Dimanche des Rameaux : Homélie de Benoît XVI

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Le pape encourage les jeunes à ne pas se contenter de ce que dit le monde, mais à chercher Dieu

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ROME, Lundi 2 avril 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée au cours de la messe du Dimanche des Rameaux qui coïncidait avec la XXIIe Journée mondiale de la Jeunesse célébrée au niveau des diocèses sur le thème : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ».

* * *

Chers frères et soeurs,

Dans la procession du Dimanche des Rameaux nous nous associons à la foule des disciples qui, dans une joyeuse fête, accompagnent le Seigneur lors de son entrée à Jérusalem. Comme eux, nous louons le Seigneur à pleine voix pour tous les prodiges que nous avons vus. Oui, nous aussi nous avons vu et nous voyons encore les prodiges du Christ : comment Il conduit des hommes et des femmes à renoncer aux commodités de leur vie et à se mettre totalement au service des personnes souffrantes ; comment Il donne le courage à des hommes et des femmes de s’opposer à la violence et au mensonge, pour laisser la place à la vérité dans le monde ; comment, dans le secret, Il conduit des hommes et des femmes à faire du bien aux autres, à susciter la réconciliation là où régnait la haine, à bâtir la paix là où régnait l’inimitié.

La procession est avant tout un joyeux témoignage que nous rendons à Jésus Christ, à travers lequel le Visage de Dieu nous a été rendu visible et grâce auquel le cœur de Dieu est ouvert pour chacun de nous. Dans l’Evangile de Luc, le récit du début du cortège près de Jérusalem est composé en partie exactement sur le modèle du rite du couronnement par lequel, selon le Premier Livre des Rois, Salomon fut institué comme héritier de la royauté de David (cf. 1R 1, 33-35). Ainsi, la procession des Rameaux est également une procession du Christ Roi : nous professions la royauté de Jésus Christ, nous reconnaissons Jésus comme le Fils de David, le vrai Salomon – le Roi de la paix et de la justice. Le reconnaître comme Roi signifie : l’accepter comme Celui qui nous indique le chemin, à qui nous faisons confiance et que nous suivons. Cela signifie accepter jour après jour sa parole comme critère valable pour notre vie. Cela signifie voir en Lui l’autorité à laquelle nous nous soumettons. Nous nous soumettons à lui parce que son autorité est l’autorité de la vérité.

La procession des Rameaux est – comme ce jour-là pour les disciples – avant tout une expression de joie parce que nous pouvons connaître Jésus, parce qu’Il nous accorde d’être ses amis et parce qu’il nous a donné la clé de la vie. Cette joie, qui existe au début, est cependant aussi l’expression de notre « oui » à Jésus et de notre disponibilité à aller avec Lui où il nous conduit. L’exhortation qui était aujourd’hui au début de notre liturgie interprète par conséquent à juste titre la procession également comme représentation symbolique de ce que nous appelons « la suite du Christ » : « nous demandons la grâce de le suivre », avons-nous dit. L’expression « suite du Christ » est une description de la vie chrétienne tout entière en général. En quoi consiste-t-elle ? Que signifie concrètement « suivre le Christ » ?

Au départ, avec les premiers disciples, le sens était beaucoup plus simple et immédiat : cela signifiait que ces personnes avaient décidé de laisser leur profession, leurs affaires, leur vie tout entière pour partir avec Jésus. Cela signifiait entreprendre une nouvelle profession : celle de disciple. Le contenu fondamental de cette profession était d’aller avec le maître, se placer totalement sous sa conduite. Ainsi, la suite du Christ était une chose extérieure et dans le même temps, très intérieure. L’aspect extérieur était le fait de marcher derrière Jésus lors de ses pèlerinages à travers la Palestine ; l’aspect intérieur était la nouvelle orientation de la vie, qui n’avait plus comme points de référence les affaires, le métier qui procurait de quoi vivre, la volonté personnelle, mais qui s’abandonnait totalement à la volonté d’un Autre. Etre à sa disposition était désormais devenu une raison de vivre. Quelques scènes de l’Evangile nous donnent une idée très claire du renoncement au bien propre et du détachement par rapport à soi-même, que cela comportait.

Mais cela révèle aussi ce que signifie la suite du Christ pour nous et quelle est sa véritable essence pour nous : il s’agit d’un changement intérieur de l’existence. Cela exige que je ne sois plus enfermé dans mon moi, considérant mon propre épanouissement comme ma principale raison de vivre. Cela exige que je me donne librement à un Autre – pour la vérité, pour l’amour, pour Dieu qui, en Jésus Christ me précède et m’indique le chemin. Il s’agit de la décision fondamentale de ne plus considérer l’utilité et le gain, la carrière et le succès comme but ultime de ma vie, mais de reconnaître en revanche la vérité et l’amour comme critères authentiques. Il s’agit du choix entre vivre uniquement pour moi-même ou me donner – pour la chose la plus grande. Et il faut bien considérer que la vérité et l’amour ne sont pas des valeurs abstraites ; en Jésus Christ elles sont devenues personne. En Le suivant, j’entre au service de la vérité et de l’amour. En me perdant je me retrouve.

Revenons à la liturgie et à la procession des Rameaux dans laquelle la liturgie prévoit comme chant le Psaume 23 (24) qui était également en Israël un chant de procession utilisé lors de la montée sur le mont du temple. Le Psaume interprète la montée intérieure dont la montée extérieure est l’image et nous explique ainsi une fois encore ce que signifie monter avec le Christ : « Qui peut gravir la montagne du Seigneur ? » demande le Psaume qui indique deux conditions essentielles. Ceux qui montent et veulent véritablement atteindre les hauteurs, arriver jusqu’à la vraie hauteur, doivent être des personnes qui s’interrogent sur Dieu ; des personnes qui scrutent autour d’elles pour chercher Dieu, pour chercher son Visage. Chers jeunes amis – combien cela est important précisément aujourd’hui : ne pas se laisser entraîner ici et là dans la vie ; ne pas se contenter de ce que tout le monde pense, dit et fait. Scruter Dieu et chercher Dieu. Ne pas laisser la question sur Dieu se dissoudre dans nos âmes. Le désir de ce qui est plus grand. Le désir de Le connaître – son Visage…

L’autre condition très concrète pour la montée est la suivante : celui qui a « les mains innocentes et le cœur pur » peut se tenir dans le lieu saint. Des mains innocentes, ce sont des mains qui ne sont pas utilisées pour des actes de violence. Ce sont des mains qui ne sont pas salies par la corruption, par des pots de vins. Un cœur pur – quand le coeur est-il pur ? Un cœur est pur lorsqu’il ne fait pas semblant, ne se tache pas de mensonge ou d’hypocrisie. C’est un cœur qui demeure transparent comme l’eau vive, parce qu’il ne connaît pas la duplicité. Un cœur est pur lorsqu’il ne s’égare pas dans l’ivresse du plaisir ; c’est un cœur dont l’amour est vrai et pas seulement la passion d’un moment. Des mains innocentes et un cœur pur : si nous marchons avec Jésus, nous montons et nous trouvons les purifications qui nous conduisent vraiment à cette hauteur à laquelle l’homme est destiné : l’amitié avec Dieu lui-même.

Le psaume 23 (24) qui parle de la montée, se termine par une liturgie d’entrée devant la porte d’entrée du temple : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! ». Dans l’ancienne liturgie du Dimanche des Rameaux, lorsque le prêtre était arrivé devant l’église, il frappait vigoureusement avec un bras de la croix de la procession à la porte encore fermée qui s’ouvrait alors. C’était une belle image du mystère de Jésus Christ lui-même qui, avec l
e bois de sa croix, par la force de son amour qui se donne, a frappé du côté du monde à la porte de Dieu ; du côté d’un monde qui ne réussissait pas à trouver un accès à Dieu. Par sa croix Jésus a ouvert toute grande la porte de Dieu, la porte entre Dieu et les hommes. A présent, celle-ci est ouverte. Mais de l’autre côté également, le Seigneur frappe avec sa croix : il frappe aux portes du monde, aux portes de nos coeurs, qui si souvent et en si grand nombre sont fermées pour Dieu. Et il nous parle plus ou moins ainsi : si les preuves que Dieu te donne de son existence dans la création ne réussissent pas à t’ouvrir à Lui ; si la parole de l’Ecriture et le message de l’Eglise te laissent indiffèrent – alors regarde-moi, regarde le Dieu qui a souffert pour toi, qui souffre personnellement avec toi – vois que je souffre par amour pour toi, ouvre-toi à moi, ton Seigneur et ton Dieu.

Tel est l’appel qu’en cette heure nous laissons pénétrer dans notre cœur. Que le Seigneur nous aide à ouvrir la porte de notre cœur, la porte du monde, afin que Lui, le Dieu vivant, puisse à travers son Fils arriver dans notre temps, atteindre notre vie. Amen.

© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice Vaticane
Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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