Elections en Egypte : les évêques mitigés

Sondage de l’Aide à l’Eglise en détresse

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Traduction d’Hélène Ginabat

ROME, mardi 3 juin 2012 – « Pour renaître, l’Egypte a besoin des idées, de l’expérience et de la force de tous ses enfants », écrit le porte-parole du patriarche copte d’Alexandrie. En effet, malgré les efforts du nouveau président pour rassurer les chrétiens, l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans dans ce grand pays d’Afrique inquiète une partie des citoyens.

L’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) a recueilli les réactions de plusieurs évêques égyptiens.

« Nous prions le Seigneur de vous aider à faire de l’Egypte un état civil démocratique moderne, capable de respecter  les droits et les libertés de tous et de garantir la sécurité, la paix et la justice sociale ». Ce sont les paroles écrites à Mohammed Morsi par Mgr Kyrillos William, administrateur de l’Eglise copte catholique. Au nom de sa communauté et du patriarche Antonios Naguib – récemment atteint d’une attaque (ictus) – l’ancien évêque de Assiout se félicite que le président nouvellement élu ait « gagné la foi des Egyptiens ».

Dans une lettre, adressée à L’Aide à l’Eglise en détresse par le patriarcat d’Alexandrie, Mgr William fait particulièrement l’éloge du premier discours adressé à la nation, dans lequel le représentant des Frères musulmans a promis qu’il serait « le président de tous » et a exprimé sa volonté de promouvoir les intérêts de toute la société égyptienne, en collaborant avec les responsables de chaque groupe. « Les citoyens doivent oublier leurs différences, écrit l’évêque égyptien au nouveau chef d’Etat. Pour renaître, l’Egypte a besoin des idées, de l’expérience et de la force de tous ses enfants ».

L’évêque de Luxor, Mgr Joannes Zakaria, est d’un optimisme plus prudent. « Nous espérons que le président tiendra les promesses qu’il a faites lors de son discours inaugural », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à L’Aide à l’Eglise en détresse. Devant les caméras de la télévision d’Etat, M. Morsi s’est efforcé de renforcer l’unité nationale et de garantir l’égalité des citoyens quel que soit leur credo : « L’Egypte est à tous, a dit le premier président égyptien élu démocratiquement, et nous avons tous les mêmes droits ».

Bien que l’Eglise n’ait donné aucune indication sur le candidat à choisir au second tour des présidentielles, la majorité des chrétiens ont préféré voter pour le général Ahmed Shafiq, ex ministre de l’aviation civile du président Moubarak et premier ministre pendant les journées de révolte. Les fidèles craignent qu’une fois au pouvoir les Frères musulmans puissent introduire la loi coranique comme base du droit.

Le nouveau chef d’Etat a cherché à chasser les peurs en soutenant que musulmans et chrétiens sont tous « les défenseurs de la civilisation et de la construction de l’Egypte ». Mais ni ces affirmations ni la voix d’un vice-probable président copte ne rassurent totalement les chrétiens. « Déjà dans le passé la confrérie n’a pas su tenir ses promesses, fait remarquer Mgr Zakaria, mais jusqu’ici ils n’avaient jamais été au pouvoir et ils pouvaient dire ce qu’ils voulaient. Maintenant, c’est différent ».

Avant le ballotage, une autre voix de l’épiscopat a exprimé à L’AED ses doutes sur la crédibilité des garanties offertes par l’organisation fondée par al-Hasan al-Banna ; il s’agit de Mgr Antonios Aziz Mina, évêque de Giza : « Un jour ils affirment une chose et le lendemain une autre, déclare-t-il ; c’est cela le problème des Frères musulmans », toujours selon l’Aide à l’Eglise en détresse.

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ZENIT Staff

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