Écologie : Yes, we can !

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Le chapitre 6 de « Laudato Si », sommet de l’encyclique : un souffle d’espérance sur le monde pour reconstruire la maison commune.

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Pied de nez au fatalisme et souffle d’espérance pour provoquer un réveil de la majorité silencieuse : c’est le climat du chapitre 6 de l’encyclique « Loué sois-tu », couronnement du document du pape François publié ce 18 juin 2015. Il s’adresse au « meilleur de l’être humain » en appelant une « créativité généreuse et digne » (211).

Tout n’est pas perdu

Pour le pape, sur la question écologique « beaucoup de choses doivent être réorientées, mais avant tout l’humanité a besoin de changer », notamment par « de nouvelles convictions, attitudes et formes de vie » à travers de « longs processus de régénération » (202).

Mais, bonne nouvelle, pas de fatalisme face au « mécanisme consumériste compulsif » (203) : « tout n’est pas perdu, martèle le pape, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer, au-delà de tous les conditionnements mentaux et sociaux qu’on leur impose » (205).

Les êtres humains « sont capables de se regarder eux-mêmes avec honnêteté, de révéler au grand jour leur propre dégoût et d’initier de nouveaux chemins vers la vraie liberté. Il n’y a pas de systèmes qui annulent complètement l’ouverture au bien, à la vérité et à la beauté, ni la capacité de réaction que Dieu continue d’encourager du plus profond des cœurs humains », insiste-t-il (205).

Créer une “citoyenneté écologique”

Pour acquérir « de nouvelles habitudes » qui soient libérées de l’engrenage du confort, il faut une véritable « éducation » : « Beaucoup savent que le progrès actuel, tout comme la simple accumulation d’objets ou de plaisirs, ne suffit pas à donner un sens ni de la joie au cœur humain, mais ils ne se sentent pas capables de renoncer à ce que le marché leur offre ». Même les jeunes qui ont « une nouvelle sensibilité écologique » ont grandi « dans un contexte de très grande consommation et de bien-être qui rend difficile le développement d’autres habitudes » (209).

L’éducation à une “citoyenneté écologique” ne saurait se limiter « à informer », précise le pape : « Pour que la norme juridique produise des effets importants et durables, il est nécessaire que la plupart des membres de la société l’aient acceptée grâce à des motivations appropriées, et réagissent à partir d’un changement personnel. C’est seulement en cultivant de solides vertus que le don de soi dans un engagement écologique est possible. » (211)

Finalement, il s’agit, chacun à son niveau, d’« accomplir le devoir de sauvegarder la création par de petites actions quotidiennes », qui deviennent « un style de vie » suscité par le cœur, par « des convictions et des sentiments » (211).

Ton action peut changer le monde

« Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde », poursuit le pape : « Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que l’on peut constater, parce qu’elles suscitent sur cette terre un bien qui tend à se répandre toujours, parfois de façon invisible. En outre, le développement de ces comportements nous redonne le sentiment de notre propre dignité, il nous porte à une plus grande profondeur de vie, il nous permet de faire l’expérience du fait qu’il vaut la peine de passer en ce monde » (212).

Cependant, fait-il observer, « il ne suffit pas que chacun s’amende pour dénouer une situation aussi complexe que celle qu’affronte le monde actuel… On répond aux problèmes sociaux par des réseaux communautaires, non par la simple somme de biens individuels. La conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire » (219).

Mais, et c’est ici qu’est soulignée l’efficacité de l’action personnelle, « un changement dans les styles de vie pourrait réussir à exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social » (206).

Les attitudes de la conversion écologique

Le pape donne aussi les attitudes qui informent la conversion écologique : la « gratitude et la gratuité ; la « conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures, de former avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle » (220) ; « l’amour, fait de petits gestes d’attention mutuelle » (231) y compris « réutiliser quelque chose au lieu de le jeter rapidement » (211) ; « consacrer un peu de temps à retrouver l’harmonie sereine avec la création, à réfléchir sur notre style de vie et sur nos idéaux, à contempler le Créateur » (225) ; « s’arrêter pour rendre grâce à Dieu avant et après les repas » (227).

Autres attitudes : « la sobriété et l’humilité » (224) et la « capacité de jouir avec peu » (222) : le pape recommande de cultiver « la conviction que ‘‘moins est plus’’. En effet, l’accumulation constante de possibilités de consommer distrait le cœur et empêche d’évaluer chaque chose et chaque moment. En revanche, le fait d’être sereinement présent à chaque réalité, aussi petite soit-elle, nous ouvre beaucoup plus de possibilités de compréhension d’épanouissement personnel… C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas » (222).

Il faut aussi développer « la capacité de sortir de soi vers l’autre » : « Quand nous sommes capables de dépasser l’individualisme, un autre style de vie peut réellement se développer et un changement important devient possible dans la société. » (208)

Par dessus-tout, exhorte le pape en concluant le chapitre, « Marchons en chantant ! Que nos luttes et notre préoccupation pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de l’espérance » (244).

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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