Eluana Englaro condamnée à mourir de faim et de soif

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Indignation et désarroi en Italie

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ROME, Vendredi 14 novembre 2008 (ZENIT.org) – La sentence prononcée par la Cour de Cassation sur le cas d’Eluana Englaro, une jeune italienne plongée dans le coma depuis 16 ans, a été rendue publique jeudi après-midi, provoquant une immense émotion en Italie.

Cette décision est « un fait gravissime sur le plan éthique et moral car on envoie une jeune fille à la mort », a déclaré sur Radio Vatican le président de l’Académie pontificale pour la vie, Mgr Rino Fisichella. Il a immédiatement souhaité une loi qui empêche « toute euthanasie active ou passive ».

Autre réaction à la sentence, celle de l’association italienne Scienza & Vita qui a fait part de son indignation, affirmant qu’« il s’agit d’une véritable condamnation à mort en pleine ère républicaine ».

« La décision de la Cour Suprême, précise l’association, autorise de fait la suspension de l’hydratation et de l’alimentation, qui restent selon nous, et pour une très grande partie de l’opinion publique italienne, de simples soutiens vitaux et non des thérapies ».

Pour Scienza & Vita, cette décision est la manifestation « d’une interprétation réductrice de la vie, jugée non digne d’être vécue ». Mais surtout elle véhicule l’idée que « la vie humaine est une chose dont on peut disposer. Autrement dit que chacun de nous peut exercer son droit de mourir, ce droit s’accompagnant automatiquement du devoir de tuer (puisque quelqu’un devra forcément exécuter la sentence) ».

« Un droit de mourir qui n’est pas mentionné dans la Constitution et qui défie le critère humaniste favor vitae duquel elle s’inspire », commente encore l’association italienne dans son communiqué.

Même indignation et même désarroi pour le Movimento per la vita. Son président Carlo Casini, estime que la décision de la Cour suprême « met en danger les milliers d’autres personnes comme Eluana, pourtant entourées avec beaucoup d’amour ; les milliers et milliers de vies de personnes gravement handicapées qui dépendent de la société tout entière et de ses capacités d’accueil ».

En définitive, cette décision « nous met tous en danger dès l’instant où nous vivons en marge de la société et que nous sommes jugés inutiles », a-t-il estimé.

Concernant d’éventuelles mesures pouvant empêcher une atroce condamnation à mort, le président Casini a fait savoir qu’ « un recours est encore possible à la Cour européenne des droits de l’homme, mais que ce recours n’a aucun effet suspensif ».

« Aussi est-il nécessaire, a-t-il conclu, de nous mobiliser immédiatement et efficacement pour que soit approuvée une loi qui, en restituant tout sa vérité à l’article 32 de la Constitution, puisse éviter que ne se répètent d’autres épisodes tragiques d’abandon à l’encontre de personnes en état de grave handicap comme Eluana ».

Dans la soirée, l’association italienne Medicina & Persona a elle aussi réagi à la sentence de la Cour de cassation, parlant du « premier cas de meurtre légal en Italie ».

« A partir de maintenant, dans notre pays on pourra tuer, quand on voudra, malades stationnaires, chroniques, incurables : des patients en état végétatif, des patients en fin de vie, des personnes âgées qui ne servent plus à la société », déplore l’association qui met en garde contre les très graves conséquences d’une telle décision.

D’où la question cruciale : « Est-ce la société que nous voulions, celle dans laquelle nous voulons vivre ? » Selon l’association, les juges ont « délégitimé la Constitution italienne » et « agi contre le Code civil et contre le code pénal ».

Elle dénonce la logique sous-entendue qui consiste, à l’instar de celle « adoptée durant la seconde guerre mondiale », rappelle-t-elle, à « éliminer les plus faibles et les sans défense ».

L’association relève que « désormais certains juges contournent les lois, même celles qui existent déjà, créent une nouvelle ère qui est celle de l’éthique du plus fort contre le plus faible, en se servant du droit ».

« Quelle Italie bien triste avons-nous devant nous » a commenté pour sa part le président italien du Renouvellement dans l’Esprit-Saint (RnS). Cette Italie « toujours plus coupable, qui tend à inoculer une culture de la mort, incapable d’affirmer démocratiquement le droit à la vie », a souligné Salvatore Martinez.

La suppression des faibles ne peut être assimilée à un acte de solidarité, tout comme ne peut être considéré un acte de justice le fait de vouloir éliminer les raisons plus profondes de notre vivre ensemble, à commencer par le partage des angoisses et des souffrances qui font de nous des personnes vraiment dignes d’être au monde », a-t-il conclu.

Antonio Gaspari – Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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