"Dieu me veut saint et je dois l'être" : la décision du jeune Roncalli

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La sainteté de Jean XXIII, par le P. Califano

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« Dieu me veut saint sans restriction, et je dois l’être » : cette phrase du jeune Angelo Roncalli a été un fil conducteur de la vie du pape Jean XXII, déclare le P. Califano, ofm, postulateur de la cause. Angleo Roncalli était tertiaire franciscain. Le postulateur a recommandé le livre « Jean XXIII, dans une caresse, la révolution ».

« Pourquoi Jean XXIII et Jean-Paul II sont-ils saints ? »:  c’est la question à laquelle ont voulu répondre les deux postulateurs des causes, Mgr Slawomir Oder, pour Jean-Paul II et le P. Giovan Giuseppe Califano, ofm, pour Jean XXIII, lors d’une conférence de presse au Vatican, en présence du P. Federico Lombardi, sj, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, du P. Mgr Walter Insero, responsable des communications du diocèse de Rome qui a annoncé la veillée des jeunes au Latran, ce mardi soir, 22 avril.

Pasteur parce que père

Le P. Califano a rappelé que, dès la mort de Jean XXIII, le 3 juin 1963, les fidèles ont reconnu en lui « le parfum de la sainteté » que cette « très grande renommée de sainteté » s’est répandue « dès le début » et s’est développée « pendant ces 50 ans ».

« Le Journal de l’âme » montre les « aspects intimes » de cette sainteté, et ce désir de sainteté qu’il a « toujours renouvelé tout au long de sa vie, dès ses 15 ans » avec quatre résolutions : « union avec Jésus, recueillement dans son coeur, prière du rosaire, être en tout présent à moi-même en toutes mes décisions ».

Il dit encore : « Je t’aimerai, de l’amour de Paul, de Jean, de tous tes saints ». Prêtre, évêque, pape, il a « renouvelé cette décision » de devenir saint.

A vingt-et-un ans, il avait dit : « Dieu me veut saint sans restriction de termes, et je dois l’être ».

« Ils m’appellent Saint-Père », disait-il comme pape, exprimant « le désir et la décision de le devenir ».

Un trait particulier de sa sainteté est son « abandon à la Providence », sa « simplicité », sa « douceur » et sa « vertu d’humilité ».

Comme saint François d’Assise, il disait « Dieu est tout, je suis rien, et cela aujourd’hui me suffit » : « cela pacifiait son cœur au terme de ses journées », a ajouté le P. Califano.

De son enfance, il disait, a-t-il rappelé : « Dieu m’a retiré de la campagne, il m’a donné tout le nécessaire… »

Un saint « gigantesque », a insisté le P. Califano: en tant que « pasteur et père ». « De la bonté pastorale et paternelle, je dois réaliser cet idéal, résumer ainsi ma vie épiscopale », disait-il quand il était évêque.

Le Pape François disait le 3 juin 2013, en accueillant les pèlerins du diocèse de Bergame : « Un pasteur et un père, pasteur parce que père ».

L’obéissance et la paix

« Cordialité, générosité, humilité, joie » du « bon pape » se sont exprimés dans des gestes de paternité extraordinaire.

Pour son premier Noël, il se rend à l’hôpital pédiatrique de « l’Enfant Jésus », le lendemain à la prison de « Regina Coeli », et il se fait proche des périphéries de Rome, il garantit « l’ouverture des portes de l’Eglise », par le synode pour le diocèse de Rome et le Concile Vatican II.

Paul VI, inaugurant à Saint-Pierre le monument à Jean XXII, disait: « cette bonté n’était pas « bonisme » mais amour, génie pastoral, compréhension, pardon, réconfort, comme Jésus apparaît dans l’Evangile. »

Obéissance et paix : c’était sa devise épiscopale, après le cardinal Baronio qui disait cela en embrassant le pied de la statue de saint Pierre, en la basilique vaticane.

En 1925, il écrit : « obéissance et paix : mon histoire et ma vie ». Le pape François disait encore le 3 juin dernier : « il était pacifié parce qu’il s’était laissé pacifier par l’Esprit Saint ».

L’obéissance a été chez lui « concrète » et pleine de « simplicité » : il s’agissait de « faire le service que ses supérieurs lui demandaient », il s’est laissé « transférer docilement là où sa présence était nécessaire ». Cette obéissance lui permit de « s’abandonner à la Providence divine ». C’est la « racine de sa sainteté, dans l’obéissance évangélique à son Seigneur ».

La cause de canonisation

« Je suis le quatrième postulateur, la cause a été confié aux franciscains parce que Angelo Roncalli a appartenu au tiers ordre franciscain dès ses 14 ans. Le postulateur précédent était le P. Antonio Cairoli. La canonisation est le couronnement du travail de mes prédécesseurs », a expliqué le P. Califano.

Quant à l’accélération finale de la cause, il rappelle que la postulation des franciscains a remis au pape François une « demande de pouvoir avoir la grâce d’une procédure exceptionnelle », au nom des dévots de Jean XXIII et du diocèse de Bergame. Une demande qui a été accueilli : le P. Califano a au « la tâche de confectionner un dossier sur la canonisation qui motive la demande de la postulation ».

Le cadre de cette requête a été le 50e anniversaire de sa mort, le 50 ans de sa renommée de sainteté, de la « solidité de sa renommée sainteté », le 50e anniversaire du début du Concile Vatican II, et l’année de la foi.

Une documentation continue d’attester l’attribution de grâces à la prière du bienheureux, prouvant « son pouvoir d’intercession » et « la dévotion très vive dans le monde entier ».

Autre aspect de cette « vaste dévotion », du « culte répandu dans de nombreux diocèses dans le monde »: églises, chapelles, oratoires, instituts théologiques portent son nom.

Et puis « l’actualité de son message pour l’Eglise d’aujourd’hui » : Vatican II, la paix, l’œcuménisme…

Cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, présente une synthèse de la « position » dans le dernier – quatrième – volume de son étude sur les saints.

Le P. Califano a ausis recommandé la synthèse du livre de Stefania Falasca : « Jean XXII, dans une caresse, la révolution » (« Giovanni XXIII, in un carezza, la rivoluzione », chez Rizzoli)

Défauts de Jean XXIII, selon lui-même

Jean XXIII cherchait à se corriger, par « l’auto-ironie », avec « simplicité » et « sagesse » : par exemple, de sa propension à l’inquiétude. Un évêque lui dit qu’il est préoccupé par sa charge pastorale: « Je n’arrive plus à dormir ». Le pape lui confie : « Moi aussi, j’ai vécu même situation, tant de pensées ! Mais, une nuit, j’ai rêvé de mon ange gardien qui me disait : « Angelo, ne te prends pas tant au sérieux ! ». »

Et c’était « une bonne fourchette » : « un aspect de l’humanité des saints qui les rend plus sympathiques ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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