire de la naissance de sainte Thérèse de Jésus, première femme docteur de l’Église », Thérèse d’Avila, réformatrice du Carmel (1515-1582) est une occasion propice pour la misison.

Le pape souligne aussi, comme un leitmotiv de son pontificat: « l’amour et le service des pauvres sont le signe du Royaume de Dieu que Jésus est venu apporter. »

A. B.

Discours du pape François

Chers frères,

Je remercie le président de la conférence épiscopale espagnole pour les paroles qu’il m’a adressées en votre nom à tous et qui expriment votre ferme résolution de servir fidèlement le peuple de Dieu qui chemine en Espagne, où la Parole de Dieu s’est enracinée très tôt et a porté des fruits de concorde, de culture et de sainteté. Vous voulez le manifester d’une manière particulière par la célébration, désormais proche, du cinquième centenaire de la naissance de sainte Thérèse de Jésus, première femme docteur de l’Église.

Alors que vous vivez actuellement la dure expérience de l’indifférence de nombreux baptisés et que vous devez faire face à une culture mondaine qui relègue Dieu dans la vie privée et l’exclut de la sphère publique, il est opportun de ne pas oublier votre histoire. Nous apprenons d’elle que la grâce de Dieu ne faiblit jamais et que l’Esprit-Saint continue d’œuvrer généreusement dans la réalité actuelle. Gardons toujours confiance en lui et dans tout ce qu’il sème dans les cœurs de ceux qui sont confiés à notre sollicitude pastorale (cf. exhort. apost. Evangelii gaudium, 68).

Les évêques ont reçu la charge de faire germer ces semences par l’annonce courageuse et vraie de l’Évangile, d’en suivre attentivement la croissance par leur exemple, par l’éducation et par leur proximité et de les harmoniser dans la « vigne du Seigneur » dont personne ne doit être exclu.

C’est pourquoi, chers frères, ne ménagez pas vos efforts pour ouvrir de nouvelles voies à l’Évangile, qui soient capables de rejoindre le cœur de tous, afin que tous découvrent celui qui habite déjà au fond d’eux-mêmes : le Christ, leur ami et leur frère.

Il ne sera pas difficile de trouver ces voies si nous suivons les pas du Seigneur qui « n’est pas venu pour être servi mais pour servir » (Mc 10,45), qui a su respecter humblement les temps de Dieu et, patiemment, le processus de maturation de chacun, sans craindre de faire le premier pas pour aller à sa rencontre. Il nous apprend à écouter chacun, de cœur à cœur, avec tendresse et miséricorde, et à chercher ce qui unit et ce qui sert vraiment à l’édification mutuelle.

Dans cette recherche, il est important que l’évêque ne se sente pas seul, ni qu’il pense l’être, qu’il soit conscient que le troupeau qui lui a été confié est lui aussi sensible aux choses de Dieu : en particulier ses collaborateurs les plus directs, les prêtres, qui sont en contact étroit avec les fidèles, avec leurs besoins et leurs préoccupations quotidiennes. Mais aussi les personnes consacrées, en raison de leur expérience spirituelle riche et de leur dévouement missionnaire et apostolique dans de nombreux secteurs, et les laïcs qui, dans les conditions de vie les plus diverses et selon leurs compétences, font progresser le témoignage et la mission de l’Église (cf. const. conciliaire Lumen gentium, 33).

En même temps, la période actuelle, où les médiations de la foi sont de plus en plus rares et où les difficultés pour la transmettre ne manquent pas, exige de mettre vos Églises en véritable situation  de mission permanente, pour attirer ceux qui se sont éloignés et fortifier la foi, surtout celle des enfants. Dans cette perspective, ne relâchez pas l’attention particulière que vous portez au processus d’initiation à la vie chrétienne. La foi n’est pas simplement un héritage culturel, mais un cadeau, un don qui naît de la rencontre personnelle avec Jésus et de l’acceptation libre et joyeuse de la nouvelle vie qu’il nous offre. Ceci demande une annonce incessante et une animation constante, pour que le croyant soit cohérent avec sa condition d’enfant de Dieu reçue au baptême.

En réveillant et en ravivant une foi sincère, on favorise la préparation au mariage et l’accompagnement des familles, dont la vocation est d’être le lieu où s’apprend la coexistence dans l’amour, la cellule fondamentale de la société où la vie se transmet, l’Église domestique où la foi se forge et se vit. Une famille évangélisée est un agent précieux pour l’évangélisation, surtout parce qu’elle fait rayonner les merveilles que Dieu a réalisées en elle. En outre, étant par nature le cadre de la générosité, elle favorisera la naissance de vocations à suivre le Seigneur dans le sacerdoce ou dans la vie consacrée.

L’année dernière, vous avez publié le document « Vocaciones sacerdotales para el siglo XXI », en montrant ainsi l’intérêt de vos Églises pour la pastorale des vocations. C’est un aspect qu’un évêque doit porter dans son cœur comme une priorité absolue, en s’en souvenant dans sa prière, en insistant sur la sélection des candidats et en préparant des groupes de bons formateurs et de professeurs compétents.

Je voudrais enfin souligner que l’amour et le service des pauvres sont le signe du Royaume de Dieu que Jésus est venu apporter (cf. exhort. apost. Evangelii gaudium, 48). Je sais bien que, ces dernières années, votre Caritas, ainsi que d’autres œuvres de bienfaisance de l’Église, ont fait l’objet d’une grande reconnaissance de la part de croyants et de non-croyants. Je m’en réjouis beaucoup et je demande au Seigneur que ce soit une occasion de s’approcher de la source de la charité, le Christ, qui « a passé en faisant le bien et en guérissant » tous les opprimés (Actes 10,38), et aussi son Église qui est mère et qui ne peut jamais oublier ses enfants les plus démunis. Je vous invite donc à leur exprimer votre estime et à vous faire proches de ceux qui mettent leurs talents et leurs bras au service du « programme du Bon Samaritain, le programme de Jésus » (Benoît XVI, encyclique Deus caritas est, 31b).

Chers frères, qui êtes maintenant rassemblés dans votre visite ad limina pour manifester vos liens de communion avec l’évêque de Rome (cf. Lumen gentium, 22), je désire vous remercier de tout cœur pour votre service auprès du peuple saint et fidèle de Dieu. Avancez dans l’espérance. Prenez la tête du renouveau spirituel et missionnaire de vos Églises particulières, comme frères et pasteurs de vos fidèles, et de ceux qui ne le sont pas ou qui ont oublié qu’ils le sont. Pour cela, une collaboration franche et fraternelle au sein de la conférence épiscopale vous sera d’une grande aide, de même qu’un soutien mutuel et empressé dans la recherche des modes d’acti
on les plus adéquats.

Je vous demande, s’il vous plaît, d’apporter aux enfants bien-aimés de l’Espagne une salutation particulière du pape, qui les confie aux soins maternels de la très sainte Vierge Marie en les suppliant de prier pour lui, et leur accorde à tous sa bénédiction.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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