Compendium de l’enseignement social : Une « base de dialogue »

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Les migrations peuvent devenir « une chance » en Europe

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ROME, Vendredi 10 mars 2006 (ZENIT.org) – Les migrations peuvent devenir « une chance », estiment les évêques d’Europe, et le « Compendium » de l’enseignement social de l’Eglise constitue une solide « base de dialogue avec tous ceux qui désirent sincèrement le bien de l’homme », fait observer Mgr Crepaldi.

Du 3 au 5 mars 2006, les présidents des Conférences épiscopales du Sud-Est de L’Europe (Albanie, Bulgarie, Bosnie et Herzégovine, Grèce, conférence épiscopale Sts Cyrille et Méthode de Serbie, Monténégro et Macédoine, Roumanie) se sont retrouvés à Corfou avec les évêques catholiques de Grèce, pour réfléchir sur « leur responsabilité commune dans cette région de l’Europe, au nom de l’Évangile et de la solidarité ».

Un communiqué de la CCEE indique qu’il s’agit d’un « fait historique » : « jamais auparavant l’île n’avait vu se réunir un si grand nombre d’évêques venus de différentes nations ». Thème central : les migrations, une réalité qui est en train de changer le visage de l’Europe. Le modérateur des travaux était Mgr Amédée Grab, président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE, cf. www.ccee.ch).

La doctrine sociale de l’Église
Mgr Crepaldi, secrétaire du conseil pontifical Justice et Paix, a présenté le Compendium de la doctrine sociale de l’Église catholique, paru le 25 octobre 2004. Il repose, disait-il, sur quatre principes fondamentaux : dignité et liberté de la personne humaine, bien commun, subsidiarité, et solidarité. Le centre autour duquel tout gravite est « la personne humaine et sa dignité intangible ».

Connue par la raison, celle-ci est un « don de Dieu », et représente donc le « critère de base de toute décision politique ou sociale ».

Ce Compendium, déjà en cours de traduction dans certains pays d’Europe du Sud-Est, constitue, soulignait Mgr Crepaldi, « un outil important pour une présence de l’Église faisant autorité sur la scène sociale, notamment dans les pays où les systèmes totalitaires communistes ont vidé la personne humaine de sa valeur et érodé le sens du bien commun ».

Le Compendium est aussi proposé comme « base de dialogue avec tous ceux qui désirent sincèrement le bien de l’homme ». Il sera présenté aux prêtres, aux catéchistes et, de façon particulière, aux laïcs engagés dans la vie politique et sociale.

Le P. Mourtzanos Themistoklis, théologien orthodoxe, a montré que « la vision de la société de son Église s’inspire de la doctrine de Dieu comme Trinité et se fonde sur la vie eucharistique ». La vraie nouveauté, pour mettre fin à l’injustice, à la pauvreté, aux inégalités sociales, aux fléaux tels que la drogue, la prostitution, le racisme, découle de « la redécouverte de l’union avec Dieu et entre les hommes ».

Les migrations
Le phénomène migratoire touche radicalement tous les pays de l’Europe du Sud-Est, souligne le communiqué. Un grand nombre de personnes ont quitté l’Albanie, la Bulgarie ou la Roumanie à la recherche d’un travail, à cause de la pauvreté, constatait Mgr Crepaldi. La guerre des Balkans a provoqué le drame des personnes déplacées, en particulier en Bosnie Herzégovine. Surtout dans leur première phase, les migrations sont à l’origine de problèmes sociaux très graves : séparation des familles, trafic des femmes et des enfants, commerce d’organes, organisations mafieuses. D’autre part, le départ des forces jeunes et bien formées est un motif d’appauvrissement pour les pays d’origine. Ces migrations, qui sont en train de changer le visage des pays européens, seront le principal problème des prochaines décennies.

En Grèce, l’Église catholique connaît un phénomène surprenant et inattendu. Les statistiques indiquent que dans ce pays, en l’espace de 30 ans, de 1975 à 2005, le nombre de catholiques est passé de 50.000 à près de 350.000. En particulier des milliers de Philippins, Polonais, Albanais, Iraqiens sont arrivés. Les catholiques d’origine grecque sont aujourd’hui une minorité au sein de la minorité catholique du pays.

Les interventions du Fr. Francesco Varthalitis, de M. Desylas Christos, orthodoxe, du P. Gabriele Righetto, de Don Stefano Marangos, spécialistes et pasteurs dans le domaine des migrations en Grèce, ont mis en lumière les grands défis pastoraux posés par les migrations :
– donner la priorité à la pastorale des migrants aux niveaux local et international;
– entreprendre un travail profond de formation et d’intégration;
– promouvoir les contacts entre pays d’origine et pays d’accueil;
– trouver le personnel pour la pastorale des immigrés;
– établir des collaborations entre les paroisses.

Il a été souligné en particulier que les migrations requièrent avec urgence un travail -œcuménique et de collaboration entre les diverses Églises et communautés. Les présidents ont lancé un appel à suivre cette voie avec courage.

Les principales préoccupations des institutions européennes, en matière de politique migratoire, ont trait à la sécurité, surtout en raison du danger du terrorisme, fait observer le communiqué : octroi des visas, regroupement familial, immigrations illégales.

La politique européenne commune d’asile et de migration a été présentée par Mgr André Dupuy, nonce apostolique auprès de l’Union européenne, par Mgr Noël Treanor, secrétaire général de la COMECE et par M. Nikolaos Dendias, membre du Parlement grec et du Conseil de l’Europe.

De 1970 à 2000, le nombre des immigrés en Europe est passé de 19 à 33 millions. Dans le monde, le nombre de personnes qui ne vivent pas dans leur pays natal s’élève à près de 190 millions. Les dernières orientations de la politique de l’UE en matière d’asile, frontières et migrations sont consignées dans le nouveau  » Programme de La Haye « , qui établit les grandes lignes de la politique intérieure et judiciaire jusqu’en 2009.

Les présidents des conférences épiscopales sont conscients que les migrations ne doivent pas demeurer « un problème », mais devenir « une chance » : elles inaugurent une nouvelle saison de l’humanité et appellent à redécouvrir l’universalité (catholicité) de l’Église. La capacité qu’a l’Évangile de réunir les différents peuples pour en faire l’unique famille de Dieu est la vraie réponse aux questions de la mondialisation.

La troisième assemblée œcuménique européenne
Le nouveau  » pèlerinage  » œcuménique européen, commencé à Rome les 24-27 janvier avec la rencontre des délégués d’une centaine d’Églises et réalités oecuméniques de tous les pays d’Europe, se conclura précisément dans un pays de l’Europe du Sud-Est, en Roumanie, par l’assemblée de Sibiu, en septembre 2007. Cette démarche est une occasion pour organiser des rencontres oecuméniques au niveau local, relancer un grand réseau de prière pour l’unité des chrétiens, sensibiliser à l’urgence de la réconciliation et de la collaboration entre les Églises, et favoriser les jumelages entre Églises des différents pays.

Les participants à la rencontre de Corfou ont bénéficié d’un accueil extraordinaire de la part de l’Église catholique locale, du Métropolite orthodoxe Nektarios, du maire et de tous les habitants. Le pèlerinage au sanctuaire de Saint-Spiridon a montré des signes d’espérance et d’unité.

La célébration eucharistique du dimanche 5 mars dans la cathédrale a représenté une rencontre importante avec l’Église locale. Des remerciements sincères ont été adressés à l’archevêque catholique de Corfou, Mgr Ioannis Spiteris et au président de la conférence épiscopale de Grèce, Mgr Franghiskos Papamanolis.

Rendez-vous a été pris pour la 7e rencontre, en Roumanie, du 1 au 4 mars 2007.

Le Conseil des Conférences épiscop
ales d’Europe (CCEE) réunit les présidents des 34 conférences épiscopales actuelles d’Europe. Il est présidé par Mgr Amédée Grab, évêque de Coire ; ses vice-présidents sont le card. Josip Bozanic, archevêque de Zagreb et le Cardinal Cormac Murphy O’Connor, archevêque de Westminster. Le secrétaire général du CCEE est Mgr Aldo Giordano. Le siège du secrétariat se trouve en Suisse, à Saint-Gall.

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ZENIT Staff

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