Egypte: des "défis décisifs" attendent le patriarche copte catholique

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Décryptage de l’évêque d’Assiout pour l’Aide à l’Eglise en détresse

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« Prudence, sagesse et courage »: tels sont, pour l’évêque d’Assiout, Mgr Kyrillos William Samaan, les qualités qui seront les plus nécessaires au nouveau patriarche copte catholique, élu le 15 janvier dernier. L’Eglise est spécialement préoccupée par la condition des femmes.

L’évêque d’Assiout est administrateur patriarcal des coptes catholiques depuis février dernier, en raison des graves problèmes de santé du cardinal Antonios Naguib. Dans une conversation avec l’Aide à l’Eglise en détresse, il commente l’élection du nouveau patriarche d’Alexandrie des coptes, Ibrahim Isaac Sidrak: « Aujourd’hui, nous assistons à l’islamisation de notre pays. Sa Béatitude devra faire face à des défis décisifs et gérer une situation compliquée et très peu claire ».

L’évêque égyptien ne cache pas son appréhension pour le sort de l’Egypte, encore accrue depuis l’approbation de la nouvelle Constitution. Faisant siennes les critiques exprimées par l’évêque de Luxor, Mgr Joannes Zakaria, et par l’évêque de Giza, Mgr Antonios Aziz Mina, Mgr William a défini le texte comme « une attaque contre les droits de l’homme qui ne préserve que les prérogatives des musulmans extrémistes »: « Nous attendions un texte qui représente tous les citoyens, déclare-t-il à l’Aide à l’Eglise en détresse, mais nous constatons qu’au contraire, l’orientation religieuse de la nouvelle Constitution pose les bases d’un califat islamique ».

De nombreuses clauses rappellent la conformité à la loi coranique. C’est une référence constante à la charia qui, pour l’évêque, invalide la crédibilité même de l’article 3, qui garantit aux chrétiens et aux juifs des droits égaux à ceux des musulmans: « C’était déjà compliqué du temps de Moubarak pour obtenir un permis de construire de nouvelles églises ; maintenant ce sera encore plus difficile. Et pourtant, notre situation n’est pas aussi grave que celle des chiites, des baha’is, des bouddhistes et des autres groupes religieux qui ne sont même pas reconnus sur le plan de la Constitution ».

Ce qui préoccupe l’Eglise catholique, c’est aussi la condition des femmes. On craint l’imposition du voile, même aux non-musulmanes, et la légitimation des mariages de jeunes filles à peine adolescentes. Un article de la nouvelle carte permet en effet aux femmes « mûres sexuellement » de se marier, autorisant ainsi ce genre d’unions.

Une tâche qui n’est pas simple pour le nouveau patriarche de l’Eglise copte catholique « à qui, assure Mgr William, notre soutien et nos prières ne feront pas défaut ».

Des vœux particuliers sont aussi parvenus de la part du responsable pour l’Egypte de l’Aide à l’Eglise en détresse, le père Andrzej Halemba, qui a longtemps collaboré avec le patriarche Sidrak lorsque celui-ci était évêque de Minya: « C’est un homme qui voit loin, se souvient-il, et un évêque dynamique qui a de grandes capacités d’organisation. Il s’est beaucoup dépensé, dans son diocèse, tant pour la construction de nouvelles églises que pour la réalisation de nombreux projets sociaux, comme l’aide fournie aux jeunes filles abandonnées ».  

Traduction d’Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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