Encyclique : Développement des peuples, droits et devoirs, environnement

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Chapitre 4 de « Caritas in veritate »

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ROME, Mardi 7 juillet 2009 (ZENIT.org) – « Développement des peuples, droits et devoirs, environnement » (§§ 43-52), est le titre du quatrième chapitre de l’encyclique sociale de Benoît XVI, qui aurait dû marquer, en 2007, l’anniversaire de Populorum Progressio, publiée en 1967.

Mais Benoît XVI souligne que la recherche du « développement des peuples » s’accompagne maintenant de la recherche d’un « développement humain intégral ».

Le pape dénonce une « grave contradiction », sans mâcher ses mots : « On a souvent noté une relation entre la revendication du droit au superflu ou même à la transgression et au vice, dans les sociétés opulentes, et le manque de nourriture, d’eau potable, d’instruction primaire ou de soins sanitaires élémentaires dans certaines régions sous-développées ainsi que dans les périphéries des grandes métropoles ».

Et d’expliquer : « L’exaspération des droits aboutit à l’oubli des devoirs », pour conclure : « Avoir en commun des devoirs réciproques mobilise beaucoup plus que la seule revendication de droits » (§ 43).

L’ouverture à la vie, une richesse

L’encyclique aborde ensuite les « problématiques liées à la croissance démographique », une « limite très importante pour le vrai développement, parce qu’elle concerne les valeurs primordiales de la vie et de la famille ». L’encyclique tord le coup à cette idée répandue que l’augmentation démographique serait ennemie du développement et qui considère la procréation comme un « risque », comme le font les « conceptions » et les « politiques matérialistes ».

Au contraire, « l’ouverture moralement responsable à la vie est une richesse sociale et économique », affirme l’encyclique. Et le danger social et économique vient de la « diminution des naissances, parfois au-dessous du fameux ‘seuil de renouvellement’ ». C’est pourquoi « les États sont appelés à mettre en œuvre des politiques qui promeuvent le caractère central et l’intégrité de la famille » (§ 44).

Besoin d’éthique, pas n’importe laquelle

Benoît XVI affirme la nécessaire alliance entre économie et éthique. « Pour fonctionner correctement, l’économie a besoin de l’éthique », affirme le pape avant de préciser : « une éthique amie de la persone ».

Car, l’abus de l’adjectif éthique implique un « discernement » : « employé de manière générique », il se prête en effet « à désigner des contenus très divers, au point de faire passer sous son couvert des décisions et des choix contraires à la justice et au véritable bien de l’homme ».

L’enseignement social de l’Eglise se fonde, lui, « sur la création de l’homme ‘à l’image de Dieu’ (Gn 1, 27), principe d’où découle la dignité inviolable de la personne humaine, de même que la valeur transcendante des normes morales naturelles », rappelle Benoît XVI (§ 45).

L’encyclique souligne de ce point de vue l’importance pour l’économie de l’existence, à côté d’entreprises « à but lucratif (profit) », d’organisations ‘à but non lucratif (non profit) ». On rejoint ce que le document dit ailleurs du « don » et de la « gratuité » (§ 46).

Surtout, ce que rappelle l’encyclique, c’est, au sein de l’entreprise même, l’importance du caractère central de la persone humaine : « Dans les interventions en faveur du développement, le principe de la centralité de la personne humaine doit être préservé car elle est le sujet qui, le premier, doit prendre en charge la tâche du développement ».

Une autre notion entre en ligne de compte, au niveau international notamment, la « solidarité » : « La coopération internationale a besoin de personnes qui aient en commun le souci du processus de développement économique et humain, par la solidarité de la présence, de l’accompagnement, de la formation et du respect » (§ 47).

Pour une solidarité renouvelée

Mais réfléchir au développement nécessite également de prendre en compte « le rapport de l’homme avec l’environnement naturel ». Le pape rappelle que « la nature est l’expression d’un dessein d’amour et de vérité ». Un terrain qui implique la prise en compte des générations à venir : « les projets en vue d’un développement humain intégral » ne peuvent « ignorer les générations à venir », mais ils doivent « se fonder sur la solidarité et sur la justice intergénérationnelles, en tenant compte de multiples aspects : écologique, juridique, économique, politique, culturel » (§ 48).

Le pape applique ces principes notamment aux politiques énergétiques, dénonçant « l’accaparement des ressources naturelles » des pays pauvres, engendrant « l’exploitation et de fréquents conflits entre nations ou à l’intérieur de celles-ci ». Le pape indique come remède « l’urgente nécessité morale d’une solidarité renouvelée ».

Le pape conclut sur le fait d’une responsabilité « globale » qui concerne « toute la création » et appelle à « renforcer l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le reflet de l’amour créateur de Dieu » (§ 50).

Pour une écologie humaine

Toujours en ce qui concerne le respect de la création, Benoît XVI souligne l’interaction qui est en jeu : « La façon dont l’homme traite l’environnement influence les modalités avec lesquelles il se traite lui-même et réciproquement ». Et de préciser : « Toute atteinte à la solidarité et à l’amitié civique provoque des dommages à l’environnement, de même que la détérioration de l’environnement, à son tour, provoque l’insatisfaction dans les relations sociales » (§ 51).

Mais, souligne l’encyclique, l’homme lui-même est en danger, il faut donc promouvoir une « écologie humaine » dans la société, et « l’écologie proprement dite » en tirera « avantage ».

La « route qui conduit » au vrai développement et au bonheur passe donc par l’affirmation de principes que l’homme ne peut pas inventer : l’amour et la vérité. « La vérité et l’amour que celle-ci fait entrevoir ne peuvent être fabriqués. Ils peuvent seulement être accueillis. Leur source ultime n’est pas, ni ne peut être, l’homme, mais Dieu, c’est-à-dire Celui qui est Vérité et Amour. Ce principe est très important pour la société et pour le développement, dans la mesure où ni l’une ni l’autre ne peuvent être produits seulement par l’homme » (§ 52).

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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