Entretien avec le card. Tarcisio Bertone à la télévision italienne

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Cohésion et sérénité autour de Benoît XVI

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Traduction d’Hélène Ginabat

ROME, jeudi 7 juin 2012 (ZENIT.org) – Ce temps est celui de la cohésion, pour « tous ceux qui veulent vraiment servir l’Eglise » déclare le cardinal Tarcisio Bertone, à propos de l’affaire des fuites de documents, dans un entretien accordé à la première chaîne de télévision publique italienne, Rai Uno, lundi 4 juin 2012 (cf. ZENIT  2012).

Revenant également sur la VIIème Rencontre mondiale des familles à Milan, le Secrétaire d’Etat évoque un temps où s’expriment de « grandes manifestations d’amour » et de fidélité envers le pape.

RAI 1 – Vous venez juste de rentrer de Milan où vous avez accompagné le Saint-Père pour la Rencontre mondiale des familles. Nous avons tous vu, à la télévision, une foule immense, et surtout une formidable affection pour le Saint-Père, qui a dit des paroles qui ont touché tout le monde, même les non-catholiques…

Card. Tarcisio Bertone – C’est vrai. Nous avons tous fait l’expérience de cette extraordinaire manifestation d’amour pour le pape, d’une proximité, d’un soutien de sa personne et de son magistère, de son œuvre aussi ; nous avons fait l’expérience de la joie et de l’enthousiasme qui l’entouraient. J’ai vu énormément de personnes émues, même dans les rues de Milan. Je pense aux rues de Milan le vendredi et le samedi, et donc le week-end, et pas uniquement dans les grands rassemblements du stade ou du parc de Bresso. C’était vraiment partout. Cela a donc été une belle manifestation d’amour pour le pape en ce moment particulier, et un geste d’estime à l’égard de Benoît XVI, qui a été surnommé « le grand entraîneur » de la grande équipe de l’Eglise universelle pour les championnats du troisième millénaire. Il a reçu une « standing ovation » qu’aucun joueur, aucun entraîneur ni aucun acteur de la vie sociale ou artistique n’a jamais eue. Le pape était très content et aussi très ému.

Naturellement on a parlé de la famille, puisque c’était la Rencontre mondiale des familles, et le pape a donné quelques repères. Il a aussi surpris certains lorsqu’il a parlé de la famille en faisant d’elle quasiment un élément utile et indispensable pour surmonter la crise économique qui frappe notre pays comme le reste du monde…

Oui. La famille vue comme une ressource, avant tout une ressource morale. Une famille unie, une famille qui éduque, une famille intègre qui enseigne les vertus fondamentales aux enfants, et cela dès le plus jeune âge, qui enseigne le travail et le respect de l’autre, la solidarité. Et puis une famille qui est une grande ressource pour la société, comme cela a déjà été démontré par les sociologues modernes. Je dirais que le pape a donné des instruments concrets : des instruments de solidarité, de jumelage entre familles, pour soutenir en particulier celles qui sont en difficulté ; des jumelages entre paroisses, entre communautés et entre villes. Il me semble qu’il a indiqué des voies à emprunter concrètement  pour soulager les situations de précarité et pour regarder vers l’avenir.

Il était inévitable que les médias regardent ces trois journées à Milan avec une attention particulière, en raison de la coïncidence avec cette enquête interne au Vatican dont nous avons tous parlé et qui a été une grande épreuve de transparence pour le Vatican…
C’est vrai aussi. Je me souviens justement du samedi soir, lorsque nous sommes rentrés du parc de Bresso, du grand rassemblement en soirée, en direction de la cathédrale de Milan. J’étais avec le cardinal Scola, nous étions côte à côte dans la voiture. Nous avons vu les vitraux de la cathédrale de Milan illuminés et nous avons immédiatement fait la remarque suivante : « C’est cela l’Eglise, une maison lumineuse, malgré tous les défauts des personnes qui sont à l’intérieur ». Mais la transparence est un acte qui engage, un acte de solidarité les uns envers les autres, de confiance. Ce n’est pas un acte de cynisme ou un acte superficiel : il ne suffit pas d’accéder à la connaissance de quelques documents et de publier des documents partiels pour connaître la pleine vérité sur les faits. Il arrive souvent que les clarifications sont le fruit d’un travail de dialogue, de relations personnelles et aussi de conversion du cœur, et non pas simplement une conclusion basée sur des papiers ou sur de la bureaucratie. Les papiers sont importants, mais les relations personnelles le sont bien davantage. Le plus triste, dans ces événements et dans ces faits, c’est la violation de la vie privée du Saint-Père et de ses plus proches collaborateurs. Mais je voudrais dire que ces temps ne sont pas des jours de division mais d’unité, et j’aimerais ajouter que ce sont surtout des jours de force dans la foi, de ferme sérénité également dans les décisions. C’est le moment de la cohésion de tous ceux qui veulent vraiment servir l’Eglise.

Une dernière question, que tout le monde aimerait vous poser. Comment le Saint-Père a-t-il vécu ces événements ? Peut-on penser, comme cela a été écrit, qu’il y a des affirmations gratuites orchestrées pour attaquer l’Eglise et le pape ?

Les attaques orchestrées ont toujours existé, à toutes les époques : en ce qui concerne mon expérience de l’Eglise, je me souviens par exemple de l’époque de Paul VI, qui ne remonte pas très loin. Mais cette fois-ci, les attaques semblent être plus ciblées, parfois même cruelles, visant à diviser, et organisées. Je voudrais souligner le fait que Benoît XVI, comme tout le monde le sait, est un homme doux, de grande foi et de grande prière. Il ne se laisse pas du tout intimider par les attaques, quelles qu’elles soient, ni même par la dureté des préjugés. Ceux qui lui sont proches et qui travaillent à ses côtés sont soutenus par cette grande force morale du pape.

Benoît XVI, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, est un homme qui écoute tout le monde, un homme qui va de l’avant, fidèle à la mission qu’il a reçue du Christ et il est sensible à la grande affection que les gens lui expriment. En ces jours, en particulier, il a senti l’affection inconditionnelle des personnes qui l’entourent, des jeunes et des familles avec leurs enfants, qui applaudissaient le pape de tout leur cœur. Il me semble que ce voyage à Milan a renouvelé ses forces.

Je voudrais aussi souligner une parole qu’il a répétée très souvent, et qu’il a redite au moment de quitter Milan, dans la cour de l’archevêché : c’est le mot « courage ». Il l’a dit aux autres, il l’a dit aux jeunes, à ceux d’entre eux qui désirent former une famille, il l’a dit aux familles en difficulté et aussi aux autorités ; et enfin il le dit à toute l’Eglise. Il dit cette parole parce qu’il en est convaincu intérieurement, c’est sa force, qui lui vient de sa foi et de l’aide de Dieu, et c’est pourquoi il dit à chacun « Courage ! ». Et il l’a dit aussi aux victimes du tremblement de terre. Je le répète : j’aimerais que nous intériorisions cette parole aux côtés du pape, sous sa conduite.

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ZENIT Staff

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