Démission en Belgique : Message de l’évêque de Tournai

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ROME, Vendredi 23 avril 2010 (ZENIT.org) – L’évêque de Tournai (Belgique) et référendaire pour la commission interdiocésaine pour les abus sexuels dans la relation pastorale, Mgr Harpigny, a souhaité s’exprimer sur la démission, ce 23 avril, de l’évêque de Bruges (Belgique), Mgr Roger Joseph Vangheluwe, coupable d’actes pédophiles. Nous publions ci-dessous l’intégralité de son message diffusé sur le site de l’Eglise en Belgique.

* * *

A tous les fidèles laïcs du diocèse de Tournai,

A toutes les personnes engagées dans la vie consacrée,

A tous les diacres permanents,

Aux animateurs en pastorale,

Et, en particulier, à tous les prêtres, diocésains et consacrés, qui vivent dans le diocèse de Tournai,

L’annonce de la démission de Mgr Roger Vangheluwe, évêque de Bruges, pour des actes très graves, qui ont été posés avant 1985, est perçue comme un coup de tonnerre, qui fait très mal. Lorsque, le mardi 20 avril dernier, j’ai été averti que les faits incriminés correspondaient à la réalité, je me suis demandé si je ne vivais pas un cauchemar. Loin de mon diocèse, dans l’attente d’un avion à Kinshasa, j’ai pu joindre très rapidement les personnes habilitées à traiter ce genre d’information. Lorsqu’il est devenu clair que ce qui était reproché était vrai, je n’ai eu qu’un seul mot : ahurissant.

Ma première pensée a été pour la victime. Heureusement, le Professeur Docteur Adriaenssens, président de la commission interdiocésaine pour les abus sexuels dans la relation pastorale, l’avait déjà rencontrée. J’ai eu des nouvelles. Elle peut compter sur la commission interdiocésaine pour les abus sexuels dans la relation pastorale pour être entendue, écoutée jusqu’au bout afin d’être reconnue dans sa dignité, son épreuve, et être accompagnée pour traverser cette épreuve. Ma deuxième pensée a été pour l’ancien évêque de Bruges. Comment a-t-il pu vivre avec ce poids sur la conscience ? Je n’ai pas à juger. Cela revient à Dieu. Mais, comme pasteur des brebis du Seigneur, je ne peux pas m’empêcher de me laisser prendre par la colère, la déception et l’incompréhension. Il m’a fallu du temps, dans l’avion qui me ramenait à Zaventem, pour laisser retentir en moi la demande du Notre Père : Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; et la demande du « Je vous salue, Marie » : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.

Ma troisième pensée est pour vous. J’accepte, j’assume tout ce qui va être dit, en public et en privé, sur l’Eglise catholique et, en particulier, sur les évêques. En même temps, je garde confiance dans le Seigneur, qui est le vrai Pasteur de l’Eglise. Avec l’apôtre Pierre, le long du lac de Tibériade, je continue à dire au Seigneur que je l’aime, et je continue à mettre en pratique ce qu’il me demande : Suis-moi. Je pense en particulier à tous ceux d’entre vous qui, dans le célibat, la vie consacrée ou le ministère presbytéral, vivent en toute droiture en réponse à l’appel du Seigneur, dans la fidélité à l’Evangile. Je pense à tous ceux d’entre vous qui perçoivent un appel du Seigneur à la vie consacrée ou au ministère de prêtre. A travers l’épreuve que nous traversons tous, demandons à l’Esprit Saint de susciter en nous la foi, la confiance, afin de devenir libres pour répondre, avec joie, à l’appel du Seigneur. Je pense à tous les parents qui ont des enfants qui n’ont pas dix-huit ans. Je pense aux enfants qui comptent sur des adultes pour grandir dans l’harmonie, un environnement équilibré, la confiance en l’avenir. Je pense aux grands-parents qui se demandent si, aujourd’hui encore, on peut trouver des prêtres, des religieux qui sont conformes à leur vocation.

Le Seigneur est le Pasteur de l’Eglise. Il appelle et il envoie en mission. Il est le seul qui peut guérir nos blessures, dans l’ordre de la foi. Il inspire les soignants qui oeuvrent pour le bien de tous ceux que la vie a brisés. Je lui demande de nous guérir, de nous manifester son amour, de continuer à nous faire confiance. En même temps, je lui redis que, dans nos fragilités, nos péchés, il est le seul qui inaugure un monde nouveau. Tous, nous gémissons, dans l’attente de la création nouvelle, que le Ressuscité inaugure.

Aux prêtres qui peuvent, légitimement, se sentir blessés par ce qui nous arrive, je redis ma confiance, mon amitié, ma solidarité. Je compatis à leur souffrance. Ils peuvent compter sur moi pour défendre leur honneur, leur dignité, et témoigner de la vérité de leur engagement à la suite de Celui qui a dit : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Avec eux, je médite la parole : Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Seigneur, je me remets entre tes mains. Aide-nous à traverser cette épreuve.

+ Guy Harpigny,

Evêque de Tournai

Référendaire pour la commission interdiocésaine pour les abus sexuels dans la relation pastorale

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ZENIT Staff

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