Cultures, pauvres, religions: trois défis pour l'Eglise en Asie, trois dialogues

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« L’âme asiatique », selon le card. Gracias

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Anne Kurian

ROME, mardi 9 octobre 2012 (ZENIT.org) – En Asie, l’Eglise catholique a identifié « trois défis majeurs », ce qui implique trois dialogues, explique le cardinal Gracias : avec les cultures, avec les pauvres et avec les religions.

Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay, secrétaire général de la « Fédération des Conférences épiscopales d’Asie » (FABC), a lu le rapport sur le continent de l’Asie lors de la deuxième congrégation générale du synode des évêques, hier après-midi, 8 octobre 2012: 256 pères étaient présents et ils ont pu intervenir librement à la fin des rapports.

Le cardinal a notamment décrit « l’âme asiatique » et les effets de la mondialisation sur elle : si « les épreuves sont immenses », cependant « les possibilités sont gigantesques », a-t-il estimé.

A la recherche de l’Absolu

Le continent de l’Asie fait « l’expérience des espoirs et des joies d’une renaissance constante dans l’Esprit », a déclaré le cardinal.

C’est un continent « tout à fait central pour l’avenir du monde » car il est « jeune » et représente 60% de la population mondiale, a-t-il rappelé, précisant qu’il « n’y a pas de véritable uniformité sur la scène asiatique ».

L’Asie est « bénie par une richesse de cultures qui sont anciennes et bien développées », a-t-il poursuivi, et elle est « le berceau de la plupart des religions du monde ».

Cela est probablement dû « à la nature spirituelle profondément enracinée de l’âme asiatique qui est constamment à la recherche de l’Absolu », a ajouté le cardinal.

Le dialogue, une nécessité

Les Églises en Asie ont identifié « trois lignes directrices » face aux « trois défis majeurs » de l’Asie, a indiqué le cardinal : il s’agit d’un « dialogue avec les cultures », un « dialogue avec les pauvres » et un « dialogue avec les religions ».

En Asie, « le dialogue est une nécessité et non pas un luxe », a-t-il insisté, constatant que tous les catholiques sont engagés de fait « chaque jour » dans « un dialogue de vie », car ils représentent seulement « 3% de la population totale » asiatique.

Le cardinal a également ajouté qu’en Asie, « la religion est plus le fait d’être le disciple d’une personne qu’une adhésion à une doctrine ou une obéissance à un ensemble de règles ». En d’autres termes, avant « l’adhésion à une doctrine » il faut être « le disciple d’un maître », ce qui est proche du vécu des premiers Chrétiens, a-t-il fait observer.

Les effets de la mondialisation

Pour le cardinal, la mondialisation a un impact « inexorable » sur « l’âme asiatique », car elle « caresse les valeurs de la culture asiatique en y introduisant son sillage de sécularisme, de matérialisme, d’individualisme, de consumérisme et de relativisme ».

« Les valeurs asiatiques traditionnelles, les traditions et les cultures les plus aimées, sont frappées et érodées », a-t-il déploré : alors que « les peuples asiatiques sont religieux par nature », aujourd’hui « Dieu a été éloigné avec force du centre de la vie des peuples à la périphérie de leur existence ».

Alors que « les liens familiaux » étaient « si importants pour toutes les familles asiatiques et profondément enracinés », ils sont maintenant « lentement érodés ». Par exemple, le divorce « autrefois considéré comme un tabou, n’est à présent pas si rare », a-t-il rapporté.

Alors que « l’âme asiatique a un profond respect pour la vie », de nombreuses « menaces à la vie grandissent et inquiètent », a poursuivi le cardinal, citant « les mouvements pour le droit à l’avortement, les conflits ethniques, la suppression violente des différentes confessions religieuses, le meurtre des fœtus de sexe féminin ».

Tandis que « l’âme asiatique recherche la communauté », à présent l’individualisme se répand, avec « un manque d’attention envers les autres, une indifférence à leurs besoins et un manque d’hospitalité », ce qui était « traditionnellement important dans toutes les sociétés », a également dénoncé le cardinal.

Par ailleurs, a-t-il ajouté, l’Asie voit « un nombre toujours plus grand d’attaques contre la religion », notamment de « persécution contre les chrétiens » à cause du « fondamentalisme ». Si les communautés chrétiennes se sentent « faibles et sans défense », il y a aussi des « témoignages héroïques en pleine souffrance ».

Des possibilités gigantesques

Si « les épreuves sont immenses », cependant « les possibilités sont gigantesques », a-t-il estimé, voyant dans le « pic de communications sans précédents » un « magnifique cadeau de Dieu, qui doit être utilisé pour diffuser la Bonne Nouvelle ».

L’Eglise invite donc à « entraîner la jeunesse à utiliser particulièrement les nouveaux médias » et à « tirer des bénéfices de ces nouveaux médias ». L’enjeu est grand car « les jeunes sont tout particulièrement vulnérables » aux effets de la mondialisation.

Le défi pour l’Asie consiste aussi à « transmettre le message de la Foi d’une façon qui soit attractive, pertinente et surtout une réponse aux questions de notre époque », a poursuivi le cardinal. Dans le contexte du « profond respect pour la vie » de certaines traditions religieuses, le « message pro-vie de l’Évangile sera facilement accepté », a-t-il fait remarquer.

Il s’agit également de « trouver de nouvelles manières de préserver la sacralité de la famille et de la maison représente pour nous un défi ».

Enfin, le cardinal a souligné que « la mentalité asiatique trouve plus de signification dans la prière contemplative que dans la prière verbale » : « si l’accent peut être mis sur la contemplation, au moins dans un service para-liturgique, cela pourrait apporter une profonde satisfaction à nos peuples, ressentant la présence de Dieu et fortifiés par Lui », a-t-il conclu.

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ZENIT Staff

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