Deux immatures guéris par la miséricorde : explications de Benoît XVI

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A l’occasion de son 87e anniversaire, retour sur un angélus

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Comment mûrir dans la relation à Dieu? Le pape émérite Benoît XVI a indiqué le remède il y a quatre ans, le 14 mars 2010: l’expérience de la miséricorde.

Il commentait l’évangile du père et des deux fils – deux « immatures » guéris par la miséricorde -, lu le 4e dimanche de carême, un dimanche qui revêt les prêtres d’ornements liturgiques roses pour marquer l’appel à la joie chrétienne signifiée par la liturgie: joie de la miséricorde!

La miséricorde permet non plus la révolte, ou l’obéissance infantile, mais l’entrée dans la liberté des enfants de Dieu.

Nous proposons cette relecture, à l’occasion du 87e anniversaire du pape émérite Benoît XVI, ce 16 avril 2014, et à la veille de la grande neuvaine à la miséricorde divine, qui conduira à la canonisation de Jean XXIII et Jean-Paul II.

Pour Benoît XVI, cette page de saint Luc, la parabole « de l’Enfant prodigue », « constitue un sommet de la spiritualité et de la littérature de tous les temps »: « elle ne cesse pas de nous bouleverser ».

Pour devenir adulte dans la foi

« Que serait notre culture, l’art, et plus généralement notre civilisation sans cette révélation d’un Dieu Père plein de miséricorde ? » a demandé Benoît XVI.

Et de continuer: « Ce texte évangélique a le pouvoir de nous parler de Dieu, de nous faire connaître son visage, mieux encore, son cœur. Après que Jésus nous a parlé du Père miséricordieux, les choses ne sont plus comme auparavant, maintenant, nous connaissons Dieu : Il est notre Père qui, par amour, nous a créés libres et nous a dotés de conscience, qui souffre si nous nous perdons et qui fait la fête si nous revenons. »

Le pape émérite parlait alors de la croissance de l’humanité comme un seul homme: « C’est pourquoi, la relation avec lui nous construit à travers une histoire, de façon analogue à ce qui arrive à tout enfant avec ses parents : au début, il dépend d’eux ; puis, il revendique son autonomie ; et finalement – si le développement est positif -, il arrive à un rapport mûr, fondé sur la reconnaissance et sur l’amour authentique. »

Benoît XVI lit dans ce cheminement aussi les étapes du « chemin de l’homme dans son rapport avec Dieu »: « Il peut y avoir une phase qui est comme l’enfance : une religion animée par le besoin, la dépendance. Peu à peu, l’homme grandit et s’émancipe, veut s’affranchir de cette soumission et devenir libre, adulte, capable d’agir tout seul et de faire ses choix de façon autonome, en pensant aussi pouvoir se passer de Dieu. Cette phase, justement est délicate, elle peut conduire à l’athéisme, mais cela aussi, souvent, cache l’exigence de découvrir le vrai visage de Dieu. Heureusement pour nous, Dieu ne manque jamais d’être fidèle, et, même si nous nous éloignons et que nous nous perdons, il continue à nous suivre par son amour, en pardonnant nos erreurs et en parlant intérieurement à notre conscience pour nous rappeler vers lui. »

Deux immatures guéris par la miséricorde

Le pape émérite lisait ainsi les attitudes des deux fils: « Le cadet s’en va et tombe de plus en plus bas, alors que l’aîné reste à la maison, mais lui aussi a une relation immature avec le Père ; en effet, lorsque son frère revient, l’aîné n’est pas heureux – comme le Père l’est au contraire -, et même, il se fâche et ne veut pas rentrer chez lui. Les deux fils représentent deux modes immatures de relation avec Dieu : la révolte et une obéissance infantile. »

« Ces deux formes se surmontent grâce à l’expérience de la miséricorde, a affirmé Benoît XVI. Ce n’est qu’en faisant l’expérience du pardon, en nous reconnaissant aimés d’un amour gratuit, plus grand que notre misère, mais aussi que notre justice, que nous entrons finalement dans une relation vraiment filiale et libre avec Dieu. »

« Chers amis, insistait-il, méditons cette parabole. Regardons-nous dans les deux fils et surtout, contemplons le cœur du Père. Jetons-nous dans ses bras, et laissons-nous régénérer par son amour miséricordieux. Que la Vierge Marie, Mère de Miséricorde, nous y aide. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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