Discours du pape au Comité olympique italien

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Le sport, un bien qui révèle l’homme à lui-même

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ROME, mercredi 19 décembre 2012 (ZENIT.org) – Le sport est « un bien éducatif et culturel, capable de révéler l’homme à lui-même et de l’amener à comprendre la valeur profonde de sa vie », a déclaré Benoît XVI.

C’est pourquoi, a-t-il ajouté, « l’Eglise s’intéresse au sport, parce que l’homme lui tient à cœur, tout l’homme ». Il a cité l’exemple du bienheureux Pier Giorgio Frassati.

Le pape a reçu en audience, mardi 18 décembre au matin, une délégation du Comité olympique national italien (CONI), accompagnée des athlètes qui ont gagné une médaille aux Jeux olympiques et paralympiques de Londres 2012.

Discours de Benoît XVI au Comité olympique italien :

Chers amis,

Je suis très heureux de vous accueillir, vous les dirigeants du Comité olympique national italien et surtout vous autres, athlètes qui avez représenté l’Italie aux récents Jeux olympiques de Londres. Je vous salue bien cordialement, en commençant par le président du CONI, le Dr Giovanni Petrucci, que je remercie pour les aimables paroles qu’il m’a adressées en votre nom à tous.

L’été dernier, vous avez participé au plus grand événement sportif international : les Jeux olympiques. Sur cette scène, vous vous êtes confrontés à d’autres athlètes venant de presque tous les pays du monde. Vous vous êtes défiés sur le terrain de la combattivité et des habilités techniques, mais avant même cela, sur celui des qualités humaines, mettant en jeu vos dons et vos capacités, acquis par l’application et la rigueur dans la préparation, la constance dans l’entraînement, la conscience de vos limites. Loin des projecteurs, vous vous êtes soumis à une rude discipline et certains d’entre vous ont pu voir reconnue ensuite la valeur qu’ils ont acquise.

Il me semble qu’à Londres, vous avez conquis 28 médailles, dont 8 médailles d’or ! Mais à vous, les athlètes, il n’a pas seulement été demandé de faire de la compétition et d’obtenir des résultats. Toute activité sportive, que ce soit au niveau amateur ou professionnel, exige la loyauté dans la compétition, le respect de son propre corps, le sens de la solidarité et de l’altruisme, ainsi que la joie, la satisfaction et la fête. Tout cela présuppose un chemin de maturité humaine authentique, fait de renoncement, de ténacité, de patience et surtout d’humilité, que personne n’applaudit mais qui est le secret de la victoire.

Pour que celui qui pratique un sport puisse lui donner tout son sens, il faut que celui-ci soit toujours au service de la personne. L’enjeu n’est alors pas seulement le respect des règles, mais la vision de l’homme, de l’homme qui fait du sport et qui, en même temps, a besoin d’éducation, de spiritualité et de valeurs transcendantes. Le sport est en effet un bien éducatif et culturel, capable de révéler l’homme à lui-même et de l’amener à comprendre la valeur profonde de sa vie. Le concile œcuménique Vatican II parle du sport à l’intérieur de la Constitution pastorale Gaudium et spes, dans le vaste contexte où est mise en évidence la capacité interprétative de la vie, de la personne et des relations. Le Concile souhaite que le sport contribue à affiner l’esprit de l’homme, permette aux personnes de s’enrichir par une connaissance réciproque, aide à maintenir l’équilibre de la personnalité, favorise des relations fraternelles entre les hommes de toutes conditions, de nations et d’origines diverses (cf. n. 61). En somme, une culture du sport fondée sur le primat de la personne humaine ; un sport au service de l’homme et non pas l’homme au service du sport.

L’Eglise s’intéresse au sport, parce que l’homme lui tient à cœur, tout l’homme, et elle reconnaît que l’activité sportive a une incidence sur l’éducation, la formation de la personne, les relations et la spiritualité. En témoigne la présence d’espaces ludiques et sportifs dans les paroisses et dans les centres pour les jeunes ; les associations sportives d’inspirations chrétiennes le démontrent, étant des lieux d’apprentissage d’humanité, des lieux de rencontres où cultiver ce désir fort de vie et d’infini qui est dans le cœur des adolescents et des jeunes. L’athlète qui vit intégralement son expérience devient attentif au projet de Dieu sur sa vie, apprend à écouter sa voix dans les longs temps d’entraînement, à le reconnaître dans le visage de leurs compagnons, et aussi dans celui de l’adversaire de compétition !

Quand elle est vécue en plénitude, l’expérience sportive peut « contribuer à répondre aux questions profondes que posent les nouvelles générations sur le sens de la vie, son orientation et son objectif » (Jean-Paul II, Discours au Centre sportif italien, 26 juin 2004, 2) ; elle sait éduquer aux valeurs humaines et encourage l’ouverture à la transcendance. Je pense donc à vous, chers athlètes, comme à des champions-témoins, avec une mission à accomplir : puissiez-vous être, pour ceux qui vous admirent, des modèles valables à imiter. Mais vous aussi, chers dirigeants, ainsi que les entraîneurs et les divers acteurs du monde du sport, vous êtes appelés à être les témoins d’une bonne humanité, les coopérateurs des familles et des institutions de formation de l’éducation des jeunes, les maîtres d’une pratique sportive toujours loyale et transparente. La pression pour obtenir des résultats significatifs ne doit jamais pousser à recourir à des subterfuges comme c’est le cas avec le doping. Que l’esprit d’équipe soit un aiguillon pour éviter ces voies sans issue, mais aussi un soutien pour celui qui reconnaît s’être trompé, afin qu’il se sente accueilli et aidé.

Chers amis, en cette Année de la foi, je voudrais souligner que l’activité sportive peut éduquer aussi la personne à une combattivité spirituelle, c’est-à-dire à vivre chaque jour en essayant de faire que le bien soit vainqueur du mal, la vérité du mensonge, l’amour de la haine, et cela tout d’abord en soi-même. Si l’on pense ensuite à l’engagement de la nouvelle génération, le monde du sport peut aussi être considéré comme un « parvis des gentils » moderne, c’est-à-dire une occasion précieuse de rencontre ouverte à tous, croyants et non-croyants, où expérimenter la joie et même la fatigue de la confrontation avec des personnes différentes par leur culture, leur langue et leur orientation religieuse.

Je voudrais conclure en évoquant la figure lumineuse du bienheureux Pier Giorgio Frassati : c’était un jeune qui faisait l’unité en lui entre sa passion pour le sport – il aimait particulièrement les ascensions en montagne – et sa passion pour Dieu. Je vous invite, chers athlètes, à lire sa biographie : le bienheureux Pier Giorgio Frassati nous montre qu’être chrétien signifie aimer la vie, aimer la nature, mais surtout aimer son prochain, en particulier les personnes en difficulté. Je souhaite à chacun de vous de goûter la joie la plus grande : celle de s’améliorer de jour en jour, en réussissant à aimer toujours un peu plus. Je le demande au Seigneur Jésus comme un don pour Noël. Je vous remercie d’être venus et je vous bénis de tout cœur, ainsi que vos proches.

© Libreria Editrice Vaticana

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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