Communications sociales : Message de Mgr Celli à la CERAO

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Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest

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ROME, Dimanche 15 février 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le message que le président du Conseil pontifical pour les communications sociales, Mgr Claudio Maria Celli, a adressé à l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) qui s’est déroulée en Côte d’Ivoire, à Abidjan, du 2 au 8 février 2009.

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Excellences, mes chers amis en Christ,

Je suis très honoré de l’invitation à prendre part à la dix-septième et dernière Assemblée plénière de la Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO).
Le thème de cette Assemblée : « L’Eglise Famille de Dieu en solidarité pastorale organique dans l’Ouest-Africain. De la CERAO à l’ACEAO » (EIA, 131) me réjouit.

En effet j’y perçois le souci de la communication qui selon le message de notre Saint Père Benoît XVI pour la 43ème Journée mondiale des Communications Sociales rendu public le 24 janvier est à considérer « comme le reflet de notre participation à l’amour communicatif et unifiant de Dieu, qui veut faire de l’entière humanité une famille unique. »
Votre éminence le cardinal Théodore Adrien SARR, archevêque de Dakar président de la CERAO et vice président de la future ACEAO, m’a prié de vous parler sur l’importance de la Communication pour la pastorale des grands ensembles dans le contexte actuel de la mondialisation. Aussi permettez-moi de vous rappeller la nécessité d’une Commission régionale de la communication dans la dernière ligne droite de cette phase transitoire vers la nouvelle Association des Conférences Episcopales de l’Afrique de l’Ouest (ACEAO). Ainsi que j’ai eu précédemment à le signaler, l’association « catéchisme et communications sociales » ne fait pas droit à la spécificité de la communication. Comme le souligne Ecclesia in Africa, « il s’agit à la fois de moyens d’évangélisation et de moyens de diffusion d’une nouvelle culture qu’il faut évangéliser. » (EIA 52) et Aetatis Novae souligne : « Le travail des médias catholiques n’est pas seulement une activité supplémentaire venant s’ajouter à toutes celles de l’Église : les communications sociales ont, en effet, un rôle à jouer dans tous les aspects de la mission de l’Église. Aussi ne faut-il pas se contenter d’avoir un plan pastoral de communication mais faut-il que les communications fassent partie intégrante de tout plan pastoral puisqu’elles ont, de fait, une contribution à apporter à tout autre apostolat, ministère ou programme ».
Si vous souhaitez une structure intégrée à l’instar de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, cette région du continent qui compte seize (16) pays et plus de 240 millions d’habitants, alors il faudrait considérer, voire se laisser inspirer par la décision A/DEC.7/12/00 portant adoption d’une politique de l’information et de la communication de la CEDEAO : décision dont la mise en oeuvre est bien entamée. Depuis novembre 2008 en effet, la première chaîne régionale ouest africaine, Ouest TV diffuse l’actualité des pays de la CEDEAO et de l’UEMOA à travers des magazines, des reportages, news, journaux TV Monde- Afrique et hebdo. Au niveau de la téléphonie mobile malgré les coûts relativement élevés la zone CEDEAO facilite une régulation pour le « roaming » ainsi que la mise en place d’un programme d’infrastructures de télécommunication, INTELCOM II, destiné à établir une infrastructure régionale en TIC pour la communauté.
A l’heure des TIC et malgré ce qu’il est convenu de déplorer sous le vocable de « fracture numérique » -« digital divide » en anglais- le message précédemment cité du saint Père insiste : « il est gratifiant de voir l’émergence de nouveaux réseaux digitaux qui cherchent à promouvoir la solidarité humaine, la paix et la justice, les droits humains et le respect pour la vie et le bien de la création. Ces réseaux peuvent faciliter des formes de coopération parmi des peuples de divers contextes géographiques et culturels, en permettant d’approfondir la commune humanité et le sens de coresponsabilité pour le bien de tous. Il faut toutefois se préoccuper de faire en sorte que le monde digital soit vraiment accessible à tous. »
A l’analphabétisme qui est une des conséquences tragiques de la pauvreté socio-économique se joint ce que je nommerais « l’info-pauvreté ». J’imagine à peine la complexité des défis et des enjeux auxquels vous êtes quotidiennement confrontés au niveau des diocèses de la CERAO. Alors qu’on parle de fracture numérique nombreux sont ceux qui souffrent de la fracture analogique à divers niveaux. L’espoir est toutefois permis quant on voit se développer « la solidarité numérique » dans un monde encore marqué par tant d’écarts dans l’appropriation des technologies de l’information et de la communication : 7 internautes sur 10 habitants en Amérique du Nord contre 1 internaute sur 20 habitants en Afrique.
Malgré ce panorama, une commission régionale pour la Communication n’est pas une gageure, bien au contraire. Nombreuses et diversifiées sont les initiatives qui réclament une synergie régionale et une particulière attention pastorale. Pour Ecclesia in Africa, « le premier aréopage des temps modernes est le monde de la communication, qui donne une unité à l’humanité en faisant d’elle, comme on dit, un village global. Les médias ont pris une telle importance qu’ils sont, pour beaucoup de gens, le moyen principal d’information et de formation; ils guident et inspirent les comportements individuels, familiaux et sociaux » (EIA, 71 citant Nostra Aetate). Pour se convaincre de la nécessité de s’organiser pour mieux s’impliquer dans les opportunités communicationnelles, l’évocation du rôle fondamental joué dans l’opinion publique par le périodique « Afrique Nouvelle »  qui faisait vibrer à l’unisson l’Eglise Famille de Dieu de l’Ouest Afrique francophone et bien au-delà suffirait.
La communication requiert une sollicitude pastorale particulière : « Notre époque est celle de la communication globale, où de nombreux moments de l’existence humaine se déroulent à travers des processus médiatiques, ou au moins doivent se confronter à eux. Je me borne à rappeler la formation de la personnalité et de la conscience, l’interprétation et la structuration des liens affectifs, l’articulation des phases éducatives et formatives, l’élaboration et la diffusion des cultures, le développement de la vie sociale, politique et économique. » (Le développement rapide. n°3)
Les médias influencent fortement non seulement la conception que les personnes ont de la vie, mais également dans une large mesure « l’expérience humaine comme telle est devenue une expérience médiatique ».
Le Conseil Pontifical pour les Communications Sociales encourage donc l’unique célébration mondiale instaurée par le Concile Vatican II, la « Journée Mondiale des Communications Sociales » afin de « renforcer plus efficacement l’apostolat multiforme de l’Eglise à travers les instruments de communications sociales, dans tous les diocèses du monde » (Inter mirifica n. 18).
« Que célèbre exactement cette Journée? » demande Jean-Paul II dans son message lors de la 26ème JMCS. « C’est une manière de reconnaître avec gratitude un don de Dieu particulier, un don d’une importance énorme pour la période de l’histoire de l’humanité dans laquelle nous vivons, le don de tous ces moyens techniques qui facilitent, améliorent et enrichissent les communications entre les hommes. (…) Les moyens de communications sont le billet d’admission de chaque homme et femme au marché moderne où les pensées sont exprimées en public, les idées échangées, les nouvelles diffusées et où les informations en tout genre sont transmises et relues (cf. Redemptoris Missio, 37). Pour tout ceci, nous louons notre Père des Cieux de qui provient « toute bonne dotation et tout don parfait » (Jc 1,17). » Et « l’Eglise se sentirait coupable devant son Seigneur, s
i elle ne mettait pas en oeuvre ces puissants moyens que l’intelligence humaine rend chaque jour plus perfectionnés » (Evangelii Nuntiandi, 45).
La proposition 44 du récent synode des évêques sur la Parole de Dieu souligne « l’importance des moyens de communication sociale et des langages de la communication pour l’évangélisation. L’annonce de la Bonne Nouvelle trouve un nouvel espace dans la communication d’aujourd’hui caractérisée par l’intermédialité. (…) Il est recommandé de bien maîtriser les moyens de communication, d’accompagner leur changement rapide et d’investir plus dans la communication à travers les différents instruments offerts, comme la télévision, la radio, les journaux, Internet… Il s’agit, dans tous les cas, de formes qui peuvent faciliter l’exercice de l’écoute obéissante de la Parole de Dieu. Il est nécessaire de préparer des catholiques convaincus et compétents, dans le domaine des communications sociales. »
Le Conseil Pontifical a organisé l’année dernière deux congrès dont le premier concernait les facultés et écoles de communication auxquels la CERAO a participé. Au niveau des facultés de communication et des centres de formation professionnelle, le Conseil Pontifical qui a encouragé la mise en place de l’ISCOM (l’Institut Supérieur de Communication) au sein de l’UCAO est tout disposé à renforcer avec vous des pôles d’excellences pour répondre aux besoins croissants de ce secteur pastoral de la communication que viendra renforcer l’ouverture prochaine du département des Cultures Africaines et de Communications au sein de l’Unité Universitaire de Bamako (U.U.Ba.). Le Conseil Pontifical a en projet un Colloque sur les enjeux et défis actuels des écoles et facultés de communication en Afrique. Un premier forum des radios catholiques de la CERAO s’est ténu en mars 2005 à Ouagadougou au cours duquel le partage d’expériences a éveillé le désir de mise en réseau des radios FM Catholiques. Telles perspectives pour se développer ont besoin d’une sollicitude pastorale particulière à travers la mise en place de la commission de communication dans l’organigramme de l’ACEAO.
Comme l’affirme la conclusion du « plan pastoral CEPACS de 1999 », c’est le moment de « brandir des projets audacieux d’intégration » régionale et continentale, penser à un réseau E-mail ou, dans l’idéal des cas, à un réseau Internet entre les régions et entre les conférences épiscopales. « Une telle toile faciliterait l’échange de l’information et sa circulation. Elle permettrait à notre Eglise d’avoir une connaissance à bon escient d’elle-même par une information rapide. ». Le Conseil Pontifical souhaite cette « opérationnalité » communicationnelle et encourage la collaboration gage de l’efficacité future en vue d’une authentique diaconie de la culture.
Concrètement la mise en place de noyaux opérationnels est envisageable avec l’expérience et la compétence de la RIIAL (Réseau Informatique de l’Eglise en Amérique Latine) qui en Amérique latine a accompli un admirable travail jusque dans les endroits les plus éloignés. Je puis vous assurer que de tels noyaux communicatifs ecclésiaux locaux sont susceptibles de constituer comme des centres d’animations de l’âme de l’Eglise- famille de Dieu où les spécificités pourront se rencontrer, se reconnaître et se coordonner et où la solidarité pastorale organique sera effective. Pour conclure je vous invite à cette réflexion en vous assurant de la disponibilité encouragée par le saint père lui-même de donner la priorité à l’Afrique.
Que Dieu Trinité d’amour communicatif bénisse vos travaux.

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ZENIT Staff

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