Entretien avec la directrice de la Filmothèque du Vatican

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Claudia Di Giovanni

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ROME, Lundi 9 octobre 2006 (ZENIT.org) – A l’occasion de la visite du pape Benoît XVI à la Filmothèque vaticane, hier, dimanche 8 octobre, Claudia Di Giovanni, directrice de la Filmothèque, a accepté de présenter aux lecteurs de Zenit ces archives uniques au monde où sont conservés d’authentiques chefs-d’œuvre.

Claudia Di Giovanni travaillait à la Filmothèque vaticane depuis 1989 comme assistante de Mgr Enrique Planas qu’elle a remplacé en mai dernier.

Benoît XVI s’est rendu hier au Conseil pontifical pour les Communications sociales, dont dépend la Filmothèque vaticane où il a assisté, dans la salle « cardinal Deskur », à la projection d’un film sur le pape Jean-Paul Ier « Le pape Luciani : le sourire de Dieu », réalisé par la RAI.

Zenit : Vous êtes la première femme à occuper ce poste. Pensez-vous que cette nomination soit le signe d’une ouverture du Vatican à la présence des femmes à des postes de responsabilité ?

C. Di Giovanni : L’élargissement de la présence des femmes à certains postes dans l’Eglise avait déjà commencé sous le pontificat du pape Jean-Paul II, peut-être de façon moins évidente ou moins soulignée par les médias.

Les femmes ont assumé et assument par ailleurs des fonctions de responsabilité au sein de nombreux diocèses, paroisses, congrégations religieuses et mouvements.

Ce phénomène est à présent plus visible non seulement dans l’Eglise mais un peu dans le monde entier, dans des divers domaines.

Le pape Benoît XVI a par ailleurs exprimé et montré à plusieurs reprises son ouverture dans ce sens ; le reste dépend par conséquent des femmes, de leurs capacités individuelles.

Zenit : La Filmothèque vaticane représente-t-elle uniquement des archives historiques ou beaucoup plus que cela ?

C. Di Giovanni : La Filmothèque vaticane représente sans aucun doute des archives historiques importantes, mais son activité ne se limite pas à la conservation de matériel parfois unique.

Elle tente en effet de servir de pont de dialogue avec le monde du cinéma, dans sa dimension de véhicule de valeurs et de culture.

L’écran est en effet une grande fenêtre ouverte sur le monde, capable de rapprocher, à travers le langage universel des images, les hommes de toutes latitudes et pensées, en faisant réfléchir le spectateur, à travers le divertissement, sur des thèmes fondamentaux de notre vie contemporaine.

Les films reflètent également les diverses expressions de la spiritualité et la Filmothèque travaille depuis des années à la recherche sur le cinéma et la religion, en analysant des films réalisés dans le monde entier depuis 1896 jusqu’à aujourd’hui, qui ont affronté les relations de l’homme avec le transcendant.

Zenit : Des réalisateurs du monde entier viennent ici. En quoi cette confrontation avec le monde du cinéma actuel est-elle intéressante pour vous ?

C. Di Giovanni : Cette confrontation est indispensable précisément pour maintenir le dialogue ouvert avec ceux qui travaillent dans le cinéma, pour profiter des grandes opportunités que cet instrument des communications sociales peut offrir pour le développement de la personne et pour la diffusion de valeurs valables à l’échelle universelle.

En collaboration avec « l’Ente dello Spettacolo » et le Conseil pontifical de la Culture, la Filmothèque vaticane organise depuis neuf ans un Congrès d’étude sur le cinéma et la spiritualité, auquel participent d’importants représentants du monde du cinéma et de la culture.

Dans le monde d’aujourd’hui, il est en effet impossible de négliger l’impact du cinéma sur le public, en particulier sur les jeunes, en tant que vecteur de modes et de comportements. Il est par conséquent indispensable d’analyser les contenus proposés, en aidant les spectateurs, y compris les plus petits, à faire une lecture critique, mûre et consciente des films.

Zenit : Quel est le meilleur film conservé à la Filmothèque selon vous ?

C. Di Giovanni : Nos archives renferment des perles historiques sur les souverains pontifes : le film de Léon XIII dans les Jardins du Vatican, réalisé en 1896 sur une pellicule Lumière, l’inauguration de « Radio Vatican » en 1931 avec Pie XI et Marconi, le Conclave et l’élection de Pie XII, le Concile Vatican II.

La liste des films historiques sur l’activité de l’Eglise et des papes pourrait être longue mais la Filmothèque conserve également dans ses archives des films commerciaux ou des réalisations remontant aux origines du cinéma, comme « L’Enfer » un film de 1911 réalisé par Helios Film de Velletri, inspiré de l’œuvre de Dante dans lequel sont utilisés pour la première fois les effets spéciaux selon les critères de notre temps.

On pensait que ce film était perdu mais il a été retrouvé dans nos archives et avec l’aide de l’entreprise pharmaceutique Bayer, il a été restauré et diffusé en DVD dans les écoles.

Dans les archives sont également conservés quelques films d’un grand intérêt anthropologique, réalisés dans les années 50 par des missionnaires qui ont filmé la vie quotidienne et religieuse de populations qui autrement auraient été ignorées.

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ZENIT Staff

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