Congo-Brazzaville: Aide aux enfants traumatisés par trois guerres

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« Thalitha Khoum » et les Sœurs de Ribeauvillé

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ROME, Lundi 18 juin 2001 (ZENIT.org) – « Les conséquences de trois guerres sont immenses pour le Congo, et des générations devront passer pour qu´elles soient effacées », écrit Fides qui recueille, à l´occasion de la « Journée de l´enfant Africain » (16 juin), le témoignage des Soeurs de la Divine Providence de Ribeauvillé, dans le projet « Thalitha Khoum ». Sur le front de la lutte contre des conséquences désastreuses des conflits sur les jeunes générations, ces religieuses qui vivent auprès des enfants leur vocation d´éducatrices.

En effet, la première conséquence des conflits, la déscolarisation : de nombreux enfants se sont retrouvés dans la rue, traumatisés, ils ne se souvenaient même plus qu´ils étaient allés à l´école, quelle classe ils avaient suivie, ni même leur âge : « Nous avons le devoir d´espérer ! les Congolais qui sont loin de leur nation ne doivent pas oublier leurs enfants » : c´est l´appel lancé par Soeur Marie-Thérèse Nkouka, coordinatrice générale du projet Thalitha Khoum.

Le projet « Thalitha Khoum » (reprenant la parole de Jésus à la fille de Jaïre: « Fillette, je le te l´ordonne: lève-toi! » cf. Mc 6,41) est une réponse de l´Eglise aux problèmes des enfants traumatisés et déscolarisés. « En décembre 1998, nous sommes entrés en contact avec ces enfants dans les Centres de Soutien nutritionnels, dirigés par des organisations humanitaires. Nous avons été touchés par l´aspect de l´éducation, dont personne ne s´occupait », déclare Soeur Marie-Thérèse, religieuse de la Congrégation de la Divine Providence de Ribeauvillé, professeur à l´Université Marien Ngouabi de Brazzaville, et coordinatrice générale du projet Thalitha Khoum. C´est ainsi qu´a commencé l´animation socioculturelle, en faisant chanter, danser, jouer et parler ces enfants, en un mot, en les faisant se sentir encore vivants, malgré les situations tragiques qu´ils avaient vécues.

Ce projet a commencé avec 200 enfants, pour atteindre par la suite le nombre de 10.000, avec 250 enseignants volontaires. Après avoir écouté les enfants, en faisant le tour des dix centres de soutien alimentaire dirigés par la Caritas de Brazzaville, et après avoir bien vu quels étaient leurs besoins réels, Thalitha Khoum a tenté d´y répondre. Les enfants ont demandé eux-mêmes de passer de l´animation socio-culturelle à la phase scolaire, parce que nombre d´entre eux avaient abandonné l´école depuis deux, trois ou quatre ans.

 » Les parents nous ont exprimé leur désir de les voir recommencer l´école, ce qui est un de leurs droits », souligne Sœur Marie-Thérèse. Elle raconte:  » Mgr Barthélémy Batantu, qui était alors archevêque de Brazzaville, nous avait demandé de faire quelque chose pour les enfants des régions sinistrées de notre Pays, sans avoir toutefois de structures. Malheureusement, cette situation continue aujourd´hui encore, et les enfants, pour la plupart, sont accueillis à l´air libre ou dans des hangars de fortune « .

Thalitha Khoum s´est adressé également au Ministre de l´Education et de la Recherche Scientifique, M. Pierre Nzila, pour lui demander de tenter une opération de récupération des enfants qui se présentaient comme des écoliers « inadaptés ». Actuellement, Thalitha Khoum compte 150 enseignants, dont 40 sont nommés par le Ministère, et le reste, ce sont des volontaires qui se consacrent à cette tâche de rééducation, même si leurs conditions économiques sont au même niveau que celles des enfants qu´ils aident. 30% des enfants sont orphelins, et plus de 25% se présentent dans des conditions d´inadaptation scolaire.

Grâce à ce projet, de nombreux enfants ont quitté la rue pour retourner à l´école, évitant ainsi le risque d´être victimes de la prostitution, de viols. Les Centres accueillent aussi des enfants qui ne sont jamais allés à l´école. L´objectif est de les rendre en mesure de s´insérer dans des écoles normales. L´an dernier, 52% des enfants ont pu arriver à un niveau leur permettant de fréquenter les écoles publiques, même si ces écoles étaient en proie à de graves problèmes de fonctionnement.

La Congrégation des Soeurs de la Divine Providence de Ribeauvillé est la première Institution qui aide Thalitha Khoum, explique toujours Fides. Des accords ont été pris également avec la Caritas, avec des associations locales et internationales. Les aides dépendent aussi beaucoup de la presse, qui parle de l´oeuvre réalisée par cette initiative. Le problème le plus grave est celui des structures, qui sont totalement absentes : sur les 6 Centres qui fonctionnent cette année (ils étaient au nombre de 10 l´an passé), deux sont installés dans des bâtiments appartenant à l´Eglise, et les autres, comme le Centre Paul Ondia, à Kisoundi, qui accueille un millier d´enfants environ, est installé sous les arbres.

Soeur Marie-Thérèse lance un appel dans lequel elle invite tous les enfants africains à croire en la vie, et les Africains qui sont loin de leur Pays, à aider les enfants restés dans leur patrie :  » Nous ne pouvons compter continuellement sur les étrangers. Les Congolais à l´étranger doivent aider les enfants restés au Congo. Nous avons le devoir d´espérer… La vie est plus forte que la mort « .

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ZENIT Staff

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