Discours du président Van Rompuy à l'Université pontificale grégorienne

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Pour une économie « socialement et humainement » corrigée

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ROME, dimanche 13 novembre 2011 (ZENIT.org) – Le président Herman Van Rompuy plaide pour le « vivre ensemble européen » et pour une économie « socialement et humainement » corrigée.

Le – premier – président du Conseil européen Herman Van Rompuy a en effet donné une conférence, samedi matin, 12 novembre, à Rome, à l’Université pontificale grégorienne, sur le thème : « Solitaire-solidaire ou l’essence d’un vivre ensemble européen », en présence du cardinal Zénon Grocholewski, préfet de la congrégation pour l’Education catholique et Grand chancelier de l’université, du P. Adolfo Nicolas, Général de la Compagnie de Jésus, du professeur Giovanni Maria Flick, président émérite de la Cour constitutionnelle italienne – qui a évoqué les 150 ans de « l’Unité » – , et de membres du Corps diplomatique, dont l’ambassadeur de France près le Saint-Siège, M. Stanislas de Laboulaye.

Le président européen a été accueilli par le recteur de la « Grégorienne », le P. François-Xavier Dumortier, s.j. Celui-ci a notamment évoqué le « courage » nécessaire aux responsables politiques: « Le courage politique requiert beaucoup de l’homme d’Etat, particulièrement quand il s’agit tout à la fois de poursuivre ce projet passionnant qu’est la construction d’une Europe plus solidaire qui soit une terre de paix et de justice, et de trouver, jour après jour, à travers les lumières et les ombres de l’actualité historique, les voies et moyens d’un vivre ensemble qui ait sens. »

Le président du Conseil européen a souligné que l’Europe « en continue construction » est unie par des valeurs fondées sur l’amour – la « solidarité » risquant d’être trop « institutionnelle ».

Discours du président Van Rompuy

« Solitaire – Solidaire »
ou l’essence d’un vivre ensemble européen

Mesdames et Messieurs les Représentants de l’Eglise, du monde politique, diplomatique et économique, et des organisations dans leurs diversités,

Mesdames et Messieurs les Professeurs et Etudiants,

1. L’Europe et le christianisme

Je débuterai mon propos par une citation : « Il importe peu que l’Europe soit la plus petite des quatre parties du monde par l’étendue de son terrain, puisqu’elle est la plus considérable de toutes par son commerce, par sa navigation, par la fertilité, les lumières et l’industrie de ses peuples, par la connaissance des arts, des sciences, des métiers, et ce qui est le plus important, par le Christianisme dont la morale bienfaisante ne tend qu’au bonheur de la société » (fin de citation).

Chateaubriand me direz-vous, l’homme du « Génie du christianisme »?
Ou peut-être Bossuet, l’évêque de Meaux, bien que cette citation n’ait rien d’un sermon ?
Non, je viens simplement de citer le contenu de l’article « Europe » dans l’Encyclopédie, article écrit par Diderot et d’Alembert, qui ne sont pas, convenons-en, passés à la postérité pour leur engagement chrétien.

Mais ne vous y trompez pas. En commençant par cette citation cette conférence, dont j’ai choisi pour titre « Solitaire, Solidaire ; ou l’essence d’un vivre ensemble européen », je ne tiens en rien à polémiquer. Ce n’est ni dans mon caractère, ni dans mon tempérament. D’ailleurs je parle ici en mon nom personnel et non en tant que Président du Conseil européen. Je tiens uniquement à situer le concept « Europe » dans l’histoire.

N’est-ce pas l’historien Jacques Pirenne, fils et disciple d’Henri Pirenne, le plus réputé des historiens belges, qui a écrit, et je cite à nouveau : « l’Europe est un véritable chaos, formé des anciennes populations romaines, dont la civilisation a des origines millénaires, et de peuples nouveaux parmi lesquels se trouvent tous les degrés de la barbarie et de la semi-barbarie. L’Eglise en les rassemblant dans le Christianisme, va créer l’Europe. Elle ne sera ni une entité politique, ni une entité économique, elle sera exclusivement une communauté chrétienne ».

C’est pourquoi le moine Benoit fut proclamé en 1964 saint patron de l’Europe. Car l’Europe a d’abord été créée par la spiritualité.

Au 15ème siècle Enea Silvio Piccolomini, le Pape Pie II, seul Pape à ce jour à avoir écrit ses mémoires, sera le premier à employer aussi fréquemment le nom « Europe » et le qualificatif « européen » et à écrire, en 1458, une histoire et une géographie de l’Europe, inaugurant par là un usage plus politique du nom.

L’Europe donc, l’Europe et la formation de la conscience occidentale dont le christianisme a été un élément constitutif et dont il a marqué profondément les structures. D’autres courants de pensées s’y sont ajoutés, parfois complémentaires, parfois contradictoires. Ce tout donne aujourd’hui corps et âme à cette identité européenne, aussi vaste et vague que cette notion puisse être. Mais ce n’est pas parce qu’une notion ne peut être définie scientifiquement qu’elle n’existe pas. C’est, d’après moi, une grande erreur intellectuelle que de le penser.

Et si, demain, l’Union européenne, la communauté des peuples européens, désire atteindre, au niveau global, une plus grande unité dans le respect de la liberté des peuples, elle devra indubitablement s’appuyer sur ce qui fait son génie, c’est-à-dire sur une plus grande solidarité de tous dans le respect de l’intégrité de chaque personne.

2. L’unité autour de la personne

Vous reconnaitrez là mon attachement à la pensée personnaliste, pensée qui peut d’après moi parfaitement être résumée par la formule du biologiste Jean Rostand, « Solitaire, Solidaire ».
Solitaire, car tout part de l’homme.

De l’homme, indivisible dans sa singularité, dans son originalité, dans le respect que l’on lui doit, quelle que soit son statut social et son degré d’intelligence. Il écrit dans le palmier de Dieu, comme il est dit dans le livre des Psaumes, et comme cela ressort des grandes tragédies grecques.
Mais aussi de l’homme « plus qu’individu », de la personne c’est-à-dire de l’individu conscient que son appartenance à des communautés est également constitutive de sa propre personne.
Tout part de l’homme. De l’homme et de la femme. Autour de lui ou d’elle se forment des cercles concentriques de communautés. Mais l’homme en est le centre.

L’homme, la personne libre et responsable, consciente de ses droits et de ses devoirs. Les devoirs référant toujours à l’autre. La personne consciente aussi de son appartenance non à « une » communauté mais, je l’ai dit, à « des » communautés, à une société plurielle et toujours changeante car en constant devenir.

Solitaire et solidaire car, oui, tout part de l’homme et de sa capacité à accepter l’altérité, à accueillir « le différent » et à jeter, chaque jour à nouveau, un pont vers cet « autre » radicalement différent dans son appréhension du monde mais aussi radicalement similaire dans son humanité.
Ce ne sera qu’au prix de la réussite d’une telle démarche que l’homme, en Europe et ailleurs, sera à même d’embrasser le monde globalisé.

3. Personnalisme et pluralisme

Mais ce n’est pas en ces lieux, à l’Université Pontificale Grégorienne, que j’ai besoin de convaincre. Et ce n’est pas un hasard si l’acclimatation du message chrétien aux différentes civilisations est depuis plus de quatre cent ans « la marque de fabrique » des Jésuites, leur manière de concevoir une mondialisation dans le respect des cultures particulières.

Une mondialisation religieuse, par la foi, l’espérance et la charité, mais d’une foi conjuguée avec la raison car la contribution de la Compagnie de Jésus aux sciences est tout à fait prodigieuse.
Un bel exemple en fut le père Teilhard de Chardin, ce scientifique visionnaire pour qui l’unification et l’amour étaient le moteur de l’évolution.

Un autre bel exemple
en est aussi les humanités « greco-latines », base de l’enseignement secondaire des Jésuites, humanités qui ont leur fondement du côté des sciences, des arts et de la rhétorique de la Grèce ancienne et de la Rome antique.

« Solitaire, solidaire » disais-je, ou l’essence d’un vivre ensemble européen.
Et quand je dis « entre Européens » je voudrais souligner que je ne crois pas, béatement, au surgissement possible d’un homme européen, d’un homme ou d’une femme qui aurait comme première identité ou comme identité première d’être européen ou européenne.

Ici aussi je crois en cette diversité qui m’est chère, en ces identités plurielles qui font qu’un habitant de Rome peut parfaitement se considérer comme Romain, Italien et Européen, une identité n’en excluant pas une autre, une identité ne prenant pas nécessairement le pas sur l’autre.

Je crois d’ailleurs que l’avenir de l’Union européenne réside dans son acceptation d’une identité européenne définie comme identité d’esprit, de ressenti, et non comme identité de soi-disant « nation européenne ».

Je me « sens d’Europe », avec mes racines et mes attaches nationales, régionales et locales, avant d’être ce que certains appellent « un Européen ».

Je me « sens d’Europe » mais n’ai par ailleurs aucune envie de me couler dans un monde conceptuel indifférencié. Concevoir l’homme comme un être purement individualiste, rationnel et cosmopolite est d’après moi une profonde erreur. L’homme, au sens homme et femme, est un être multiforme. Il faut le saisir dans le concret. On ne le respecte pas en l’obligeant à se plier à des concepts abstraits.

La richesse naturelle et spirituelle de l’Europe ce sont donc plusieurs peuples, plusieurs nations, plusieurs cultures mais, j’insiste également, une seule et même civilisation portée par des principes auxquels on ne peut déroger et au nombre desquels se trouve l’égalité hommes-femmes, la démocratie politique, la séparation de l’Etat et des Eglises. L’intégration dans nos sociétés se fait par la civilisation définie ici sous la forme de normes et d’institutions. C’est un facteur d’unification dans une société pluriculturelle.
Mais il nous faut plus. Il nous faut un « supplément d’âme ».

4. Au-delà de l’individu

Hélas, je crains que notre époque ne soit trop obsédée par la figure de l’individu qui se construit lui-même et que l’universalisation du règne de l’individu, sans supra-structure philosophique ou religieuse, ne laisse l’homme seul devant son destin. Or un « solitaire non solidaire » devient anxieux et considère facilement l’autre comme un ennemi. Et c’est d’après moi le plus grand danger que puissent encourir nos sociétés. On constate aujourd’hui un manque de transcendance, d’idées et d’idéaux qui dépassent l’individu. Or un axe de direction, un sens de destin sont pour une société aussi nécessaires que ne l’est pour l’homme un sens donné à sa vie.

Marcel Gauchet se pose la question de savoir si nos démocraties peuvent encore assurer « la suprême fonction du politique qui est de donner à la collectivité le sentiment d’une prise sur son destin ». Le risque serait que « le » politique se dissolve pour faire place à « la » politique et à son cortège d’intérêts et de revendications identitaires particulières, incapable de saisir un intérêt général. Le danger serait qu’un nouvel individualisme, qu’un nouveau nationalisme, non pas conquérant mais calculateur, voie ainsi le jour, dicté par un intérêt purement matériel. Un nouvel individualisme qui se développerait paradoxalement dans un monde occidental avec un secteur collectif, public, extrêmement développé, organisant et imposant même, la ‘solidarité’.

C’est pourquoi je ne crois pas que les droits de l’individu ou les droits de l’homme peuvent, demain, à eux seuls, constituer une transcendance ou, comme le dit Régis Debray, un axe vertical autour duquel les Européens peuvent se retrouver. Car c’est renvoyer l’homme trop à lui-même et donc, forcément, le limiter, le cloisonner, l’isoler. En un mot, le rendre trop « solitaire ».

Alors se repose la question de « quel axe vertical » ?
Serait-ce le « ça » de Virginia Woolf, « l’Ultime Réalité » du prix Nobel belge Christian De Duve, l’Inqualifiable, l’Ineffable, l’Autre avec un « A » majuscule, « Dieu' » tout court, qui nous dépasse sans cesse tout en nous révélant à nous-mêmes ?

Mais l’histoire nous apprend que l’on ne peut imposer ni un mythe fondateur européen ni une transcendance autour de laquelle se réunir.

A moins, peut-être, de considérer la mémoire d’Auschwitz comme ce fondement de l’unité européenne, et je songe ici au titre du journal « Le Monde » évoquant la Shoah : « L’Europe réunie se recueille ». Beau titre que je qualifierais de « religieux » aux deux sens étymologiques du mot, « religare » pour réunir et « relegere » pour se recueillir, pour re-lire son passé.

L’Europe, projet politique, a été la réponse à la guerre, à l’horreur. L’Europe s’est construite dans la mémoire des tombes de millions d’innocents. L’Europe est basée sur ce rejet et sur ce choix, pour l’homme, contre le barbarisme et le totalitarisme. On sait ce que l’on ne veut pas. Au nom de certaines valeurs. De valeurs qui, rassemblées, forment une « union », notre « union ». Mais quelle est cette « union des valeurs » ?

Au risque de vous surprendre, je dirais qu’elle repose, de manière ultime, sur … l’amour. Car la solidarité est, de nos jours, devenu un concept trop institutionnel. Concept qui, pour ne pas être stérile, implique une notion de partage et d’amour. D’amour dans ses formes multiples. D’amour que je qualifierais de gratuit, au sens de don. Et si certes il n’est pas possible d’imposer l’amour, l’amour étant pour moi la plus grande force transcendante qui soit, à tout le moins est-il possible, à chacun de nous, à chaque Européen, d’y travailler, dans l’espoir de devenir meilleur. L’amour n’est, lui non plus, pas abstrait. L’amour a besoin, lui aussi, de concret. L’amour, tout comme la foi, est mort s’il ne se traduit pas en actes. Souvenons-nous de saint Augustin, l’homme qui proclamait « Aime et fais ce qu’il te plaît », l’homme qui déclarait « Nous sommes les temps. Soyons bon et les temps seront bons ».

Alors, Mesdames et Messieurs, si c’était justement là que résidait l’essence d’une Europe en continue construction ? Non en un esprit conquérant à la manière de Charlemagne, Charles Quint ou Napoléon, mais en de petits pas entrepris quotidiennement, tant aux niveaux philosophique, politique qu’économique, petits pas entrepris au nom de cette « union des valeurs » dont le socle est l’amour. Petits pas qui, jour après jour, année après année, nous montrent, nous démontrent que le chemin se fait en marchant et que c’est la marche elle-même qui détermine le sens du chemin. Car s’il nous faut une inspiration, une motivation, une direction ou une ambition, il ne nous faut pas une utopie. Celle-ci serait même dangereuse car elle viserait à faire plier la réalité devant ce qui jamais ne pourra être une autre réalité.

Donc à défaut d’utopies, impossibles à réaliser, nous essayons, je dis bien « essayons » de garder politiquement, diplomatiquement et économiquement l’Europe sur les rails et de faire avancer, pour le bien de tous, le train conduisant vers un mieux vivre, un mieux vivre en commun.

Et si c’était cela, en effet, essayer de pérenniser une certaine idée de l’Europe, une certaine idée du vivre ensemble dans nos contrées ? C’est aujourd’hui plus difficile qu’il y a quelques décennies, voire qu’il y a quelques années. Car le monde change. Il se globalise et s’individualise en même temps. Et si l’économie « avance », l’homme lui ne suit pas toujours … D’une part le monde s’humanise parce que, partout, il combat la pauvreté, notamment dans les pays dits émergents. Mais d’autre part, il se dépersonnalise parce que notre destin devient de plus en plus dépendant d’un système financier capital
iste effréné et sans éthique. Et le sentiment d’impuissance qui en naît fait peur. Gouverner dans ce climat est beaucoup plus difficile qu’auparavant. Et établir une économie au service de l’homme au niveau mondial est un nouveau défi qu’il nous faut relever. Avec comme principe un amour pour l’homme afin d’atteindre une économie que j’appellerais « socialement et humainement » corrigée.

Pour relever ce défi il nous faut, ici aussi, mettre quotidiennement en place des actions concrètes, des actions correctrices. Et c’est de leurs effets cumulatifs que doit naître cette nouvelle économie que j’appelle de mes vœux. Je n’ai pas ici le temps d’en approfondir tous les aspects.
Ce que je sais, c’est qu’il nous faudra, pour réaliser cet objectif, les vertus d’un amour qui, comme le disait Kierkegaard, transcende le temps. Nous devons pour cela, chacun d’entre nous, dépasser le sentiment de l’immédiateté, sentiment qui consiste à croire que l’histoire commence avec notre propre naissance et que le passé et le futur sont des notions à jamais dépassées.

5. Voilà Mesdames et Messieurs, chers Amis, la teneur du message que je tenais à vous adresser aujourd’hui.

Permettez-moi de remercier très chaleureusement Monsieur François-Xavier Dumortier, Recteur de l’Université Pontificale Grégorienne, de son invitation en ce temple de la pensée jésuite en Europe et dans le monde.

Et ceux d’entre vous qui me connaissent un peu mieux savent combien je suis personnellement, comme ancien élève, attaché à l’enseignement des Jésuites. Je leur dois beaucoup. Sans eux, je ne serais pas aujourd’hui qui je suis en tant qu’homme ni en tant qu’intellectuel. Dans la philosophie de Périclès la politique n’était pas considérée comme un vice mais bien comme une vocation, et la voix de la conscience nous était illustrée par Socrate et Antigone.

La politique était, oui, une expression de l’éthique. Bien sûr l’éthique a pour moi un fondement chrétien et je suis devenu Européen grâce aux Jésuites qui, d’une manière concrète, nous mettaient en contact avec des élèves d’autres collèges en Europe, que ce soient ceux de Berlin, de Nijmegen, d’Evreux ou de Gênes. Car « voyager ensemble », n’est-ce-pas quelque part le début du « vivre ensemble »?

Alors sachez que je suis ce matin heureux de vivre ces quelques instants près de vous et avec vous, entouré du souvenir de quelques Généraux Flamands et/ou Belges de la Compagnie à l’instar d’Everard Lardinois de Marcourt, premier non-espagnol à avoir pris la tête de la Compagnie en 1574, de Charles de Noyelle, de Pieter Jan Beckx et de Jean Baptiste Janssens.

Heureux de vivre ces quelques instants près de vous et avec vous, dans cette odeur et vision de beauté que je retrouve évidemment à Rome, découvrant le long du Tibre, à ma grande surprise mais aussi à mon immense joie, ce magnifique graffiti peint sur le mur de la rive droite faisant face à l’île tibérinne : « TI AMO DA QUI .. ALLA FINE DEL MONDO ..DI NUOVO QUI .. ALL’INFINITO ».

Me revient aussi à l’esprit ce mot célèbre de ce pape romain :
« Roma, la genitrice, l’annunciatrice, la tutrice di cività et di eterni valori di vita » (1948).
Je vous remercie.

Herman Van Rompuy

Rome, PUG, 12.11. 2011

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ZENIT Staff

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