Eluana Englaro s’est éteinte ce lundi 9 février, à 20 h 10

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Chercher les voies les plus efficaces pour servir la vie

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ROME, Mardi 10 février 2009 (ZENIT.org) – Eluana Englaro s’est éteinte ce lundi 9 février, à 20 h 10. La nouvelle, comme un coup de théâtre, a immédiatement bouleversé le Journal télévisé de 20 h sur Rai Uno.

« Que le Seigneur l’accueille et pardonne à ceux qui l’ont conduit là », a déclaré à l’agence Ansa le cardinal Javier Lozano Barragan, président du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé. Première réaction « vaticane » citée par les télévisions.

La mort d’Eluana Englaro n’est pas le « dernier mot », a affirmé pour sa part le P. Lombardi qui invite à continuer de chercher comment servir la vie efficacement.

Dans le coma depuis un accident de la route survenu le 18 janvier 1992, alors qu’elle était âgée de 20 ans, la jeune femme avait été transférée dans une « maison de repos » « La Quiete », à Udine, dans le Nord de l’Italie, mardi dernier, 2 février, dans le dessein de supprimer l’alimentation et l’hydratation qui la maintenaient en vie. Une décision de justice avait donné raison à son père Beppe Englaro qui ne supportait plus de voir sa fille dans cet état végétatif persistant.

Le P. Federico Lombardi, sj, directeur de la salle de presse du Saint-Siège a évoqué la jeune femme ce soir au micro de Radio Vatican comme « une personne que nous avons aimée et qui au cours de ces derniers mois a fait partie de notre vie ».

« Maintenant qu’Eluana est en paix, nous espérons que son histoire, après tant de discussions, soit pour tous un motif de réflexion apaisée et de recherche responsable des voies les meilleures pour accompagner, en respectant dûment le droit à la vie, dans l’amour et dans les soins attentifs pour les personnes les plus faibles ».

Le P. Lombardi a cité les paroles de Benoît XVI, qui mentionnait, lors de l’angélus de dimanche dernier, à l’occasion de la prochaine Journée mondiale du Malade, les malades « qui ne peuvent en aucune façon pourvoir à eux-mêmes, mais sont totalement dépendants des soins d’autrui ».

« La mort d’Eluana ne peut pas ne pas nous laisser une ombre de tristesse du fait des circonstances dans lesquelles elle est survenue », a fait remarquer le P. Lombardi.

« Mais, a-t-il ajouté, la mort physique n’est jamais, pour le chrétien, le dernier mot. Aussi continuerons-nous, et aussi au nom d’Eluana, à chercher les voies les plus efficaces pour servir la vie ».

Les évêques italiens avaient demandé de façon répétée que l’on maintienne l’alimentation et l’hydratation de la jeune femme. La conférence épiscopale italienne exprime sa « grande douleur » et dit espérer que cette mort unisse « ceux qui croient en la dignité de la personne et à la valeur inviolable de la vie, surtout lorsqu’elle est sans défense ».

Ils appellent les personnes qui se sont mobilisées à ne pas perdre leur « passion pour la vie humaine de sa conception à sa mort naturelle ».

Jusqu’à mardi dernier, Eluana Englaro était confiée aux sœurs « Misericordines » de Lecco, avec pour seuls soins les soins d’hygiène, l’alimentation et hydratation assistées par une sonde bucco-gastrique non permanente : elle pouvait déglutir. Elle avait un rythme de sommeil et de veille, et aucun symptôme de souffrance, et par conséquent on ne lui administrait aucun médicament. Sa respiration était naturelle.

L’alimentation et l’hydratation avaient été totalement supprimées il y a trois jours. La mort de la jeune femme, sous sédatifs pour éviter les souffrances dues à la faim et à la soif, est survenue alors que le sénat italien examinait en urgence un projet de loi sur la fin de vie interdisant aux médecins et à toute personne de supprimer l’alimentation et l’hydratation d’un patient incapable de s’alimenter lui-même.

Le sénat a observé une minute de silence qui a été suivie en direct au journal télévisé de 20 h de la RAI. Un journal télévisé qui s’était ouvert sur l’annonce d’un « état stationnaire » de la jeune femme et s’est achevé par ce commentaire de la journaliste : « une personne que nous avons aimée ».

Cependant, le corps de la jeune femme sera soumis à une autopsie pour préciser les causes de la mort.

Le président de la République, M. Giorgio Napolitano, avait refusé, vendredi, de signer un décret présenté par l’Exécutif, ce qui aurait permis de ne pas passer devant le Parlement. Le Parti Radical italien, pro-euthanasie, avait pour sa part décidé de ralentir le processus au Parlement en présentant plus d’un millier d’amendements.

Certains observateurs estiment que la mort de la jeune femme pourrait être l’occasion de stimuler les législateurs à adopter rapidement une loi sur la fin de vie qui protègerait dorénavant les personnes qui, en Italie, se trouvent dans un coma persistant : plus de deux mille selon les chiffres du ministère italien de la santé.

Sur quelque 20.000 personnes qui entrent dans le coma du fait d’accidents de la route, d’accidents du travail, d’arrêts cardiaques, etc., plus d’un tiers en sortent sans séquelles permanentes. Et 50 % des autres personnes qui se « réveillent » portent ensuite un handicap.

Pour plus de 500 patients, le coma évolue vers un état végétatif – qui n’est pas le coma ni la mort cérébrale – plus ou moins long, parfois persistant. C’était le cas d’Eluana Englaro.

En Italie, les centres dédiés aux patients en état végétatif persistant sont une quarantaine, soit 300 lits.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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