Crise économique : « Justice et paix » pour une Autorité publique mondiale

Print Friendly, PDF & Email

Une « Note » et des propositions concrètes pour sortir de la crise

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

ROME, Lundi 24 octobre 2011 (ZENIT.org) – Le Conseil pontifical justice et paix se prononce dans une « Note » pour la mise en place progressive d’une Autorité publique à compétence universelle dans les domaines économique et financier. Le document offre despropositions concrètes pour sortir de la crise.

L’enseignement des papes

Cette « Note », publiée ce 24 octobre, s’intitule :« Pour une réforme du système financier et monétaire international dans la perspective d’une Autorité publique à compétence universelle ». Elle a été présentée ce matin au Vatican par le président de ce même dicastère, le cardinalPeter Kodwo Appiah Turkson, par le secrétaire, Mgr Mario Toso, et par le prof.Leonardo Becchetti, professeur d’économie politique à l’université romaine de Tor Vergata.

La « Note » situe cette initiative dans la ligne des enseignements constants des papes de « Pacem in terris », de Jean XXIII, en passant par « Populorum progressio » de Paul VI, jusqu’à Jean-Paul II et Benoît XVI. Ce qui est en jeu, c’est « l’avenir » de l’humanité.

Une Banque centrale mondiale…

« Justice et paix » propose ainsi la création d’une Autorité publique mondiale « super partes » qui serait au service du « bien commun » universel et des institutions adéquates. Le document évoque notamment l’importance d’une « Banque centrale mondiale » à l’instar de la « Banque centrale européenne », qui permettrait de garantir pour tous un système économique et financier « stables » en « réglementant le flux et le système des échanges monétaires, à la manière des Banques centrales nationales ».

Pour le Saint-Siège, c’est la crise actuelle et la mondialisation qui exigent d’aller dans cette direction, justement, pour le « bien commun » et tout en respectant le principe de « subsidiarité » : l’autorité régionale, nationale ou mondiale ne devant pas gérer ce que l’autorité locale peut gérer.

La « Note » est conçue comme la contribution du Saint-Siège à la réflexion actuelle sur la crise des systèmes économique et financier, minés par l’« égoïsme », l’« avidité collective », l’« accaparement des biens à grande échelle ».

Or c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu : plus d’un million de personnes vivent avec un peu plus d’un dollar par jour, les inégalités augmentent, elles génèrent des tensions et d’importants mouvements de population.

Protester puis proposer

Au cours de la conférence de presse, le cardinal Turkson a fait observer que par ce document, l’Eglise ne cherche pas à prendre la tête du mouvement des « Indignés », mais offrir sa contribution à la réflexion pour sortir de la crise, en exploitant le patrimoine de l’enseignement social et économique du magistère.

« Le Saint-Père et le Saint-Siège suivent ces questions avec une attention soutenue et particulière, en encourageant, constamment, non seulement une action d’ensemble mais une action fondée sur une vision claire de tous les aspects économiques, sociaux, culturels, et spirituel, comme le dit la préface de la Note », a expliqué le cardinal ghanéen.

« L’Eglise n’a jamais perdu de vue l’attention à l’homme et à ses problèmes, a fait observer le prof. Becchetti. D’autres l’ont fait et cela a engendré des problèmes. Et puis il y a un moment pour protester – face à l’inversion de l’échelle des valeurs – et il y a un moment pour proposer et les propositions arrivent de beaucoup de côtés : voilà en tous cas une proposition ».

Pour Mgr Toso, la « vraie originalité » du document est cette proposition concrète d’uneAutorité publique à compétence universelle au service du « bien commun » qui sache, mieux que les organismes supra-nationaux existant, garantir la stabilité économique et financière mondiale.

Un mandat de la communauté internationale

« Les Etats qui composent le G 20 ne peuvent être considérés comme représentatifs de tous les peuples. Même élargi, le G 20 – qui, on le sait ne dépend pas de l’ONU – reste un forum informel et limité qui montre d’ailleurs qu’il perd son efficacité au fur et à mesure de son élargissement. En l’état actuel des choses, le G 20 manque de légitimité et d’un mandat politique de la communauté internationale ».

Pour le prof. Becchetti, du fait de la mondialisation, il est impossible de se « désintéresser de personne », ce qui était le cas auparavant. Il a donné des exemples concrets de cette « interdépendance » : « La crise du trésor américain est un problème pour les épargnants du monde entier, surtout pour la Chine qui a investi une grande partie de ses réserves dans ce pays. La faillite de la Grèce est un problème pour les banques françaises et allemandes qui ont investi massivement dans ce pays. La pauvreté mondiale devient un problème pour tous, parce que cette masse de pauvres disposés à travailler avec des salaires très bas est une menace formidable pour notre welfare ».

Trois autres propositions

La « Note » propose donc, très pratiquement, a commenté le prof. Becchetti, « un rééquilibre entre politique et finance, l’union de l’Europe au niveau fiscal, et une plus grande discipline des finances publiques nationales ».

Car, si des règles existent déjà, on a du mal à les faire appliquer. Le Saint-Siège soutient donc aussi la mise ne place d’une taxe sur les transactions financières.

L’économiste a proposé cette comparaison : « C’est comme si quelqu’un conduisait une voiture à 400 km/h et qu’on lui disait : ‘Je te donne une voiture qui va à 150 km/h et tu mets la ceinture de sécurité’, et que cette personne continue de vouloir rouler à 400 km/h et à risquer sa vie ».

Se donner des règles pour survivre

Et d’expliquer : « Avec la crise mondiale, les grands intermédiaires financiers ont tous failli et ils risquent continuellement de faillir parce qu’ils n’acceptent de pas de ralentir un peu, de travailler un peu plus au service de la personne et de se donner des règles qui leur garantiraient davantage de survivre dans le temps ».

Mgr Toso a également fait observer, en réponse à la presse que oui, « Pacem in terris » comme « Caritas in veritate », de Benoît XVI, souhaitent aussi une autorité politique mondiale : « Le Conseil pontifical ne fait que mettre en évidence la nécessité d’un gouvernement mondial. Plus encore, les démocraties nationales du monde entier exigent des institutions supra-nationales justement pour mieux être des démocraties ».

Anita S. Bourdin

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel