Emigration des chrétiens du Mali

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Témoignages recueillis par l’AED

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« Les islamistes n’attendent que le retrait des troupes françaises pour envahir à nouveau le nord du pays », affirment deux prêtres résidant au Mali.

Frère Wilfried Langer, missionnaire des Pères Blancs, et le père Germain Arama, économe du diocèse de Mopti, de passage dans les bureaux de l’association internationale Aide à l’Eglise en Détresse (AED), à Königstein en Allemagne, rapportent qu’il n’y a déjà plus du tout de chrétiens dans l’est et le nord du pays. 

« Les quelques chrétiens qui habitaient la région  – les chrétiens du pays représentent environ 2% d’une population de 16 millions d’habitants – sont partis, et aujourd’hui les armées françaises et maliennes ne permettent pas le retour des prêtres, religieux et religieuses dans les missions de ces territoires », affirment-ils.

En janvier dernier, l’AED avait répondu à l’appel pressant de l’évêque du diocèse de Mopti, Mgr Georges Fonghoro, en lui envoyant 40.000 euro d’aide qui ont permis de subvenir aux besoins de quelque 326 familles et personnes déplacées à l’intérieur du pays.

« Le contrôle français dans des villes critiques comme Kidal, Gao et Tombouctou est fondamental, explique frère Wilfried, qui a quitté le Mali l’année dernière après plus de 30 ans de vie là-bas. Aujourd’hui le missionnaire ne peut pas repartir, l’armée et le gouvernement l’en empêchant par peur d’enlèvements  dont le but est d’obtenir une rançon : la principale source de revenu des fondamentalistes ».

« Pour libérer les otages, les extrémistes arrivent à demander plusieurs millions d’euro », précise-t-il.

Lorsqu’il était au Mali,  surtout à Mopti les dernières années, le missionnaire allemand travaillait dans beaucoup de paroisses et missions et contribuait à la construction de nombreuses églises dans divers diocèses.

Aujourd’hui, la situation dans le nord du pays est « confuse et de perdition », qui se caractérise par un calme apparent lié à la seule présence française,  a raconté le missionnaire à l’AED, « les islamistes se sont repliés de l’autre côté de la frontière, en Algérie , Lybie et Mauritanie. Mais dès que Paris aura retiré ses troupes, ils reviendront ».

Au lendemain du coup d’Etat de mars 2012 et après l’invasion du nord malien par les forces islamistes, un grand nombre de maliens sont partis se réfugier dans le sud du pays. Le diocèse de Mopti a accueilli des milliers de personnes déplacées, mais le peu de moyens mis à disposition ne permettait pas de s’occuper d’eux comme il leur faudrait: « Les conditions de vie de ces personnes sont terribles et nous devons agir immédiatement », avait écrit en janvier dernier Mgr Georges Fonghoro, en demandant de l’aide à l’AED et racontant le drame de tant d’enfants souffrant d’une grave malnutrition.

« L’aide extraordinaire que vous nous avez fournie nous a permis d’aider tant de familles et de donner, spécialement aux plus petits, des soins médicaux, des médicaments, de la nourriture et des couvertures », a souligné de son côté l’économe de Mopti, durant sa visite à la Fondation.

Traduction d’Océane Le Gall

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ZENIT Staff

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