Derrière chaque « non » de l’Eglise, un grand « oui » à la vie

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Lecture de « Dignitas personae » par le prof. Réal Tremblay

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ROME, Vendredi 12 décembre 2008 (ZENIT.org) – Derrière chaque « non » de l’Eglise, il y a un grand « oui » à la vie, déclare le prof. Réal Tremblay au micro de Radio Vatican, à propos de l’Instruction « Dignitatis personae » présentée ce vendredi à Rome.

De plus, le document « comporte des nouveautés », fait observer le prof. Tremblay parce qu’il réfléchit sur les « nouvelles questions posées par la science biomédicale : « ces nouveautés sont les raisons d’être de ce document ».

Le P. Réal Tremblay, rédemptoriste (C.Ss.R.), professeur de morale à l’Académie alphonsienne de Rome, fait observer que l’Instruction décrit les nouveaux problèmes « avec précision » et les « confronte à la pensée de l’Eglise en faisant émerger la norme qui s’impose en chaque cas ».

Une nouveauté

Il donne pour exemple le « clonage hybride » qui consiste à « utiliser des ovocytes d’animaux pour reprogrammer des noyaux de cellules somatiques humaines dans le but de prélever des cellules souches embryonnaires sur les embryons produits, sans avoir recours à l’utilisation d’ovocytes humains ».

Quel jugement moral l’Instruction pose-t-elle ? « De tels procédés sont, du point de vue éthique, une offense à la dignité de l’être humain, en raison du mélange des éléments génétiques humains et animaux susceptibles de nuire à l’identité spécifique de l’homme » (n. 33).

Et le prof. Tremblay explique que « l’identité spécifique de l’homme » est une expression proche d’une autre qui revient constamment dans le document : la reconnaissance de la « dignité de la personne de tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle ».

« Cette donnée n’est pas neuve », reconnaît le professeur de morale : on la trouve en 1987 dans « Donum Vitae ». Mais, ajoute-t-il, « il me semble qu’elle se trouve rationnellement mieux expliquée » que dans le document de 1987. Il cite : « De fait, la réalité de l’être humain, tout au long de son existence, avant et après sa naissance, ne permet d’affirmer ni un changement de nature ni une gradation de la valeur morale, car il possède une pleine qualification anthropologique et éthique. L’embryon humain a donc, dès le commencement, la dignité propre à la personne » (n. 5).

Pour le prof. Tremblay, « la raison est, avec la foi, un des pilastres centraux de tout le document ».

Il précise à propos du rapport entre foi et raison : « Il peut sembler étrange d’entendre mentionner la foi dans un document où il est question du jugement éthique à porter sur des résultats de la science biomédicale. Mais ce n’est qu’une impression, car l’Instruction montre très bien – et cela représente à mon sens une nouveauté dans un document de ce genre – comment la foi, sans nier la consistance de la raison, la purifie et l’élève ».

Eléments essentiels

Pour ce qui est des éléments essentiels de l’Instruction, le P. Tremblay signale « la dignité personnelle attribuée à l’être humain de sa conception à sa mort naturelle ». « Cette dignité est consolidée, ajoute-t-il, par le fait que l’homme est « créé à l’image de Dieu » et appelé à une destinée éternelle, entendons appelé à recevoir l’adoption filiale, à participer à la « nature divine », filiation et participation qui donnent accès à l’intimité du Dieu trinitaire ».

Deuxième éléments essentiel : « Intrinsèquement relié à cette donnée, il y a, continue le P. Tremblay, le lieu de l’émergence de l’embryon qui ne peut être que l’union des époux dans le mariage, union qui est le ‘reflet’ dans le monde du Dieu trinitaire, Père, Fils et Esprit Saint ».

Et il explique que « c’est à la lumière de ces deux données considérées respectivement du point de vue de la raison et de la foi que sont d’abord envisagés les problèmes connexes à la procréation (2e partie du document), et ensuite les nouvelles propositions thérapeutiques comportant la manipulation de l’embryon ou du patrimoine génétique humain (3e partie du document) ».

Et de donner ces exemples : « Les problèmes en cause (comme, par exemple la congélation des embryons, le diagnostic préimplantatoire, les nouvelles formes d’interception ou encore la thérapie génique, le clonage humain, l’utilisation thérapeutique des cellules souches) sont décrits avec simplicité et exactitude pour ensuite être l’objet d’un discernement éthique à l’aide » des deux principes fondamentaux, à savoir : « le respect inconditionnel dû à tout être humain considéré comme jouissant de la liberté personnelle et la sauvegarde de la spécificité des actes personnels qui transmettent la vie ».

Un « Oui » à la vie

Pour ce qui est du fond, du ton, et de la pastorale en somme, le Prof. Tremblay fait observer que « si, dans ce document, l’Eglise dit souvent non, on pourrait dire qu’elle dit en même temps massivement oui à la vie, car ces ‘non’ sont comme l’envers d’une étoffe précieuse ou comme les balises d’un parcours accidenté ».

Il explique encore la valeur positive de ce « non » en disant : « Si ces noms étaient dits seulement pour opprimer ou compliquer la vie des gens et non pour les encourager à protéger la vie et à la promouvoir, l’Eglise serait gravement infidèle au Christ qui est à l’origine de la vie humaine et qui lui attache une valeur telle qu’il en fait le lieu d’implantation de la vie même de Dieu. « Je suis … la Vie » (Jn 14, 6) et « Je la donne en abondance » (cf. Jn 10, 10) dit Jésus lui-même ».

Le théologien cite à l’appui le n. 37 du document : « Derrière chaque ‘non’ se reflète, dans l’effort de discerner entre le bien et le mal, un grand ‘oui’ à la reconnaissance de la dignité et de la valeur inaliénables de chaque être humain, particulier et unique, appelé à l’existence ».

L’Eglise et les chercheurs

Mais qu’est-ce que l’Eglise attend du monde scientifique ? Elle leur demande, répond le Prof. Tremblay, de « mettre leur science au service de la vie, en respectant sans hésiter la dignité de tout être humain, de sa conception à sa mort naturelle, et la consistance des actes qui donnent d’exister à cet être humain ».

Il reconnaît que « cet appel implique des défis considérables » car l »es solutions à portée de main ne sont pas toujours les meilleurs en considération du respect dû aux principes » signalés plus haut.

« Accepter de s’engager dans la voie la plus difficile, précise le théologien, (continuer les recherches, avec tout ce que cela implique d’efforts, etc.), demande souvent beaucoup d’abnégation se soi et de résistance aux glorioles faciles de ce monde. En ce sens, l’Instruction parle de médecins et de chercheurs « ouverts au dialogue et désireux de parvenir à la vérité ». Les modes et les pressions sociales ne vont certainement pas les critères à suivre pour réaliser un idéal si élevé ».

Enfin, à propos de l’autorité que revêt un tel document, le P. Tremblay rappelle qu’il fait partie du « magistère ordinaire » du pape et demande des fidèles un « assentiment religieux » c’est-à-dire « une adhésion qui « ne peut pas être purement extérieure et disciplinaire », mais qui doit « s’insérer dans la logique et sous la poussée de l’obéissance de la foi » (N. 23) ».

Le professeur se dit convaincu que ce document « bien construit » et « lumineux », qui « donne à la raison tous ses droits – et même plus par l’évocation de la foi dans le Christ qui justement ne vient pas diminuer la raison mais la porter à son plein épanouissement – doit être « lu dans sa totalité » avec « respect et attention », et pourra ainsi éclairer les cr
oyants comme les personnes de bonne volonté « engagées dans la cause de la vie » et ainsi « contribuer à la promotion d’une civilisation plus humaine ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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