« Dans le sacrifice de don Andrea … tous les éléments constitutifs du martyre »

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Funérailles du P. Santoro: Homélie du card. Ruini (3)

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ROME, Mardi 14 février 2006 (ZENIT.org) – « Je suis intimement convaincu que dans le sacrifice de don Andrea se trouvent tous les éléments constitutifs du martyre chrétien », a déclaré le cardinal Ruini lors des funérailles de don Andrea Santoro, en annonçant son intention d’ouvrir la cause de béatification et de canonisation : une annonce suivie d’un long applaudissement de l’assemblée.

Il citait ensuite les paroles de pardon de la maman de don Andrea, âgée de 88 ans.

Voici la dernière partie de l’homélie que le cardinal Camillo Ruini, vicaire du pape pour Rome, a prononcée le 10 février, à Saint-Jean-du-Latran, lors des obsèques de don Andrea Santoro, tué en Turquie le dimanche précédent (cf. Zenit 10 février pour la première partie, et Zenit 13 février, pour la deuxième).
Homélie du card. Ruini (3)

Nous sommes aujourd’hui, y compris avec nos défauts, nos infidélités et nos péchés, les chrétiens de Rome, et don Andrea était certainement un authentique chrétien de Rome. C’est pourquoi écouter la parole de saint Paul aux Romains qui ont été lues dans la deuxième lecture nous fait du bien à coup sûr: « Je suis en effet convaincu que ni la mort ni la vie … ne pourront jamais nous séparer de l’amour de Dieu dans le Christ Jésus, notre Seigneur ». Ainsi nous serons aidés nous aussi à ne pas céder à la peur, en nous souvenant de l’avertissement de Jésus: « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais n’ont pas le pouvoir de tuer l’âme; craignez plutôt celui qui a le pouvoir de faire périr l’âme et le corps dans la Géhenne » (Mt 10,28).

J’ai mis l’accent sur le courage de son Andrea et sur la signification du courage chrétien. Mais ce courage n’a pas pour but de frapper et de tuer, mais d’aimer et de construire, concrètement, de construire la compréhension, l’amitié et la paix, là où trop souvent règnent l’intolérance, le mépris, et la haine. Je répète ici les paroles émues prononcées mercredi par le pape Benoît XVI, après avoir évoqué la lettre de don Andrea qu’il venait de recevoir: « Que le Seigneur … fasse que le sacrifice de sa vie contribue à la cause du dialogue entre les religions et de la paix entre les peuples ». C’est certainement là l’esprit dans lequel don Andrea est allé vivre en Turquie, et tel est le sens qu’il entendait donner à son éventuelle mort violente et prématurée.

On pense souvent que pour tout homme, dans notre cas pour don Andrea, tout est achevé avec la mort. Déjà, la Sagesse de l’Ancient Testament, que nous avons entendue dans la première lecture est d’un autre avis. Elle affirme que les âmes des justes sont dans les mains de Dieu » et que « aucun tourment ne les atteindra: aux yeux des insensés … leur fin a été considérée comme une catastrophe », mais au contraire, « leur espérance est pleine d’immortalité ». Don Andrea était nourri de cette certitude; et même, il avait une espérance encore plus grande: cette espérance et cette certitude que Jésus lui-même atteste dans l’Evangile de cette messe, lorsqu’il parle du grain de blé qui, en mourant, porte beaucoup de fruit. Jésus dit en effet, en se référant à sa propre mort désormais imminente: « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié ». Don Andrea aussi peut dire ces paroles, en union avec le Christ: sa mort tragique est en effet, en réalité, sa glorification; non seulement la glorification éphémère que nous pouvons lui attribuer, mais la gloire éternelle que Dieu seul peut donner.

Permettez-moi d’exprimer à ce sujet, avec franchise, ma conviction personnelle. Nous respecterons pleinement, dans le procès de béatification et de canonisation que j’ai en tête d’ouvrir, toutes les lois et les délais de l’Eglise, mais dès maintenant, je suis intimement convaincu que dans le sacrifice de don Andrea se trouvent tous les éléments constitutifs du martyre chrétien ».

Je termine en évoquant avec émotion les paroles prononcées par sa mère, Maria Polselli veuve Santoro: « La maman de don Andrea pardonne de tout cœur à la personne qui s’est armée pour tuer son fils et elle éprouve une grande peine pour lui, parce qu’il est lui aussi un fils du Dieu unique qui est Amour ».

Nous sommes tous proches de la maman et des sœurs de don Andrea, par l’affection, la gratitude et la prière. Elles partagent à fond la foi de leur fils et frère, et c’est pour cela qu’elles savent que maintenant, il leur est encore plus proche, dans le mystère de Dieu qui est Amour. De la même façon, don Andrea reste dans le cœur de l’Eglise de Rome, cette Eglise a confiance dans son intercession, comme dans celle de tant d’autres de ses enfants qui, avant don Andrea, ont versé leur sang pour le Seigneur.

[Texte original : italien – Traduction réalisée par Zenit]

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ZENIT Staff

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