Ecologie intégrale: diffuser les solutions techniques, par Anne Hidalgo

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Bilan de Mme Hidalgo, maire de Paris, à l’issue de la rencontre des maires au Vatican, le 21 juillet. Elle juge la synthèse du pape François entre humanisme et écologie « révolutionnaire », et « réconfortante ».

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« Les solutions techniques existent, qu’il s’agit maintenant de les diffuser », explique Anne Hidalgo, maire de Paris, au micro de Radio Vatican, à l’issue de la rencontre des maires du monde au Vatican sur changements climatiques et lutte contre la traite des êtres humains.

Elle juge la synthèse du pape François, dans Laudato Si’, entre humanisme et écologie, à la fois « révolutionnaire », et « réconfortante ». Elle dit « adhérer » à ce concept « d’écologie intégrale » dans lequel « la question sociale et la question écologique ne sont pas dissociées ». 

Voici notre transcription intégrale de l’entretien accordé par Mme Hidalgo à Radio Vatican, les intertitres sont de Zenit.

Ne pas dissocier écologie et question sociale

« C’est une grande première : le Vatican qui invite des maires du monde entier à venir parler, travailler, à partir de leurs expériences, sur  des thèmes fondamentaux le défi climatique et l’on sait combien cela va nous concerner aussi avec la COP 21 qui se tiendra à Paris en décembre. Mais aussi sur un sujet comme la traite des êtres humains, d’ailleurs en reliant tous ces  sujets puisque le pape, dans son encyclique, a proposé ce concept – auquel j’adhère pleinement – d’écologie intégrale dans lequel la question sociale, la question écologique ne sont pas dissociées : c’est très important. »
L’optimisme de l’action

« Je trouve que les propos des maires aujourd’hui – qui viennent de tous les continents – sont des propos extrêmement optimistes, quant à la volonté et à la capacité d’agir, et je trouve que par les temps qui courent cet optimisme de l’action est quelque chose qu’il faut souligner. Dans les propos des maires, il y a l’exemple chacun de leur ville avec des propositions pour que nos villes soient plus propres, moins émettrices de gaz à effet de serre. On voit que les solutions techniques existent, qu’il s’agit maintenant de les diffuser, que cette diffusion d’ailleurs peut se faire dans un rapport nord-sud qui n’est pas ce rapport conflictuel qui consisterait à dire : le nord a pillé les ressources de la planète et le sud n’a pas le droit au développement. Je crois justement que dans les propos de tous les maires et des exemples très concrets, on voit bien qu’il y a des actions qui permettront de relever ce défi. »

Aucune « peur de l’autre »

« Et puis je suis très très frappée aussi par le caractère très progressiste de toutes les interventions des maires. Je n’ai pas entendu un maire aborder des questions qui sont lourdes dans nos villes comme par exemple celle de l’immigration en des termes qui laissent un quelconque espace à la xénophobie et à la peur de l’autre : cela aussi c’est quelque chose de très intéressant. Je me disais que cette diplomatie des maires peut apporter vraiment beaucoup. Tous les maires, et notamment les maires des grandes villes – Paris, je pense à Rome, à Athènes, qui n’est pas là aujourd’hui mais est confrontée aussi à des questions de migrations, je pense à Lampedusa qui est ici aujourd’hui – tous les maires nous vivons une réalité, cette réalité il ne s’agit pas de l’embellir, mais je crois que nous avons conscience que la parole publique qui est la nôtre ne peut pas être une parole qui cède ni au populisme ni à la démagogie. Si certains dans nos vies politiques s’appuient beaucoup et instrumentalisent beaucoup les migrants pour créer de la peur, pour en faire un élément de repoussoir, et pour prôner un discours de fermeture. Ce n’est pas  ce que j’ai entendu ce matin. Les maires sont très réalistes, vous savez, et tous les matins nous sommes vraiment confrontés à tous les problèmes, et il faut s’occuper de tout le monde : de nos habitants situations difficiles et aussi de ceux qui arrivent et qui ne peuvent pas être renvoyés à leur destin. Donc, c’est complexe, c’est difficile, mais la particularité des maires c’est qu’ils retroussent les manches et qu’ils agissent. »

Une encyclique révolutionnaire

« Donc la parole est très importante. La parole des responsables religieux, on le voit avec la force du propos du pape François qui a remis – avec un discours révolutionnaire – la question de l’écologie, mais aussi la question du social, la question de l’économie, dans une formulation que beaucoup de dirigeants politiques – y compris à gauche – n’osaient plus avoir.

J’ai lu l’encyclique et je trouve que le fait que la religion, la science non seulement se parlent mais croisent leur regard et appuient le regard l’une sur l’autre c’est quelque chose de très important. »

Des prolongements très concrets

« Et puis surtout, dans cette encyclique, vraiment cette écologie globale, d’intégration globale, est quelque chose qui, moi, me touche. Il y a vraiment une conciliation théorique, mais dont on voit bien les prolongements très concrets, entre l’humanisme et l’écologie.  Et cela correspond aussi à ma philosophie. J’ai beaucoup d’amitié pour un grand écologiste Yann Arthus-Bertrand : cela fait très longtemps d’ailleurs que quelqu’un comme lui a déjà fait ce cheminement, c’est-à-dire, partant de la défense de la planète pour aujourd’hui essentiellement s’exprimer sur l’humain et on le voit à travers son exposition sur « Sept milliards d’autres ». Mais c’est vrai que, exprimé avec cette force à la fois ce sérieux mais aussi cet engagement dans cette encyclique, c’est très réconfortant. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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