Conférence annuelle de janvier 2005 à Jérusalem : Rapport de Mgr P. Bürcher

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Président de Catholica Unio Internationalis et évêque auxiliaire de Lausanne

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ROME, dimanche 16 janvier 2005 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous un rapport que Mgr Pierre Bürcher, évêque auxiliaire de Lausanne et président de Catholica Unio Internationalis a envoyé à Zenit sur la Conférence annuelle avec les Ordinaires de Terre Sainte, qui a eu lieu du 8 au 13 janvier à Jérusalem, avec la participation d’évêque d’Europe, des Etats-Unis et du Canada.

Jérusalem en janvier 2005

L’année 2005 sera décisive pour l’avenir du monde entier. De Bagdad à Gaza, de Strasbourg à Ankara, d’Abidjan à Kinshasa, la route devra passer par Jérusalem. Je suis convaincu, en effet, que la situation du Moyen-Orient sera décisive pour la paix mondiale. L’impact et le traitement des courants musulmans dans de très nombreux pays détermineront l’avenir de la planète entière.

Tout est possible : le meilleur comme le pire. 2005, après la récente élection de Mahmoud Abbas comme président de l’Autorité palestinienne (AP), verra d’autres élections décisives pour l’avenir. Et en Israël, le nouveau gouvernement récemment constitué pourrait contribuer à un processus de paix renouvelé. L’Irak devrait procéder à ses premières élections à la fin de ce mois. Au mois de mai, se tiendra la présidentielle en Iran. L’Egypte se rendra aux urnes en octobre. Un peu plus loin, l’Afrique vivra aussi des élections test. Sur ce fond, le 24 octobre, l’ONU célébrera ses 60 ans.

Qu’on le veuille ou non, l’avenir politique mondial est lié à la situation des grandes religions et notamment à celle de l’islam. Je suis convaincu que le dialogue interreligieux est le grand défi du troisième millénaire.

Une page de l’histoire s’est tournée avec la mort de Yasser Arafat. Il repose maintenant sous un parterre de fleurs dans la cour de son bunker. « Lorsque mon heure viendra, je serai remplacé par mon frère Abou Mazen (Mahmoud Abbas) » avait-il dit à Bill Clinton, déjà en janvier 1999. Son « ami de quarante ans » vient d’être élu. Nous l’avons rencontré ce jeudi à Ramallah. Evêques américains, canadiens et européens venus à Jérusalem pour la Conférence annuelle avec les Ordinaires de Terre Sainte, nous nous sommes joints aux chefs religieux chrétiens pour cette première visite officielle au nouveau président. Il sera assermenté ce samedi.

Le bunker du président n’a pas encore changé. C’est le même que l’an dernier, avec ses pans de mur détruits et ses locaux délabrés. « Nous espérons, dit en s’excusant Abou Mazen, pouvoir vous accueillir dans de meilleures conditions la prochaine fois». Mais sa tâche sera bien plus difficile que cela. « Dites au président, nous avaient confié des chrétiens la veille au soir, dites-lui de mettre en pratique maintenant ses promesses électorales ». Y arrivera-t-il ? Il nous a déclaré vouloir s’engager pour que tous les croyants soient traités à l’avenir en toute justice et équité. Ce n’est pas rien pour cette terre meurtrie encore actuellement par tant d’injustice et de violence.

Mahmoud Abbas et le nouveau gouvernement israélien parviendront-ils à remettre à l’ordre du jour la fameuse « road map» ? On sait trop bien que le processus de paix est encore bloqué par l’occupation israélienne, la poursuite des implantations et des violences entre l’armée israélienne et les extrémistes palestiniens. Et le mur continue à s’élever. Tout cela alimente le terrorisme dont ne veut plus pourtant, comme nous l’a déclaré, lors de notre visite, son collègue le président israélien Katzav. Les deux hommes se sont rencontrés ces jours. Ils partagent, au moins en paroles comme nous l’on dit beaucoup de chrétiens, les mêmes projets de paix. Mais les déclarations de bonnes intentions ne suffisent pas.

Ces prochaines semaines vont donner le ton. Abbas connaît les défis qui l’attendent. Les conditions de vie en territoire occupé sont devenues insupportables. Bethléem, Ramallah et les autres localités connaissent une situation économique désastreuse et un taux de chômage très élevé. De nombreuses familles ont émigré. D’autres heureusement sont prêtes à tout pour pouvoir rester dans leur pays. « Aidez-nous, nous a-t-on supplié, à mettre en place des projets de travail pour nos familles chrétiennes ». Une nouvelle révolte peut tout faire chavirer. Un attentat peut tout remettre en question. Le monde entier en subira les conséquences. Et pourtant les deux peuples palestinien et israélien espèrent la justice et la paix. Une ère nouvelle est attendue. Le monde entier en bénéficiera.

Au président de la Conférence des évêques des Etats Unis qui lui disait qu’ils priaient pour la paix, le président Katzav a répondu qu’ils ne le faisaient pas encore assez… Il semble en effet à tous qu’au-delà des engagements humains de bonne volonté est maintenant venu le moment d’une intervention du Dieu adoré par les trois religions monothéistes présentes à Jérusalem. Cette ville pourra-t-elle enfin porter son vrai nom de Cité de la Paix ? Impossible sans y mettre le prix de la justice et de la prière. Les conditions sont claires.

Jérusalem, le 14 janvier 2005
Mgr P. Bürcher, év.aux. de Lausanne
et président de Catholica Unio Internationalis (http://www.catholink.ch/vaud/presse/catholica-unio-internationalis.html)

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ZENIT Staff

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