Décès de Irène Sendler, qui sauva la vie à 2.500 enfants juifs

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ROME, Vendredi 16 mai 2008 (ZENIT.org) – Irène Sendler, connue comme l’ange du Ghetto de Varsovie pour avoir sauvé 2.500 enfants juifs de l’holocauste, est décédée lundi à Varsovie à l’âge de 98 ans.

Assistante sociale polonaise, Irène organisa et dirigea un groupe de 20 personnes qui se consacra à sauver des enfants de la mort dans ce quartier de la capitale polonaise sous l’occupation nazie. Comme elle l’expliqua plus tard, elle put mener à bien cette œuvre grâce à l’aide de religieuses polonaises.

La Fondation internationale Raoul Wallenberg, une organisation éducative internationale non gouvernementale, fondée par l’Argentin Baruj Tenenbaum, qui a analysé et enregistré de nombreux cas de personnes ayant sauvé des juifs de l’holocauste, a défini Irène Sendler, dans des déclarations à Zenit, comme l’une des femmes catholiques les plus héroïques qui se dépensa pour sauver la vie des juifs.

La fondation, qui a des sièges à Jérusalem,  New York et Buenos Aires, rappelle que son œuvre conduisit Irène à la torture dans une prison nazie et à une condamnation à mort qui par chance ne fut pas exécutée.

Irène Sendler est née en Pologne en 1910. Quand l’Allemagne envahit le pays en 1939, elle est infirmière au Département du Bien-être social de Varsovie, qui gère les cantines communautaires de la ville.

Là, elle travaille sans relâche pour soulager les souffrances de milliers de personnes, aussi bien juives que catholiques. Grâce à elle, les cantines fournissent non seulement de la nourriture aux orphelins, aux personnes âgées et aux pauvres, mais aussi des vêtements, des médicaments et de l’argent.

Pour éviter les inspections, elle enregistre les personnes sous de faux noms catholiques et déclare la maladie de ses patients très contagieuse, comme le typhus ou la tuberculose.

En 1942, avec la délimitation d’une zone fermée destinée aux juifs, le Ghetto de Varsovie, les familles étaient condamnées à une mort certaine.

Irène s’unit alors au Conseil pour l’Aide aux juifs, organisé par la résistance polonaise. Elle réussit à obtenir un laissez-passer du Département du Contrôle épidémiologique de Varsovie afin de pouvoir entrer légalement dans le ghetto. Persuader les parents de se séparer de leurs enfants est une tâche terrible pour une jeune mère comme Irène. Mais l’on savait que s’ils restaient dans le camp, ils seraient morts.

« Quand je pense à eux, je les vois encore en pleurs au moment où ils quittaient leurs parents », racontera-t-elle.

Il n’était pas non plus facile de trouver une famille qui accepte d’accueillir les enfants juifs. Elle commence par faire sortir les enfants en ambulance, comme victimes du typhus ; par la suite elle utilise des seaux d’ordures, des boites à outils, des emballages pour marchandises, des sacs de pommes de terre…

Le sauvetage d’un enfant nécessitait la coopération d’au moins 10 personnes. Les enfants étaient transportés d’abord dans une unité de service humanitaire et ensuite dans un lieu sûr. On cherchait ensuite un logement dans des maisons, des orphelinats et des couvents. « J’ai envoyé la plus grande partie des enfants dans des structures religieuses », rappelait-elle. « Je savais que je pouvais compter sur les religieuses ».

Irène gardait l’unique registre de la véritable identité des enfants dans des fiasques enterrées sous un pommier dans le jardin d’un voisin, face aux baraquements des Allemands. Au total, les fiasques contenaient les noms de 2.500 enfants.

Le 20 octobre 1943, elle fut arrêtée par la gestapo. Elle était la seule à connaître les noms et les adresses des familles qui accueillaient les enfants juifs. Elle supporta la torture pour ne pas les trahir. Ils lui brisèrent les pieds et les jambes, mais personne ne réussit à briser sa volonté.

Elle passa trois mois dans la prison de Pawiak, ou elle fut condamnée à mort, a expliqué Baruj Tenembaum.

Alors qu’elle attendait son exécution, un soldat allemand l’amena pour un nouvel interrogatoire. En sortant il lui cria : « Cours ! ». Le jour suivant, elle lu son nom sur la liste des Polonais exécutés. Irène poursuivit alors son travail sous une fausse identité.

A la fin de la guerre, elle déterra les fiasques et utilisa les annotations pour retrouver les 2.500 enfants confiés aux familles. Elle organisa la rencontre avec leurs parents répartis dans toute l’Europe, mais la plupart d’entre eux avaient perdu leurs familles dans les camps de concentration nazis.

Les enfants connaissaient Irène uniquement sous le nom de Jolanta. Des années plus tard, quand sa photo fut publiée sur un journal, après qu’elle eut reçu un prix pour ses actions humanitaires pendant la guerre, un nombre important de personnes qui avaient été sauvées grâce à elle la reconnurent.

Après la guerre, Irène Sendler travailla dans le domaine social, aidant à la construction de maisons pour les personnes âgées, d’orphelinats et coopérant à un service d’assistance pour les enfants.

Jesús Colina

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ZENIT Staff

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