Conservation du pape avec la presse, le point avec le P. Lombardi

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La tradition de l’Église et son magistère

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La longue conversation du pape François avec les journalistes présents sur le vol de retour de Rio de Janeiro à Rome, le soir du 28 juillet, reflète « la tradition de l’Église et son magistère », explique le père Federico Lombardi, SJ, porte-parole du Vatican, dans ce bilan de l’expérience du Brésil. Il souligne la spiritualité mariale du pape François.

Radio Vatican – Qu’est-ce qui vous a le plus frappé lors de ce premier voyage du pape François à l’étranger? 

P. Federico Lombardi – Disons que la première chose qui m’a frappé dans la conversation, ce fut sa longueur, entre autre parce que un voyage de retour, après une semaine aussi intense, on ne sait jamais dans quel état on va nous trouver : si on nous trouve vivants, en forme ou si on nous trouve très fatigués… La disponibilité du pape s’est manifestée jusqu’au bout, bien qu’il ait dit qu’il était un peu fatigué – il l’avait dit lui-même au début -, mais il a voulu qu’il n’y ait aucune limite aux questions, même si celles-ci pouvaient être des questions difficiles ou impertinentes.

Sa disponibilité a donc été totale et la clé de son attitude était une sincérité et une spontanéité absolues, ce qui est une clé très convaincante, très crédible et dont les journalistes eux-mêmes, comme chacun de nous, se rendent parfaitement compte. Il n’y a rien à cacher, il n’y a rien dont on ne puisse dire la vérité, naturellement en parlant de manière adéquate pour être compris et pour être constructif.

À propos du contenu de ce long entretien, on a parlé d’une nouveauté absolue. Est-ce le cas ?

Je ne dirais pas cela. Il me semble au contraire que précisément sur les points, disons, cruciaux, il a rappelé avec beaucoup de netteté la tradition de l’Église et son magistère. « Je suis un fils de l’Église », a-t-il dit, et donc je suis en continuité avec ce que l’Église a toujours soutenu et continue d’affirmer. Sur le thème de l’ordination des femmes, il a été aussi très clair, en disant que la porte est fermée, et en ce qui concerne l’homosexualité, il a rappelé le Catéchisme de l’Église catholique.

Ce qui, dirons-nous, est clair dans l’attitude du pape François, et probablement c’est ce qui frappe et qui, dans un certain sens, attire à lui beaucoup de monde, c’est la grande efficacité avec laquelle il fait comprendre le thème de l’amour de Dieu pour tous. Le fait que personne ne doit se sentir exclu de l’amour de Dieu, de sa miséricorde, qui vient adoucir, soigner les blessures de l’humanité.

Le pape François se sent vraiment envoyé pour annoncer cet amour et cette miséricorde de Dieu. Au fond, son comportement aussi tend à manifester cette proximité et cet amour de Dieu pour tous. En cela, François est un annonciateur qui a un vrai charisme de force, d’efficacité et donc d’attraction, parce que tous, nous savons que nous avons besoin de l’amour de Dieu. Ceci, à mon avis, est peut-être l’aspect le plus caractéristique de son pontificat.

Dans sa conversation avec la presse, il a aussi ajouté un thème, sur lequel je crois qu’il reviendra certainement, qui est celui du pardon du péché : il a rappelé que Dieu pardonne les péchés et quand il pardonne les péchés, à travers la confession et par son amour, il les oublie. Et donc, nous aussi, nous devons imiter le Seigneur dans son attitude de pardon, ce sont des paraboles évangéliques connues, mais qu’il faut retrouver, parce que je pense que le pape se rend très bien compte que, dans la société actuelle, il y a aussi, parfois, un certain acharnement à reprocher les fautes des autres, sans miséricorde ni compréhension.

C’est très important aussi pour retrouver, par exemple, le sens du sacrement de la confession et de la pénitence, dont le pape parle souvent.

Dans le discours de congé de Rio, le pape a affirmé que « le Christ prépare un nouveau printemps dans le monde entier, grâce aux jeunes ». Comment comprendre cette phrase ?

Oui, mais en insérant ces paroles dans un contexte plus ample. S’il y a un printemps ou un changement à attendre grâce aux jeunes, c’est parce qu’ils te donnent cet élan, cette impulsion pour faire des choses nouvelles, et aussi plus belles que celles que nous avons été capables de faire jusqu’à maintenant. Mais ce n’est pas dans le sens d’une idéalisation de la jeunesse, comme si elle avait en soi et toute seule toutes les ressources pour faire un monde nouveau… Non ! Le pape nous a parlé très clairement d’une Église communauté et d’une société qui, ensemble, avec la responsabilité de tous, chemine vers la réalisation du plan de Dieu et d’un avenir meilleur, plus juste pour tous.

Disons donc que la jeunesse est un peu comme le moteur du changement : quand il dit « faites du bruit, faites du tapage », au sens de mettre en mouvement ce qui est raidi. Mais ce dialogue, cette intégration entre les générations, et plus amplement entre les diverses composantes de la société, il me semble qu’elle n’est absolument pas oubliée par cette Journée de la jeunesse qui est, de toutes façons, un grand signe d’espérance qui fait avancer toute la communauté humaine, pour l’Église, pour l’Église du Brésil, mais aussi pour l’Église dans le monde.

Après l’expérience du Brésil, quelles seront les étapes du chemin de l’Eglise ?

Je crois que tout n’est pas réalisé avec ce voyage, même s’il a certainement été extrêmement important au début de ce pontificat. Le pape a beaucoup parlé d’une Église qui n’est pas autoréférentielle, mais ouverte sur le monde et missionnaire. Cela a été une occasion pour le dire, mais à travers la dimension concrète de ce rapport avec les jeunes et avec les responsables de la communauté, comme les évêques.

D’autre part, il y a aussi eu, la série, très efficace, des rencontres avec les différentes dimensions de la marginalisation et de la souffrance, une perspective à partir de laquelle il faut voir la réalité du monde d’aujourd’hui. La perspective des pauvres – l’Église pour les pauvres et des pauvres – est entrée très clairement dans ce voyage.

Et, dernière touche, je dirais aussi l’aspect marial, de la dévotion mariale à laquelle il participe énormément et qu’il ressent comme très féconde et très fondamentale pour l’Église d’aujourd’hui et de toujours. Il a dit : « L’Église qui ne reconnaît pas la position de la femme dans l’Église et qui ne comprend donc pas la présence de Marie, avec les apôtres, au Cénacle, est une Église qui se condamne à la stérilité ». Et donc, ce début de voyage, marial, a été très important dans une perspective d’espérance et de fécondité de l’engagement de l’Église dans le monde.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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ZENIT Staff

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