Eglise de Belgique -25 ans de Pontificat

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Le vrai visage d’un père…

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ROME, mercredi 15 octobre 2003 (ZENIT.org) – Lors d’une conférence de presse donnée ce 15 octobre, le Cardinal Danneels, Archevêque de Malines-Bruxelles et président de la conférence épiscopale belge, a dégagé les grandes lignes du pontificat de Jean-Paul II. Le Cardinal a présenté un homme de paradoxes, tout à la fois autoritaire et tendre, à l’image d’un père. Un Jean-Paul II dont la mission possèderait un véritable impact sur le monde. Une influence morale certes mais sans conteste, qu’il s’agisse de politique ou de religion. Homme de voyage et de communication, le Pape est aussi, et peut-être surtout « homme d’intériorité et de prière » a souligné Mgr Danneels. Concernant la santé de Jean-Paul II, il a déclaré ne pas en savoir plus, tout en se distanciant « des prophéties et autres spéculations sur la mort du Pape ».

A la veille du jubilé d’argent de Jean-Paul II, les Evêques de Belgique, comme ceux d’à peu près partout, publiaient une déclaration ou un message de félicitations. Pour cette même occasion, le Cardinal Godfried Danneels avait convié la presse pour dresser un rapide bilan du pontificat et parler de celui qui a été élu sur le siège de Saint-Pierre depuis maintenant 25 ans.

Le chef et l’ami
Qui est-il, celui qui, de Rome à Cuba, de Cracovie à Jérusalem, a porté haut les couleurs de l’Eglise catholique ? Pour définir l’homme médiatique aussi bien que l’homme de prière, le cardinal Danneels a utilisé l’image du père. Non pas celui des Cieux mais celui du foyer. « En une seule personne, Jean-Paul II réunit en effet les qualités du chef, qui prend des décisions et assume ses responsabilités, et celles d’un ami, faisant preuve d’une grande empathie, d’une grande chaleur », explique-t-il. « Il est vraiment un père ».
« Et c’est en cela que se trouve le secret de son succès » », poursuit le Cardinal. Et de donner l’exemple de l’engouement des jeunes, qui se décrivent eux-mêmes comme la « génération Jean-Paul II ». « Ils ne leur dit pas : ‘que voulez-vous ? Je vous suis’ » explicite Mgr Danneels. « Il dit :’Voici ce que je veux moi, voulez-vous me suivre ?’ ». Un Pape qui, en définitive, trouve un certain équilibre entre distance et proximité.

Un impact moral sous-estimé
Le Cardinal décrit ensuite le Pape en insistant sur sa réelle envergure intellectuelle et politique. « Si c’est Jean XXIII qui a eu le courage de concevoir le Concile Vatican II et Paul VI qui l’a organisé, c’est Jean-Paul II qui l’a mis en pratique et réalisé ».
« Ses encycliques sont aussi le reflet de son travail. Elles portent sur tout un éventail de sujets, de la philosophie au social en passant par la géopolitique » rappelle ensuite Mgr Danneels, ajoutant que « même si ce n’est pas lui qui les a toutes écrites, ce qui serait impossible, les armatures sont bien de lui ».
Pour l’archevêque de Malines-Bruxelles, Jean-Paul II est aussi un Pape qui sait « regarder en dehors des frontières de l’Eglise ». « On ne se rend pas compte de l’impact de ses gestes et de son influence sur le monde, même si c’est du point de vue moral » s’exclame-t-il.
Pour exemples, le Cardinal cite l’œcuménisme, même s’il stagne pour l’instant, dont Jean-paul II a jeté les bases, ou encore les avancées pour la paix du dialogue interreligieux, dont les rencontres à Assises ne sont qu’une face visible. Sans oublier la manière dont « il parle de la vie, de la protection de la vie en particulier ».
« Si les rapports entre capitalisme et communisme se sont nettement améliorés, si le mur de Berlin est tombé, si, lors de la guerre en Irak, les leaders du monde entier ont défilé en quasi « pèlerinage » à Rome, l’action du Pape n’y est pas étrangère » souligne encore Mgr Danneels.

A la suite du Christ souffrant
Jean-Paul II, pour le président de la conférence épiscopale belge, c’est aussi l’homme qui a visité la synagogue de Rome». Celui qui, lors de sa visite en Terre Sainte en mars 2000, a glissé ses propres confessions dans le mur des lamentations. C’est le premier Pape à demander publiquement pardon pour les péchés, les erreurs de l’Eglise. « Des gestes pour lesquels tout le monde au sein de l’Eglise n’était pas forcément très enthousiaste », ajoute-t-il.
Mais, pour le Cardinal, le 263ème successeur de Saint Pierre n’est pas seulement l’homme des voyages et de gestes forts, à l’image athlétique et doué pour la communication, tel que le présentent les médias. « Jean-Paul II est un homme qui a souffert » affirme Mgr Danneels, en rappelant l’attentat du 13 mai 1981. « C’est donc aussi, et peut-être surtout un homme de souffrance, un homme mystique, un homme de prières » poursuit-il. « On serait étonné de voir ce qu’il a dans le cœur. Sa grande intériorité, sa proximité avec le Christ souffrant, c’est aussi là sa spécificité ».

Démissionner ? Le Pape est seul juge
Précédant les questions des journalistes, le Cardinal a ensuite abordé la santé du Pape. « Je n’ai aucune autre nouvelle » a-t-il déclaré. « Je n’en sais pas plus que vous ».
Il soulève alors la « polémique » récente (Voir CathoBel du 13/10/2003). « Je n’ai jamais dit que le Pape devait démissionner » affirme-t-il, rappelant que de son point de vue, avec l’allongement de la durée de vie à 90 ou 100 ans, les Papes devraient pouvoir se retirer avant la mort. « Mais il ne faut pas imposer de limites d’âge, ça, c’est inacceptable. On ne pourrait alors éviter le lobbying à l’approche de la date fatidique. Le Pape doit donc décider en toute liberté ».
Quant à la situation particulière de Jean-Paul II, « il doit juger lui-même » estime Mgr Danneels, précisant que la maladie de Parkinson, si elle avait des conséquences sur le souffle, la parole ou encore la marche, n’affectait pas les capacités intellectuelles. Et, a-t-il rappelé, tout le monde peut avoir des instants de baisse de régime. « Moi aussi, je peux avoir des moments d’absence. Et je n’ai pas l’âge du Pape ! ».
Le Cardinal a terminé sur le sujet en indiquant qu’il se distanciait des « ‘prophéties’ sur le ‘meurtre du Père’ ». « C’est devient un peu fort, ce qui se passe pour l’instant : on regarde, on analyse le moindre des faits et gestes du pape, tous les quart d’heure. On exagère » a-t-il conclu.

Un Pape tourné vers l’extérieur
A la question de savoir si Jean-Paul II n’avait pas négligé la Curie romaine, lui laissant trop de pouvoir, le Cardinal a répondu d’une part que celle-ci avait été réformée sous son pontificat. « Mais surtout, il y a des tempéraments de Pape » ajoute-t-il. « Ce Pape-ci est un homme de voyages, de contacts avec les gens, de rencontres avec le monde. C’est sa façon d’accomplir sa mission. Il doit donc accorder plus de confiance à son « cabinet » tout comme le ferait un ministre ».
« Je suis persuadé que si il avait été au contraire, un grand réformateur de l’« intérieur », on lui aurait reproché de ne pas sortir. Ne demandez pas qu’il biloque ! », conclut-il en ajoutant que bien sûr, il fallait « garder le contrôle ».

Intertitre
Enfin, le Cardinal Danneels a abordé la question de la succession de Jean-Paul II, annonçant qu’il désirait rester hors de toute spéculation.
Qui sera le prochain Pape ? « Dans un conclave, tout est possible » répond-il, citant ainsi son prédécesseur, le cardinal Suenens. « Mais qu’il soit noir, jaune, blanc ou rouge, la couleur n’a pas d’importance. Il s’agit de se demander qui est le plus capable dans l’Eglise actuelle ».
Quelles qualités faut-il ? « Une grande partie des qualités de Jean-Paul II » affirme Mgr Danneels. « Et une grande capacité à répondre à des questions actuelles, comme celles posées par la globalisation, la bioéthique, la violence, l’Evangélisation, etc. . Une capacité déjà présente chez Jean-Paul II mais qui, dans le futur, sera enc
ore plus sollicitée ».

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ZENIT Staff

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