Crise au Honduras : L’Eglise mise sur le dialogue

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Elle condamne les agissements de Manuel Zelaya mais son expulsion aussi

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ROME, Mardi 7juillet 2009 (ZENIT.org) – La Conférence épiscopale du Honduras a choisi la voie du dialogue comme solution pour surmonter la grave crise politique que traverse le pays.

Dans un message lu à la télévision, le 4 juillet, le cardinal Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa et président de la conférence épiscopale du pays, condamne l’atteinte à la constitution du président déchu, Manuel Zelaya, et l’expulsion de ce dernier du territoire.

La note des évêques a été rédigée après une consultation avec les instances compétentes de l’Etat (la cour suprême de Justice, le congrès national, le ministère public, le pouvoir exécutif, le tribunal suprême électoral) et plusieurs organisations de la société civile.

« Tous les documents dont nous sommes entrés en possession montrent que les institutions de l’Etat démocratique honduriennes sont en vigueur et que leurs actions, au plan juridico-légal, sont conformes au droit », disent les évêques.

« Les trois pouvoirs de l’Etat, exécutif, législatif et judiciaire, agissent selon la loi et la démocratie en accord avec la Constitution de la République du Honduras », poursuit la déclaration lue par le cardinal Rodríguez Maradiaga.

Il souligne que la position de Manuel Zelaya a été irrémédiablement compromise par son intention d’imposer au congrès un référendum populaire sur la création d’une assemblée constituante dans le seul but de rédiger des modifications à la constitution et de lui donner la possibilité de se représenter et d’être réélu.

« Conformément à l’article 239 de la Constitution de la République ‘toute personne proposant la réforme de cette article’ cesse immédiatement de recouvrir sa charge et, pendant dix ans, ne peut exercer aucune fonction publique », explique le document.

Ainsi, explique le cardinal, lorsqu’il a été capturé, « Manuel Zelaya n’était plus président de la République ».

Dans leur lettre, les évêques demandent ensuite des explications sur les événements qui ont conduit à l’expulsion de Manuel Zelaya par un commando de l’armée, dans la mesure où, précisent-ils, selon l’article 102 de la Constitution de la République « aucun Hondurien ne saurait être expatrié ni remis à un Etat étranger ».

Les évêques affirment qu’ils ont donc l’intention « d’écouter d’autres avis, de manière à pouvoir engager un vrai dialogue entre tous les secteurs de la société, et ainsi trouver des solutions constructives ».

« Il est essentiel, soulignent-ils, que le calendrier des élections prévues en novembre prochain par le Tribunal suprême électoral soit respecté ».

Lors de son intervention télévisée, le cardinal Maradiaga a demandé à Manuel Zelaya de ne pas rentrer au pays pour éviter tout bain de sang.

« Je sais que vous aimez la vie », a dit le cardinal, « je sais que vous respectez la vie », et « votre retour au pays en ce moment pourrait entraîner un bain de sang. S’il vous plaît, pensez-y. Après, il sera trop tard ».

La position indépendante et pro-constitutionnelle de l’épiscopat fait que certaines institutions internationales ont demandé au cardinal Rodríguez Madariaga de poursuivre une action de médiation entre les divers instances du pays afin que le retour annoncé du président déchu ne provoque pas d’affrontements.

En attendant, une semaine après le coup d’Etat, Manuel Zelaya a tenté plusieurs fois de rentrer au pays par avion, mais sans y parvenir. Les militaires, sur ordre du président par intérim, Roberto Micheletti, ont en effet empêché l’atterrissage de l’avion à l’aéroport de la capitale Tegucigalpa, où deux manifestants ont été tués et au moins une centaine d’autres blessés dans les violents affrontements qui ont éclaté entre les partisans de l’ancien président et les forces de sécurité.

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ZENIT Staff

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