Espagne : La loi sur l’avortement, « un grave pas en arrière »

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Prise de position du porte-parole des évêques d’Espagne

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ROME, Lundi 1er Mars 2010 (ZENIT.org) – La nouvelle loi sur l’avortement, approuvée mercredi dernier au sénat espagnol, constitue « un grave pas en arrière dans la lutte pour le droit à la vie des enfants à naître » et pourrait favoriser « une hausse du nombre des mères renonçant à leur grossesse », cet état de fait risquant de « porter sérieusement atteinte au bien commun ». 

Tels sont les propos du porte-parole de la Conférence épiscopale espagnole (CEE), Mgr Juan Antonio Martínez Camino, exprimés durant une conférence de presse juste après la dernière réunion de la commission permanente de la CEE.

Dans son intervention l’évêque a aussi parlé des implications de cette mesure dans le domaine éducatif, estimant que le risque d’instrumentalisation est un des aspects les plus inquiétants de cette nouvelle loi qui risque de mettre « l’éducation au service d’une idéologie pro-avortement ». 

Le porte-parole a dit rejeter « tout type d’éducation visant à ternir les consciences sur le droit à la vie », et a évoqué les « tristes perspectives » d’avenir que représente cette loi.

Le texte approuvé, a-t-il rappelé « impose des restrictions à l’objection de conscience des professionnels ». 

Le roi, un cas unique

Après son approbation par le gouvernement, le congrès et le sénat, la loi sur la santé  sexuelle et reproductive et sur l’interruption volontaire de grossesse, doit passer devant le roi qui devra prendre la décision finale. 

En réponse à diverses questions de journalistes sur le sujet, Mgr Martínez Camino a expliqué que « la CEE ne veut pas se prononcer sur la responsabilité et sur l’acte unique qu’exerce le roi en sanctionnant la loi ».

Le porte-parole des évêques espagnols a fait la différence entre la situation de Juan Carlos I et celle des hommes politiques face au vote de la loi. « Sanctionner la loi n’est pas comme la voter », a-t-il affirmé.

« Vu que la position du roi est unique, très différente de celle d’un homme politique qui donne sa voix à cette loi en pouvant ne pas la donner, la CEE ne donnera pas de conseils », a-t-il ajouté.  

Ce n’est pas un droit

Le porte-parole de l’épiscopat espagnol a conseillé de relire le texte intégral de la déclaration du 17 juin dernier, émise par la commission permanente sous le titre : « Sur la mouture du projet de loi sur l’avortement : une atteinte contre la vie des enfants à naître transformée en ‘droit’ ».

Renvoyant à son contenu, l’évêque a qualifié de « triste » et « grave » l’approbation d’« une loi qui transforme l’avortement en un prétendu droit », « une loi qui autorise à tuer ses enfants ». 

Mgr Martínez Camino a souligné « la volonté de l’Eglise de continuer à défendre le droit de vivre des enfants à naître », tout en indiquant que l’Église comprend « les problèmes que la mère enceinte peut rencontrer dans la vie » et qu’elle offre « des alternatives au drame et au crime de l’avortement ».

Réponse civile

Sur la réponse civile à la loi, le porte-parole de la CEE a déclaré que « tout ce qui est fait pour promouvoir la conscience de préserver le droit à la vie des enfants à naître, par voies légitimes, est la bienvenue, quelqu’en soit l’auteur ».

A son avis, il y a toujours plus de sensibilisation sociale pour l’écologie de l’être humain et l’écologie en général. 

Il a aussi rappelé que le 25 mars prochain aura lieu la journée en faveur de la vie, et que les évêques espèrent que celle-ci sera vécue comme « un moment important pour revitaliser cette conscience citoyenne qui exige l’abolition de cette loi au plus tôt ». 

Le pouce tourné vers le bas

En attendant, la fédération espagnole des associations pro-vie a fait part de sa peine pour « les vies à naître qui se voient ainsi privées par la loi de toute leur valeur et de leurs droits », et « pour les femmes enceintes en difficulté ».

Il a aussi adressé des paroles dures aux hommes politiques qui « ont tourné leur pouce vers le bas, au milieu de tant de mensonges et attitudes tyranniques ». 

La présidente de la fédération, Alicia Latorre, affirme que « ce terrible jour, loin de décourager, doit pousser à agir avec plus de force, affection et dévotion vis-à-vis des enfants à naître et de leurs mères, vis-à-vis également de tant de personnes qui ont besoin de panser les plaies d’un avortement ».  

Anticonstitutionnel

Pour sa part, l’Institut de politique familiale (IPF) a qualifié la loi de « régressive et aberrante » et mis en garde contre une augmentation du nombre des avortements en Espagne.

Son président, Eduardo Hertfelder, a dénoncé cette mesure, affirmant que celle-ci est contraire à la constitution espagnole car elle considère l’avortement comme un droit de la femme et impose cette considération dans l’éducation. 

« Selon cette loi je n’ai plus le droit de vivre parce que je suis une personne, parce qu’il y a une autre personne qui me donne ou m’ôte ce droit », a-t-il déclaré.

En plus de cela « ce ne seront plus les parents qui décideront de l’éducation morale qu’ils veulent donner à leurs enfants, mais l’Etat ». 

L’IPF dénoncera mardi, au siège du parlement européen, à Bruxelles, ce que cette loi représentera pour l’Europe. 

Une manifestation contre la loi sur la dépénalisation de l’avortement a par ailleurs été convoquée pour le 7 mars à Madrid par des organisations opposées à l’avortement. Cet appel s’inscrit dans le cadre d’une mobilisation générale en Espagne. 

Patricia Navas 

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ZENIT Staff

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