Démantèlement de l’arsenal nucléaire : Reprendre les négociations

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Appel de Benoît XVI dans son message pour la Journée pour la paix le 1er janvier 2008

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ROME, Mardi 11 décembre 2007 (ZENIT.org) – Benoît XVI appelle les Nations à reprendre les négociations pour le démantèlement de l’arsenal nucléaire mondial : jamais, même durant la Guerre froide, le monde a tant dépensé pour la course aux armements, précise le cardinal Martino.

Le message de Benoît XVI pour la Journée mondiale pour la paix, le 1er janvier 2008, a pour thème : « Famille humaine, communauté de paix ».

Le message a été présenté ce matin au Vatican par le président du Conseil pontifical justice et paix, le cardinal Renato Raffaele Martino et par le secrétaire de ce même dicastère, Mgr Giampaolo Crepaldi.

Il a été publié en 7 langues (français, italien, allemand, polonais, anglais, espagnol, portugais). Les traductions en russe et en arabe sont bientôt prêtes et les conférences épiscopales ont d’ores et déjà entrepris des traductions dans d’autres langues.

Démantèlement progressif et concerté

« Alors que le processus de non-prolifération nucléaire se voit ralenti, je me sens obligé d’exhorter les Autorités à reprendre avec une détermination plus ferme les négociations visant au démantèlement progressif et concerté des armes nucléaires existantes. En renouvelant cet appel, je sais que je me fais l’écho du vœu que forment tous ceux qui ont à cœur l’avenir de l’humanité », déclare Benoît XVI.

Le pape déplore dans le monde actuel « de grandes divisions et de durs conflits qui jettent de sombres perspectives sur son avenir » : il fait observer que « le danger que de plus en plus de pays deviennent détenteurs de l’arme nucléaire suscite de légitimes appréhensions chez toute personne responsable ».

Benoît XVI évoque des « tensions croissantes » dans « de vastes régions de la planète », les « nombreuses guerres civiles dans le continent africain », le Moyen-Orient, qui « reste le théâtre de conflits et d’attentats qui ont des conséquences sur les nations et les régions limitrophes, risquant de les entraîner dans la spirale de la violence ».

Funeste commerce

« Le nombre des États qui sont pris dans la course aux armements est en augmentation: même des nations en voie de développement consacrent une part importante de leur maigre produit intérieur à l’achat d’armes », déplore encore Benoît XVI.

Il parle de ce « funeste commerce » qui « se développe grâce à de multiples responsabilités »: celle des « pays du monde industrialisé, qui tirent de gros profits de cette vente d’armes », et celle des « oligarchies dominantes en de nombreux pays pauvres, qui veulent renforcer leur position par l’achat d’armes toujours plus sophistiquées ».

« Il vraiment nécessaire que se mobilisent toutes les personnes de bonne volonté pour que soient trouvés des accords concrets en vue d’une démilitarisation efficace, surtout en ce qui concerne les armes nucléaires », insiste le pape.

Pour sa part, le cardinal Martino a donné des chiffres alarmants : les dépenses militaires se sont élévées en 2006 à 1. 204 milliars de dollars, soit, pour la décennie 1997-2006, une augmentation moyenne de 37 % !

C’est, disait le président de Justice et Paix, qui fut pendant 16 ans le preprésentant du Saint-Siège à l’ONU, « la dépense la plus élevée, jamais enregistrée, pas même pendant la période de la soi disant Guerre froide ».

La course aux armements

Le cardinal Martino rappelait qu’au lendemain « des attaques terroristes contre les Etats-Unis, du 11 septembre 2001 », la communauté internationale a « adopté des mesures sévères contre le risque terroriste ».

Mais en même temps les Etats, spécialement « les puissances nucléaires » ont voulu « renouveler leurs appareils militaires et leurs armements ».

Ce qui faisait dire au cardinal Martino que « la politique actuelle de sécurité des Etats menace la paix même et la sécurité des peuples qu’on entend défendre contre des sujets non étatiques ».

Et c’est encore plus vrai, affirme-t-il, pour ce qui est du nucléaire. Il cite les Résolutions 1373 et 1540 adoptées par le Conseil de Sécurité de l’ONU en 2001 et en 2004, introduisant des « normes spéciales » sur « le terrorisme et les armes de destruction de masse ».

2005 a également vu l’adoption, ajoutait le cardinal Martino, d’une Convention internationale contre les actes de terrorisme nucléaire.

Contradictions de la politique nucléaire

Mais, tout en reconnaissant que ces mesures sont « efficaces et cohérentes avec le paysage international actuel » le président de Justice et Paix fait observer qu’elles sont « d’une certaine façon rendues moins efficaces » et se trouvent même « contredites » par la « politique de sécurité des puissances nucléaires, basée sur le renouvellement des arsenaux et sur la reprise de la stratégie de la dissuasion dans les relations internationales ».

Le cardinal Martino scandait certaines conséquences de cette stratégie : « Cette politique a en effet produit l’échec (en 2005) de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire ».

Mais elle a aussi entraîné « la contestation de la valeur juridique de ce que l’on appelle les ‘13 étapes pratiques’ (13 practical steps) sur lesquels on s’était mis d’accord lors de la Conférence d’examen de l’an 2000 ».

Enfin, elle a également eu pour conséquence « l’entrée en vigueur manquée du Traité sur l’interdiction générale des tests nucléaires de 1997 », a indiqué, entre autres, le cardinal Martino.

Bannir les armes à sous-munitions 

Il reconnaissait, lors de l’échange avec les journalistes, le démantèlement de 20.000 têtes nucléaires par la Russie et 8.000 par les Etats-Unis, mais il en reste « des milliers », comme l’indique un rapport de la Fédération des scientifiques des Etats-Unis, y compris par exemple sur le territoire italien (une contradiction puisque, rappelons-le, l’Italie s’est déclarée contre le nucléaire civil par référendum, ndlr) Or le nucléaire militaire devait être supprimé d’ici 2020…

Le cardinal Martino citait par ailleurs l’exemple du développement des « armes à sous-munitions » (les fameuses « cluster bombs »), demandant leur « interdiction totale », à l’instar des mines terrestres antipersonnel, parce que, comme ces dernières, elles « blessent et tuent femmes, enfants, civils, longtemps encore après leur lancement ». Une conférence internationale a eu lieu en Autriche et une autre devrait se réunir d’ici fin 2008 à ce sujet, à Oslo. Or, le premier document élaboré a été considérablement affaibli dans les versions postérieures, déplorait le président de Justice et Paix.

 

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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