Débat sur les critères de la mort

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La « mort cérébrale » en question

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ROME, Lundi 8 septembre 2008 (ZENIT.org) – Le débat rebondit à propos des critères de la mort, à propos de la « mort cérébrale ».

En effet, un article de L’Osservatore Romano en italien du 3 septembre 2008  (Cf. Zenit du 3 septembre 2008) a lancé un pavé dans la mare en contestant que le concept actuel de mort cérébrale suffise à déclarer la mort, rappelle « Gènéthique », la synthèse de presse de la Fondation Jérôme Lejeune (cf. Synthèse de presse du 04/09/08). Cet article qui, selon le père Federico Lombardi s.j., directeur de la salle de presse du Vatican, « ne peut être considéré comme une position du Magistère de l’Eglise », relance le débat sur la définition de la mort au moment où l’opinion en Italie est secouée par la décision du père d’Eluana Englaro (dans le coma depuis 16 ans) d’arrêter l’alimentation et l’hydratation de sa fille.

Rappelons toutefois que l’article de l’Osservatore Romano s’émeut de la définition de la mort donnée dans le rapport d’Harvard de 1968, en raison des conséquences qu’une telle définition implique pour le donneur d’organes mais n’évoque pas les questions d’euthanasie ni le cas d’Eluana Englaro. L’enjeu est pour lui d’interroger sur la légitimité du prélèvement d’organes, non pas en tant que tel, mais tel qu’il est pratiqué aujourd’hui avec les critères actuels de la mort. Il pose au fond la question de savoir si le mort, le « donneur d’organes », est bien mort quand on lui prélève ses organes. S’appuyant sur des publications et des analyses d’experts, l’article met en doute cette « certitude ».

Alessandro Nanni Costa, directeur du centre national des greffes en Italie s’étonne :  « je n’ai pas l’impression qu’il existe en l’état actuel des études scientifiques remettant en question les principes établis dans le rapport Harvard. » De son côté le président de l’Association des anesthésistes-réanimateurs hospitaliers italiens, Vincenzo Carpino, estime qu’ « en l’absence de nouveaux critères scientifiques, la mort cérébrale est le seul élément permettant d’établir la mort d’un être humain » et qu’il est « prêt à engager le débat en cas de nouvelles précisions scientifiques. »

Le Quotidien du Médecin rappelle ce que le rapport Harvard établit comme concept de coma irréversible : « absence de réceptivité et de réaction, électro-encéphalogramme (EEG) plat, aucune modification des résultats des tests répétés 24 heures plus tard, et exclusion d’hypothermie et de dépresseurs du SNC. » En France, la définition légale de la mort est fixée par un décret du 2 décembre 1996 portant sur le prélèvement d’organes ou de tissus. Selon ce décret, en cas d’arrêt cardiaque ou respiratoire persistant, trois critères cliniques sont nécessaires pour faire le constat de la mort : « absence totale de conscience et d’activité motrice spontanée, abolition de tous les réflexes du tronc cérébral, absence totale de ventilation spontanée. » Enfin pour confirmer le caractère irréversible de la destruction encéphalique, on effectue deux EEG à 4 heures d’intervalle qui doivent être « aréactifs », ou l’on fait une angiographie montrant l’arrêt de la circulation encéphalique.

Le Quotidien du Médecin rapprochant ces données de l’affaire Eluana Englaro, évoque les interventions du Pr Carlo Alberto Defanti, directeur du département neurologique de l’hopital Niguarda de Milan qui soigne la jeune femme. Il y a quelques mois, celui-ci déclarait : « l’irréversibilité de la mort encéphalique n’a pas encore été démontrée », alors qu’aujourd’hui il se dit prêt à interrompre l’alimentation et l’hydratation d’Eluana Englaro, considérant que lorsque certains critères médicaux sont réunis, « le point de non-retour peut être alors constaté ».

Dès lors, il est intéressant de noter les propos du procureur général de Milan qui a introduit, jeudi 31 juillet, un recours auprès de la Cour de cassation contre la décision rendue par la Cour d’appel de Milan autorisant l’arrêt de l’hydratation et de l’alimentation médicales d’Eluana Englaro. Le procureur général s’est opposé à cette décision car il a estimé que les juges « n’ont pas établi avec suffisamment d’objectivité l’irréversibilité de l’état végétatif permanent » de la jeune femme, plongée dans le coma depuis 16 ans.

© genethique.org

Chaque article présenté dans Gènéthique est une synthèse des articles de bioéthique parus dans la presse et dont les sources sont indiquées. Les opinions exprimées ne sont pas toujours cautionnées par la rédaction.

 

Source : Quotidien du Médecin 08/09/08 –

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ZENIT Staff

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