« Dieu a tant aimé le monde » : Méditation de l’Evangile du dimanche 30 avril

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Par le père R. Cantalamessa

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ROME, Vendredi 24 mars 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 24, 35-48

A leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.
Comme ils en parlaient encore, lui-même était là au milieu d’eux, et il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Frappés de stupeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement.
Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux.
Puis il déclara : « Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » Alors il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures. Il conclut : « C’est bien ce qui était annoncé par l’Écriture : les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins ».

© AELF

Il est vraiment ressuscité

L’Evangile nous fait assister à l’une des nombreuses apparitions du Ressuscité. Les disciples d’Emmaüs viennent d’arriver, tout essoufflés, de Jérusalem, et racontent ce qui leur est arrivé sur la route, lorsque Jésus en personne apparaît au milieu d’eux et leur dit : « La paix soit avec vous ! ». Ils sont d’abord effrayés, comme s’ils voyaient un fantôme puis stupéfaits, incrédules, et enfin, remplis de joie. En fait, incrédules et joyeux à la fois : « Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement ».

Leur incrédulité est une incrédulité particulière. C’est l’attitude de celui qui croit déjà (sinon, ils ne seraient pas joyeux), mais ne comprend pas. Comme celui qui dit : c’est trop beau pour être vrai ! On peut parler, de façon paradoxale, d’une foi incrédule. Pour les convaincre, Jésus leur demande quelque chose à manger, car il n’existe rien comme le fait de manger ensemble, qui rassure et qui crée la communion.

Tout ceci nous dit une chose importante sur la résurrection. La résurrection n’est pas seulement un grand miracle, un argument ou une preuve soutenant la vérité du Christ. Elle est plus que cela. C’est un monde nouveau dans lequel on entre avec la foi accompagnée de stupeur et de joie. La résurrection du Christ est la « nouvelle création ». Il ne s’agit pas seulement de croire que Jésus est ressuscité ; il s’agit de connaître et d’expérimenter « la puissance de sa résurrection » (cf. Ph 3, 10).

Cette dimension plus profonde de Pâques est particulièrement ressentie par nos frères orthodoxes. Pour eux, la résurrection du Christ est tout. Pendant le temps pascal, lorsqu’ils rencontrent une personne, ils la saluent en disant : « Le Christ est ressuscité ! », tandis que l’autre personne répond : « Il est vraiment ressuscité ! ». Cette coutume est tellement enracinée dans le peuple, que l’on raconte une anecdote survenue au début de la révolution bolchevique.
Un débat public sur la résurrection du Christ avait été organisé. Dans un premier temps, l’athée était intervenu, démolissant pour toujours, à son avis, la foi des chrétiens dans la résurrection. A sa suite monta sur l’estrade le prêtre orthodoxe qui devait défendre la résurrection. L’humble pope regarda la foule et dit tout simplement : « Le Christ est ressuscité ! ». Toute la foule répondit en chœur, spontanément : « Il est vraiment ressuscité ». Le prêtre descendit en silence du podium.

Nous savons comment est représentée la résurrection dans la tradition occidentale, par exemple chez Piero della Francesca. Jésus sort du sépulcre en hissant la croix comme un étendard de victoire. Son visage respire une assurance et une confiance extraordinaires. Mais sa victoire est une victoire sur ses ennemis extérieurs, terrestres. Les autorités avaient mis les scellés à son tombeau et des gardiens pour le surveiller, et voilà que les scellés sont brisés et les gardiens endormis. Les hommes ne sont présents que comme témoins inertes et passifs ; ils ne prennent pas vraiment part à la résurrection.

Dans l’icône orientale, la scène est complètement différente. Elle ne se déroule pas à ciel ouvert mais sous terre. Jésus, lors de la résurrection, ne monte pas, mais descend. Avec une énergie extraordinaire il prend par la main Adam et Eve, qui attendaient au royaume des morts, et les entraîne avec lui vers la vie et la résurrection. Derrière nos deux ancêtres, une foule innombrable d’hommes et de femmes attendent la rédemption. Jésus foule au pied les portes de l’enfer qu’il vient lui-même de faire sortir de leurs gonds et de briser. La victoire du Christ n’est pas tant sur des ennemis visibles que sur des ennemis invisibles, qui sont les plus terribles : la mort, les ténèbres, l’angoisse, le démon.

Nous sommes impliqués dans cette représentation. La résurrection du Christ est également notre résurrection. Tout homme qui regarde est invité à s’identifier à Adam, toute femme à Eve, et à tendre la main pour se laisser saisir et entraîner par le Christ hors du sépulcre. Voilà le nouvel exode pascal universel. Dieu est venu, avec le bras puissant et la main tendue, pour libérer son peuple d’un esclavage bien plus dur et plus universel que celui d’Egypte.

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ZENIT Staff

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