"Encore une fois, on répand le sang d’un témoin de l’Evangile"

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Assassinat du P. Gérard Nzeyimana, au Burundi

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CITE DU VATICAN, Mercredi 20 octobre 2004 (ZENIT.org) – L’Osservatore Romano en italien de ce 20 octobre annonce à la Une l’assassinat du P. Gérard Nzeyimana, au Burundi.

« Encore une fois, on répand le sang d’un témoin de l’Evangile », titre le quotidien de la Cité du Vatican.

P. Gérard Nzeyimana était vicaire épiscopal du diocèse de Bururi (cf. ZF041019). L’Osservatore Romano souligne que le prêtre était apprécié pour son engagement en faveur des jeunes et qu’il avait à plusieurs reprises dénoncé les violences contre les civils.

« Une action ciblée », titre pour sa part l’agence missionnaire italienne Misna.

« Ce meurtre a été ciblé » a en effet déclaré à l’agence Misna l’évêque de Muyinga, au Burundi, Mgr Joaquim Ntaondereye au sujet de l’agression meurtrière subie lundi soir par le P. Gérard Nzeyimana, 65 ans, près de Nyanza-lac, dans le sud du Burundi.

L’avis de l’évêque est partagé par plusieurs autres sources religieuses contactées par Misna dans le pays des Grands Lacs, qui ne croient pas au simple braquage ayant mal tourné.

« Père Nzeyimana était une personne franche et directe, il a toujours parlé très clairement quand il s’agissait de défendre les gens ou les enfants victimes de la violence répandue dans le pays depuis plus de 10 ans » a expliqué une source religieuse désireuse de conserver l’anonymat.

« Bien des gens considéraient que ses propos étaient dérangeants » souligne une autre source contactée au Burundi.

Selon la reconstitution des faits basée sur des témoignages recueillis par Misna, lundi entre 17h et 18h, des hommes armés ont arrêté la voiture du P. Nzeyimana, qui revenait de Bujumbura.

Après avoir forcé les occupants du véhicule – trois religieuses et une jeune fille – à descendre, il les ont braqués et leur ont volé leur argent. Les agresseurs ont laissé partir les quatre femmes, puis ils ont tué le prêtre d’une balle dans la tête.

« Nous ne savons pas qui sont les auteurs de cette action » a déclaré Mgr Ntaondereye, « mais nous savons qu’il y a de nombreux groupes armés, des bandits, qui arpentent la zone. Il se pourrait donc que Père Nzeyimana ait été tué par des bandits. Mais il n’est pas exclu qu’ils aient agi pour le compte de quelqu’un d’autre ».

La mort de Père Nzeyimana a ravivé dans les mémoires le souvenir du meurtre du nonce apostolique Mgr Michael Courtney, tué le 29 décembre 2003.

« Je ne pense pas que l’Eglise au Burundi soit menacée » a poursuivi le prélat, « mais il est de fait que certains individus de l’Eglise sont ciblés ».

Les funérailles du Père Nzeyimana ont eu lieu mercredi matin à sa paroisse, celle de Makamba, dans le diocèse de Bururi, en présence de représentants de l’Eglise venus de tout le pays.

Le gouverneur de la province de Makamba a fait savoir qu’une enquête était en cours pour déterminer les auteurs et les motifs du crime, qu’il a lui-même qualifié d' »exécution de sang froid ».

Cet épisode de violence au contour encore obscur s’est produit dans un pays où la guerre a fait plus de 300.000 victimes depuis 1993, souligne Misna. Le processus de paix évolue lentement, avec des signaux contrastés – comme la nouvelle Constitution, à soumettre à référendum – et le renvoi de six mois des élections, les premières après 11 années de conflit.

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ZENIT Staff

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