Entretien: Le P. Rosica a "rencontré" Gianna Berretta Molla (1)

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Film de la première TV catholique canadienne

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CITE DU VATICAN, Mercredi 12 mai 2004 (ZENIT.org) – Premier directeur de la chaîne de télévision catholique du Canada « Salt & Light », depuis juillet 2003 et ancien directeur de la Journée mondiale de la Jeunesse de Toronto, le P. Thomas Rosica, évoque la sainteté de Jeanne (Gianna) Berretta Molla qui sera canonisée dimanche prochain et dont la vie vient d’inspirer un film. Rencontre.

Le P. Rosica a en effet été l’aumônier du Centre Newman de l’université de Toronto entre 1994 et 2000. Il est un ami de la famille de la nouvelle sainte, et en tant que directeur de « Salt & Light », il produit un film documentaire intitulé « L’amour: un choix » (« Love is a Choice ») sur l’itinéraire de cette mère de famille italienne qui sort en cette fin de semaine.

Q: Comment, Père Rosica, une sainte italienne de Milan a-t-elle pu avoir un tel impact sur vous et la télévision nationale catholique du Canada que vous dirigez?

P. Rosica: La première fois que j’ai entendu parler de Gianna Beretta Molla j’étudiais les Ecritures à Jérusalem, vers la fin des années 80 et au début des années 90. A cette époque, j’avais été frappé par cette image d’une jeune mère de famille qui a pris une décision héroïque pour permettre à son enfant de vivre à tout prix. J’ai aussi entendu dire que le mari de cette femme était encore en vie ainsi que leurs enfants. Je me souviens que j’avais pensé, en 1992 déjà, que ç’aurait été magnifique de rencontrer de telles personnes, et d’apprendre quelque chose sur leur itinéraire vers la sainteté en tant que famille? Je n’imaginais pas ce que l’avenir me réservait!

Q: Lorsque vous étiez aumônier de la plus grande université de Toronto, dans les années 1994-2000, vous avez voulu faire connaître les bienheureux et les saints à la communauté universitaire…

P. Rosica: Je suis arrivé au centre Newman juste au moment de la publication de la lettre apostolique de Jean-Paul II sur la venue du Troisième millénaire: Tertio Millennio Adveniente. Ma présence à l’université a ainsi coïncidé avec la préparation du Grand Jubilé, et j’ai considéré ces six ans comme une occasion privilégiée d’évangéliser et de catéchiser, dans ce contexte très sécularisé et « politiquement correct » d’une université publique prestigieuse.
Le passage qui m’a le plus frappé est celui où le Saint-Père dit:  » D’une manière toute spéciale, on devra s’employer à reconnaître l’héroïcité des vertus d’hommes et de femmes qui ont réalisé leur vocation chrétienne dans le mariage: convaincus que les fruits de sainteté ne manquent pas non plus dans cet état, nous sentons le besoin de trouver les moyens les plus adaptés pour les mettre en évidence et les présenter à toute l’Église comme modèles et stimulants pour les autres époux chrétiens » (n. 37).

Q: Pourquoi en particulier aux jeunes?

P. Rosica: A l’université, j’étais profondément frappé par l’absence de réels héros ou héroïnes dans la vie des jeunes. J’ai également réalisé que l’Eglise ne faisait pas un très bon travail pour faire connaître les modèles magnifiques des nouveaux saints et bienheureux aux jeunes d’aujourd’hui. La pastorale des jeunes adultes des paroisses avait un contenu très mince, rarement une référence au pape Jean-Paul II, et très peu ou pas du tout de mention du rôle des saints et des bienheureux comme modèles pour notre temps.
J’ai trouvé que l’invitation de Jean-Paul II nous obligeait et était pleine d’espérance pour répondre aux besoins des jeunes. Plus je parlais des saints et des bienheureux, plus les étudiants s’intéressaient à ces modèles. La réponse que les jeunes donnaient à ceux-ci était touchante alors que certains responsables dans l’Eglise se montraient indifférents et même critiques de ce que nous essayions de faire à l’université par cet enseignement sur les saints et les richesses de notre tradition.
Au même moment, je travaillais aux côtés des évêques auxiliaires Terrence Prendergast, S.J., (maintenant archevêque d’Halifax) et Anthony Meagher (devenu archevêque de Kingston) pour préparer des dossiers sur le Jubilé pour les années préparatoires. A la fin de chaque dossier, nous offrions des exemples de bienheureux et de saints à nos lecteurs. Ce travail a suscité beaucoup d’intérêt non seulement à Toronto mais au loin. Un intérêt également ressenti dans les media à propos des nouveaux saints et bienheureux proclamés par Jean-Paul II.

Q: A Rome, on a entendu parlé du projet des vitraux du Jubilé que vous avez fait faire pour les étudiants, dans cette université d’Etat, de plus de 50.000 étudiants, pour attirer leur attention sur les saints. Comment en avez-vous eu l’idée?

P. Rosica: Nos efforts ont été couronnés et bénis lors de la fête de la Toussaint à l’université de Toronto. Les étudiants ont lancé une collecte de fonds pour les nouveaux vitraux de la belle chapelle de l’université. Au lieu des trois vitraux prévus, la collecte correspondait à 12 vitraux. Les professeurs et les paroissiens et la communauté catholique de l’université sélectionnèrent ensemble les saints et bienheureux destinés à nous entourer dans cette chapelle. Et parmi eux, à l’unanimité, il y avait les bienheureux Pier Giorgio Frassati, Teresa de Calcutta, Jean XXIII, Gianna Beretta Molla, Thérèse Bénédicte de la Croix, chacun ayant quelque chose à dire à une telle communauté universitaire.
C’est à l’occasion de l’inoubliable cérémonie de bénédiction des vitraux, que j’ai pris contact avec les famille Molla et Frassati et le fils et la fille de Gianna Beretta Molla (Pierluigi et Gianna Emanuela) ont pu venir à Toronto pour dévoiler le vitrail de leur mère, ainsi que la nièce de Pier Giorgio Frassati, Wanda Gawronska.
Je n’oublierai jamais l’atmosphère de notre chapelle ce jour-là, en présence de mille personnes venues pour les deux cérémonies: il me restera en mémoire jusqu’à la fin de ma vie.

Q: Vous vous souvenez plus particulièrement de tel ou tel témoignage?

P. Rosica: J’ai reçu beaucoup de messages de membres de la communauté universitaire ensuite pendant des semaines. Un étudiant en licence m’a écrit: « Merci de m’avoir permis de faire ces jours-ci l’expérience du ciel sur la terre et des gestes magnifiques en harmonie avec la Parole de Dieu… Les témoignages de Gianna Emanuela, Pier Luigi et Wanda nous ont vraiment donné le désir de devenir des saints! Je n’étais pas au Mont des béatitudes lorsque Jésus s’est adressé à la foule. Je me suis souvent demandé à quoi pouvait ressembler de telles scènes. Dimanche dernier, je l’ai enfin vu, dans l’église, lors de la messe du matin ».
Un autre professeur m’a écrit: « J’ai encore la gorge nouée depuis l’expérience de dimanche après-midi. Je pensais qu’il serait difficile de faire plus beau que l’image de ces vitraux et que la présence de ces personnes si reconnaissables qui ont vraiment fait la différence au cours de leur vie brève. Et lorsque la fille de la bienheureuse Gianna a parlé dans son bel anglais musical, j’ai ressenti une émotion tout à fait indescriptible. Merci, Tom, de cette vision stratégique de continuer à travailler grâce à ces vitraux. Leur signification et leur impact ressemble un peu à un caillou dans l’eau, les cercles ne cessent de s’élargir ».

(à suivre)

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ZENIT Staff

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