En Afrique, Benoît XVI dénonce les « intérêts des grandes puissances »

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Et « les abus coloniaux qui continuent »

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ROME, Jeudi 9 mars 2006 (ZENIT.org) – « Le continent africain, la grande espérance de l’Eglise », a souligné Benoît XVI lors de sa rencontre du 2 mars dernier, avec le clergé de Rome, pendant laquelle, il a répondu à différentes questions des prêtres de son diocèse (cf. Zenit 2 et 7 mars). Mais il n’a pas hésité à dénoncer les « abus coloniaux qui continuent » en Afrique et les conflits dus aux « intérêts des grandes puissances ».

A l’occasion d’une question sur les martyrs de l’Ouganda, le pape développait sa pensée sur la situation du continent et de l’Eglise en Afrique.

Des Nations pas encore formées
« J’ai reçu, ces derniers mois, disait le pape, une grande partie des évêques africains en visite ‘ad limina’. Et pour moi cela a été très édifiant, et aussi réconfortant, de voir des évêques de haut niveau théologique et culturel, des évêques pleins de zèle, qui sont réellement animés de la joie de la foi. Nous savons que cette Eglise est en de bonnes mains, mais que malgré tout elle souffre parce que les Nations ne se sont pas encore formées. En Europe, c’est justement par le christianisme que, au-delà des ethnies qui existaient, se sont formés les grands corps des Nations, les grandes langues, et ainsi les communions de cultures et des espaces de paix, bien que ces espaces de paix se soient ensuite opposés et qu’ils aient créé aussi une nouvelle espèce de guerre qui n’existait pas auparavant ».

Les abus coloniaux qui continuent
« En Afrique, reprenait le pape, nous avons encore dans de nombreuses régions cette situation où l’on trouve surtout des ethnies dominantes. Le pouvoir colonial a ensuite imposé des frontières dans lesquelles maintenant les Nations doivent se former. Mais il y a encore cette difficulté de se retrouver en un grand ensemble et de trouver – au-delà des ethnies – l’unité du gouvernement démocratique et aussi la possibilité de s’opposer aux abus coloniaux qui continuent ».

« Encore, et toujours de la part des grandes puissances, l’Afrique continue à être objet d’abus et de nombreux conflits n’auraient pas assumé cette forme si, derrière, ne se trouvaient pas les intérêts des grandes puissances ».

« Ainsi, poursuivait le pape, j’ai aussi vu comment l’Eglise, dans toute cette confusion, avec son unité catholique, est le grand facteur qui unit dans la dispersion. Dans de nombreuses situations, maintenant, surtout après la grande guerre en République démocratique du Congo, l’Eglise est restée l’unique réalité qui fonctionne, et qui fait continuer la vie, donne l’assistance nécessaire, garantit la coexistence, et aide à trouver la possibilité de réaliser un grand ensemble. Dans ce sens et dans ces situations, l’Eglise rend aussi un service qui se substitue au niveau politique, en donnant la possibilité de vivre ensemble, et de reconstruire, après les destructions, la communion, et de reconstruire, après l’explosion de la haine, l’esprit de réconciliation ».

Le pape confiait: « Beaucoup m’ont dit que dans ces situations, le Sacrement de la Pénitence est d’une grande importance, comme force de réconciliation et il doit être administré aussi dans ce sens ».

Des destructions que nous y avons apporté
« Je voulais, par mes paroles, dire que l’Afrique est un continent de grande espérance, de grande foi, de réalités ecclésiales émouvantes, de prêtres et d’évêques zélés. Mais c’est toujours un continent qui a besoin – après les destructions que nous y avons apportées depuis l’Europe – de notre aide fraternelle ».

« Et cela ne peut pas ne pas naître de la foi, qui crée aussi la charité universelle au-delà des divisions humaines. Telle est notre grande responsabilité, en ce moment. L’Europe a importé ses idéologies, ses intérêts, mais a aussi importé avec la mission, le facteur de guérison. Nous avons aujourd’hui encore davantage la responsabilité d’avoir nous aussi une foi pleine de zèle, qui se communique, qui veut aider les autres, qui est consciente que donner la foi n’est pas introduire une force d’aliénation mais que c’est donner le vrai don dont a besoin l’homme justement pour être aussi une créature de l’amour ».

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ZENIT Staff

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