Drogue, l´Eglise en parle aux jeunes, le nouveau manuel s´adresse à eux

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Les effets de la drogue sur l´organisme et toute la vie

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CITE DU VATICAN, Mardi 4 décembre 2001 (ZENIT.org) – L´Eglise parle aux jeunes de la drogue dans le livre « Eglise, drogue et toxicomanie », publié ce matin par le conseil pontifical pour la pastorale de la santé.

C´est ce qu´indique le président de ce dicastère, Mgr Javier Lozano Barragan. Le manuel, dit-il, prend surtout en considération les jeunes, avec le souhait qu´ils l´utilisent comme un instrument destiné à prévenir ce mal et sortir de la toxico-dépendance.

Un enjeu d´autant plus sérieux qu´il y a 15 ans, rappelle le P. Anatrella, 19 % des jeunes de 15 à 19 ans faisaient usage de la drogue. Ils sont aujourd´hui 43 %. Tandis que l´âge de la première prise, qui était de 20 ans dans les années 1970, est passé à 11 ou 12 ans aujourd´hui.

Le P. Anatrella expliquait, lors de la conférence de presse de présentation du volume le « malaise » que manifeste chez les jeunes la prise de drogue et pourquoi il ne faut pas libéraliser le cannabis.

« Pourquoi des jeunes ressentent-ils le besoin de vivre en étant « sous anesthésie » en ayant recours à un produit qui endort, comme le cannabis, ou bien en étant stimulés par des produits comme la cocaïne et l´extasy. Ils semble qu´ils ne trouvent pas les ressources dont ils ont besoin dans la société, la culture et parfois ni même la religion, pour développer leur intériorité.

Pour le P. Anatrella cette forme de mal-être que manifeste la recherche de la drogue est liée au « manque de transmission » dans l´éducation contemporaine. Les jeunes sont « livrés à eux-mêmes », les relations se réduisent à des relations « affectives », « émotionnelles », et ils sont ainsi comme « prédisposés » à vivre en cherchant à expérimenter de nouvelles émotions. Le remède suppose de leur faire connaître, découvrir le monde de la pensée, les valeurs de la spiritualité. Comme le disait Jean-Paul II, dès 1984, rappelle le P. Anatrella, ils souffrent d´une « absence de motivation dans leur vie ».

La consommation de drogue, précise le psychanaliste, est la manifestation d´une « carence grave ». Et ses effets se font sentir à la foi dans la vie psychologique, sociale et physique des toxicomanes.

C´est pour cette raison que l´Eglise refuse la distinction entre « drogues douces » et « drogues dures », une distinction « qui ne veut pas dire grand chose » et ne sert que le « confort de nos pensées ».

Tout d´abord, le P. Anatrella indique que ce qui importe, avant même la nature du produit, c´est « l´attitude psychologique » qui consiste à avoir besoin de dépendre d´un produit pour vivre. C´est une façon « d´aliéner sa liberté ».

Ensuite, il est faux que les « drogues douces » n´ont aucun effet. Pour ce qui est des tenants de la libéralisation du cannabis, le P. Anatrella explique qu´ils prétendent que sa consommation est « banale » et « sans aucune conséquence ».

Or, au contraire, les neuro-transmetteurs, insiste l´expert, sont altérés. Fumer un « joint » équivaut, disent les études de l´Institut national de la Santé et de la Recherche médicale (INSERM), à consommer 3 cigarettes et 3 verres de whisky: cela suffit à faire comprendre par exemple l´effet sur une personne qui prend le volant. Comme le tabac et l´alcool, le cannabis appartient aux substances qui « perturbent l´organisme » au lieu de le nourrir, rappelle le P. Anatrella.

Troisièmement, les jeunes prennent l´habitude de faire appel à des substances chimiques au lieu de faire appel à d´autres ressources pour se développer et trouver des solutions à ses problèmes existentiels.

« Doux » ou « dur », dans ce cadre ne signifie pas grand chose: il s´agit pour les jeunes d´être aidés pour apprendre « à vivre avec soi-même et avec les autres » et construire sa vie, explique le P. Anatrella.

La consommation de cannabis provoque une forme de paix, mais non pas de « sérénité », celle que l´on acquiert avec la maturité psychologique, intellectuelle, et par l´intériorisation des valeurs pour construire sa vie. Or la consommation de cannabis ralentit la capacité de réflexion.

Il semble, continue le psycho-sociologue, qu´ils ne puissent se calmer d´eux-mêmes et qu´ils aient besoin d´un produit pour cela, ou qu´au contraire ils aient besoin d´un stimulant comme s´ils manquaient d´énergie. On assiste, ajoute le prêtre, à une augmentation d´explosions de violence, en particulier à l´école, et de la délinquance.

Il suggère une « révision » des politiques de prévention. Elles n´ont conduit qu´à l´échec: une augmentation de la consommation et la banalisation des produits. Par exemple, leur expliquer, lors d´une « rave party » que telle drogue fait problème et telle autre est pure, ne sert qu´à leur donner l´impression de « prendre de la drogue sous contrôle médical ». « On détruit des générations au plan moral et psychologique », proteste l´expert. Il ne sert donc à rien de « chercher à réduire les risques » ou de « soigner la drogue par la drogue ».

Le P. Anatrella préconise une « vision globale de l´éducation des jeunes ». Il estime que serait « dangereux » de dépénaliser les drogues, ce serait, pour la société, légitimer la motivation à se droguer. N´aurait-t-elle pas « autre chose à proposer » aux jeunes que des produits « pour qu´ils s´endorment, s´excitent, et même se suicident »?

On fait appel au « principe de précaution » dans les domaines de la sécurité alimentaire, des OGM, et de l´environnement, et pourquoi pas pour ce qui concerne les drogues et « l´avenir des enfants »?

Il s´agit, demande le P. Anatrella, de lutter contre cette « inversion des valeurs »! « Le bonheur, dit-il, n´est pas dans la drogue mais dans la recherche de la vérité, de la liberté, de l´amour tel que nous l´enseigne l´Evangile ».

« Le pape, explique Mgr Barragan, nous parle de trois actions particulières, pour une pastorale destinée à affronter le problème de la drogue: prévention, remède et répression. Le manuel regarde les deux premières: prévention et remède. Il ne traite pas de la répression, à laquelle le pape fait allusion lorsqu´il affirme que tous nous devons lutter contre la production, l´élaboration et la distribution de la drogue dans le monde et que c´est un devoir particulier des gouvernements d´affronter avec courage cette lutte contre les trafiquants de mort ».

« Par notre manuel nous ne prétendons pas offrir une réponse définitive, explique Mgr Lozano Barragan, mais donner des indications qui puissent aider le travail pastoral. Nous savons qu´il existe de nombreuses méthodes, qu´il y a de nombreuses expériences de personnes totalement et héroïquement dévouées à ce travail pastoral. Nous respectons cette pluralité parfois, sans harmonie, de chemins proposés pour prévenir et pour soigner le monde de la drogue. Dans le manuel, nous n´entendons pas proposer une nouvelle méthode mais donner une réponse plus simple, comme un guide pratique à des questions qui nous sont parues importantes, et d´une certaine façon fondamentales, pour agir pastoralement et qui peut-être pourront servir aussi à ceux qui avec tant de dévouement et de sollicitude se sont spécialisés dans ce domaine ».

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ZENIT Staff

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