Briefing on the Synod of Bishops on the Family

ZENIT - Rocio Lancho Garcia

Elargir l’horizon du synode

Print Friendly, PDF & Email

Intervention du pape François

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

L’horizon du synode est plus large que la seule question de la communion des divorcés-remariés : le pape François a tenu à ouvrir l’horizon des Pères du synode.

Le pape est, exceptionnellement, intervenu au synode des évêques ce mardi matin, 6 octobre, lors de la troisième assemblée générale en salle, dernière séance sur la première partie de l’Instrument de travail consacrée à « l’écoute des défis sur la famille ».

La doctrine, intacte

La matinée de mardi a été marquée par deux interventions, du cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode, sur les nouvelles modalités du travail synodal, et du pape François.

Le pape a recommandé de ne pas « donner l’impression que le seul problème du synode soit celui de la communion aux divorcés » et il a invité à « ne pas réduire l’horizon du synode ».

Il a souligné que le synode de 2015 s’inscrit dans le sillage de celui de 2014. Et que les trois textes officiels du synode passé sont ses deux interventions avant et après le synode, et le rapport final qui a servi à rédiger l’Instrument de travail qui a aussi intégré les contributions parvenues ensuite du monde entier. Un Instrument de travail approuvé par le Conseil du synode qui s’est réuni en présence du pape. Et il sert de base aux débats, en salle et en groupes.

Le pape François a redit – après ses catéchèses et l’homélie de dimanche, 4 octobre, sur l’indissolubilité du mariage (le terme revient deux fois) – que la « doctrine catholique » sur le mariage « n’a pas été touchée », rapportent le P. Federico Lombardi et L’Osservatore Romano.

Des situations dramatiques

Pour ce qui est des interventions, elles peuvent être classées en deux catégories, a précisé la porte-parole francophone, Romilda Ferrauto, lors du point-presse quotidien : les questions de fond – philosophie, objectifs – et les questions concernant des situations précises.
Pour ce qui est des questions de fond, les interventions ont principalement porté, d’un côté sur la défense de la doctrine et de l’autre sur les changements profonds de la société à laquelle il faut « parler » pour ne pas se « fermer ». Certaines interventions ont exprimé la peur que « l’exercice de la miséricorde » ne revienne à épouser une « mentalité mondaine ».

Pour ce qui est des tableaux « dramatiques » de situations locales, les Pères ont évoqué aussi bien les injustices sociales frappant les familles, les mariages mixtes, le drame des femmes stériles rejetées, des mutilations génitales, etc.

Les francophones se sont demandé, notamment, comment accompagner les couples au sacrement du mariage – par un catéchuménat –, avant et après le mariage.

Un tel a recommandé d’être vigilant pour éviter les « polarisations » dans les débats, car la vérité est « incarnée » et l’Eglise est là non pour « condamner » mais « sauver ».

Telle autre intervention a dénoncé une « nouvelle éthique mondiale » face à laquelle les familles sont en quelque sorte « déboussolées », ce qui nécessite l’organisation de sessions pour approfondir le mariage et la vie de couple. C’est ce que font déjà notamment certains groupes d’Action catholique, des mouvements.

Il a aussi été diagnostiqué que la « crise du mariage » est un symptôme de la « crise de la foi ».

Une autre intervention a rappellé que la défense des valeurs de la famille implique l’écoute de la Parole de Dieu, de se laisser « transformer » par elle, et de « trouver bon ce que Dieu trouve bon ».

Les violences sur la femme

Une intervention a abordé le rôle de la femme, rappelant que selon les chiffres de l’OMS, les deux tiers des femmes sont victimes de violences conjugales, demandant au synode de rappeler que jamais les paroles de saint Paul, par exemple, ne justifient la « domination de l’homme sur la femme », encore moins la violence.

Des interventions du Moyen-Orient ont réclamé une pastorale des familles migrantes dans les diocèses latins et qui font face à la précarité.

Pour sa part, Mgr Paul-André Durocher, évêque de Gatineau (Québec, Canada), qui a participé au point de presse, a souligné, devant la « distance grandissante » entre la société et ce que l’Eglise enseigne, l’importance pour les Pères du synode de ne pas céder à la « peur » qui engendre des « ghettos », lesquels font perdre le contact avec la société.
Pour le synode, la famille est une « bonne nouvelle » pour la société avec laquelle il faut donc « entrer en dialogue », avec un « regard aimant ».

Des interventions ont également souligné, a-t-il expliqué, l’importance d’adopter un « langage » qui rejoigne la culture actuelle, à l’instar du travail « d’inculturation » de la foi dans le monde grec effectué par saint Paul.

Non à la rigidité du cœur

Enfin, l’intervention du pape François a été mise en lien par des observateurs à Rome, avec son homélie à Sainte-Marthe sur la miséricorde, ce même mardi matin.

Dans son homélie, le pape déclare en quelque sorte « non » à la « rigidité », comme cette rigidité à laquelle, dit-il, Jésus s’est heurté à l’occasion de la tentative de lapidation de la femme adultère : le pape dit « non » à « la dureté de cœur qui ne laisse pas entrer la miséricorde de Dieu ».

Il n’avait pas dit autre chose dans son homélie de dimanche, en invitant l’Eglise à vivre sa mission dans la fidélité, la vérité et la charité.
La « fidélité au Maître », « comme une voix qui crie dans le désert, pour défendre l’amour fidèle, et encourager les très nombreuses familles qui vivent leur mariage comme un espace où se manifeste l’amour divin ; pour défendre la sacralité de la vie, de toute vie ; pour défendre l’unité et l’indissolubilité du lien conjugal comme signe de la grâce de Dieu et de la capacité de l’homme d’aimer sérieusement ».

Dans la « vérité » – en citant Caritas in veritate –, une vérité « qui ne change pas selon les modes passagères et les opinions dominantes. La vérité qui protège l’homme et l’humanité des tentations de l’autoréférentialité et de la  transformation de l’amour fécond en égoïsme stérile, l’union fidèle en liens passagers. « Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme. L’amour devient une coque vide susceptible d’être arbitrairement rempli. C’est le risque mortifère qu’affronte l’amour dans une culture sans vérité » (Benoît XVI, Enc. Caritas in veritate, n. 3) ».

Et dans la « charité », « qui ne pointe pas du doigt pour juger les autres, mais – fidèle à sa nature de mère – se sent le devoir de chercher et de soigner les couples blessés avec l’huile de l’accueil et de la miséricorde ; d’être « hôpital de campagne » aux portes ouvertes pour accueillir quiconque frappe pour demander aide et soutien ; de sortir de son propre enclos vers les autres avec un amour vrai, pour marcher avec l’humanité blessée, pour l’inclure et la conduire à la source du salut ».

Voilà l’espace à l’intérieur duquel les Pères du synode devront faire des propositions pastorales.

Programme des jours qui viennent

Le travail du synode en groupes linguistiques a commencé ce mardi après-midi, avec l’élection des modérateurs des groupes et des rapporteurs.

Les assemblées générales reprendront vendredi matin, 9 octobre, avec les interventions sur la seconde partie de l’Instrument de
travail.

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel