Corée du Sud : « La nouvelle pauvreté » inquiète « Justice et Paix »

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25e anniversaire de la carrière des Droits de l’Homme

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ROME, Jeudi 21 décembre 2006 (ZENIT.org) – La Commission épiscopale ‘Justice et paix’ attire une nouvelle fois l’attention sur l’accroissement de « la nouvelle pauvreté » dans la société, signale « Eglises d’Asie », l’agence des missions étrangères de Paris (EDA 453, eglasie.mepasie.org).

Depuis 1982, le deuxième dimanche de l’Avent est dédié aux droits de l’homme dans l’Eglise catholique de Corée. Cette année, pour le 25e anniversaire de cette manifestation, Mgr Boniface Choi Ki-san, président du Comité épiscopal ‘Justice et paix’, a mis en avant l’extension de « la nouvelle pauvreté » dans la société. Déjà en 2004, des responsables d’Eglise mettaient en garde contre les nouvelles formes de précarité apparues dans la société (1). Deux ans plus tard, Mgr Choi Ki-san a critiqué les politiques d’inspiration libérale poursuivies par le gouvernement, qui sont la cause, selon lui, d’une polarisation socio-économique grandissante dans le pays.

A la suite de la crise financière des années 1997-1998, l’aide apportée par le Fonds monétaire international et les politiques mises en place par les autorités coréennes ont entraîné de profonds changements. Une partie des classes moyennes a été laminée, a expliqué l’évêque. « En dépit de cette situation, les politiques néo-libérales ont été aveuglément maintenues, l’accent étant mis sur une flexibilité toujours accrue des marchés. Le résultat est que, sur dix travailleurs, de six à sept sont désormais en CDD », a déclaré Mgr Choi Ki-san.

Outre les conséquences sur le marché du travail, ces politiques ont eu pour effet d’appauvrir une partie des classes moyennes. Désormais, deux Coréens sur dix vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de suicide en Corée est devenu le plus élevé des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), avec en moyenne trois suicides par jour en 2005.

John Park Soon-suk, laïc engagé dans le Comité de la pastorale des pauvres de l’archidiocèse de Séoul, a cité l’exemple des groupes de squatteurs qui sont apparus dans des quartiers aisés, tels Seocho, Gangnam et Songpa, de la capitale coréenne. « Il y a là de 400 à 500 familles qui pensent que leur sort est sans espoir », a-t-il expliqué. Des logements à loyer modique construits par l’Etat existent bien, mais ils sont encore trop chers pour ces familles, qui sont souvent des foyers monoparentaux où la mère travaille comme serveuse ou dans d’autres secteurs d’activité peu rémunérateurs.

Kang Shin-wook, chercheur dans un institut public, l’Institut de Corée pour la santé et les affaires sociales, a précisé que ces « nouveaux pauvres » sont différents des « anciens pauvres » du fait qu’ils sont capables de travailler, qu’ils sont formés et que, pour certains, ils ont même un travail. Mais du fait de revenus insuffisants, « travailleurs pauvres », ils ne parviennent pas à sortir d’une sorte de « trappe à pauvreté ». « Ceux qu’on appelle ‘les nouveaux pauvres’ ne sont pas apparus immédiatement avec la crise financière de 1997. On a commencé à les voir après 2000 car c’est à partir de cette date que la pleine conséquence des réformes mises en place s’est fait sentir », a expliqué le chercheur, ajoutant que, si la polarisation de l’économie continuait à ce rythme, on pouvait s’attendre à ce que cette catégorie de « nouveaux pauvres » aille en augmentant (2).

Dans son message du 10 décembre, Mgr Choi Ki-san a mis en garde contre les disparités économiques croissantes et les réticences grandissantes de la communauté nationale à venir en aide à ses membres les moins privilégiés. Une telle attitude, a déclaré l’évêque, peut mener à la rupture de l’harmonie sociale. A l’adresse du gouvernement, il a demandé qu’aucune politique publique n’aille à l’encontre des droits fondamentaux des Coréens. A l’attention des travailleurs et des agriculteurs, il a demandé que les manifestations soient mesurées et ne recourent pas – comme c’est souvent le cas aujourd’hui – aux menaces de suicide. Il est urgent de retrouver le sens de « la coexistence » afin d’éviter des confrontations extrêmes, a-t-il expliqué. Enfin, à l’attention des catholiques, il a redit l’exigence pour chacun de mettre en œuvre l’option préférentielle pour les pauvres.

(1) Voir EDA 389, 423
(2) En Corée du Sud, le taux de « pauvreté relative », un indicateur utilisé par l’OCDE et défini comme le pourcentage de foyers gagnant mois de 50 % du revenu médian, est passé de 16,9 % en 2003 à 17,4 % en 2004 et à 18,0 % en 2005.

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ZENIT Staff

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