Combattre la pauvreté et non les pauvres, exhorte le cardinal Turkson

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Intervention du Saint-Siège au sommet de l’ONU sur la pauvreté dans le monde

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ROMA, Mercredi 22 septembre 2010 (ZENIT.org) – Concernant les aides au développement, il faut toujours se rappeler que l’objectif est de combattre la pauvreté et non les pauvres.

Le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, a fait ce rappel lundi, à New York, lors du sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement sur les objectifs de développement du Millénaire (OSM), auquel il participe à la tête d’une délégation du Saint-Siège.

Le cardinal a rappelé qu’en l’an 2000 tous les chefs d’Etat des Nations Unies ont reconnu que « la lutte internationale contre la pauvreté ne devrait pas se limiter à la gestion des grandes variables économiques », mais s’étendre aux aspects « plus spécifiquement ‘humains’ du développement, comme l’élimination de la pauvreté, la promotion de l’instruction ; la garantie d’une assistance sanitaire, les services sociaux et les mêmes opportunités d’emploi, le soutien à une gestion responsable de l’environnement ».

Malgré des « signes encourageants » concernant l’atteinte de ces objectifs, a-t-il reconnu, « moins de la moitié des pays frappés de malnutrition chez les enfants pourra se défaire de cette plaie avant 2015 », l’année fixée au départ pour l’atteinte de ces objectifs.

Dans ce contexte, « il reste encore beaucoup à faire pour entretenir et renforcer la mobilisation politique, par le biais d’une solidarité économique et financière continue, pour garantir l’accès aux ressources ».

De même qu’il faut encore « travailler sérieusement pour libérer les pays pauvres de leurs dettes et éviter que ne se vérifient certaines situations d’usure internationale qui ont caractérisé les dernières décennies du XXème siècle ».

Propositions

Le cardinal Turkson a donc proposé quelques lignes d’action pouvant aider la communauté internationale à mettre fin à cette plaie de la pauvreté et garantir un monde plus juste pour tous .

« Les pays développés et les économies émergentes devraient faire preuve de ‘générosité’ en gardant leurs marchés ouverts, sans demandes excessives de réciprocité commerciale, de manière à permettre aux pays pauvres de progresser vers une indépendance économique et de favoriser leur développement économique et social », a-t-il souligné.

« Un partage constant des connaissances dans des domaines comme la science et la technologie doit également être garanti aux pays pauvres afin qu’ils puissent, à eux seuls, résoudre efficacement leurs problèmes d’assistance sanitaire au niveau local et diversifier leur production agricole et industrielle ».

Selon le cardinal Turkson, « une partie essentielle d’une solution plus profonde et durable » réside dans le renforcement de l’assistance officielle au développement, afin que les efforts visant à destiner 0,7% du PIB à ce type d’aides se concrétisent rapidement, et que, parallèlement, les sommes arrivent effectivement aux pays les plus pauvres ».

« L’encouragement à plus d’efforts demandera une compréhension renouvelée qui nous permette d’étendre notre vision du paradigme donneur/receveur à se voir réciproquement pour ce que nous sommes : des frères et sœurs, avec la même dignité et les mêmes opportunités d’accès aux mêmes marchés et mêmes réseaux ».<br>
Tous sont importants

La lutte pour le développement, a poursuivi le cardinal Turkson, révèle l’importance de « mobiliser activement tous les sujets de la société civile ».

« Des hommes et des femmes qui ont formé des partnerships et des alliances pour réunir le nord et le sud montrent qu’il est possible d’unir les immenses possibilités de l’intelligence et de la volonté humaine au service du développement intégral de l’homme ».

« Une grande quantité d’expériences, en Afrique et dans d’autres régions pauvres, montrent qu’un changement positif est possible », a t-il déclaré.

« Cette implication à la base, où les communautés locales deviennent des artisans essentiels de leur développement, est indispensable pour une vraie efficacité de l’aide internationale et pour de meilleures structures internationales commerciales et financières ».

Le rôle de l’Etat

Reconnaissant qu’« une grade partie des obstacles sont à attribuer à la mal gouvernance et à une conduite civile irresponsable au niveau régional et international », le cardinal Turkson a souligné que « pour surmonter définitivement les obstacles qui empêchent le développement, il faut que les expériences positives de la société civile deviennent des valeurs qui guident l’action politique ».

« Tous les gouvernements, que ce soit des pays développés ou des pays en voie de développement, doivent accepter leur responsabilité en matière de corruption et faire face au comportement déconsidéré, et parfois immoral, du monde des affaires et de la finance, face également à l’irresponsabilité et l’évasion fiscale, de manière à garantir le domaine de la loi et promouvoir les aspects humains du développement ».

Par ailleurs, sur leurs propres territoires, les gouvernements, qu’il s’agissent des pays donateurs ou des pays bénéficiaires, « ne devraient pas interférer ou entraver le caractère particulier et l’autonomie des organisations religieuses et civiles », mais « encourager respectueusement ces réalités, les soutenir financièrement le plus possible ».

La personne au centre

Pour toutes ces raisons le cardinal a souligné que « toute tentative de se servir des Objectifs de Développement du Millénaire pour répandre et imposer des modes de vie égoïstes ou pire encore, des politiques démographiques comme moyen bon marché pour réduire le nombre des pauvres, serait malveillant et guère clairvoyant ».

« L’ouverture moralement responsable à la vie représente un riche bien économique et social », a-t-il déclaré.

« Les OSM devraient être utilisés pour combattre la pauvreté et non pour éliminer les pauvres ! »

Le Saint-Siège, a rappelé le cardinal Turkson, « réaffirme sa conviction selon laquelle les hommes et les femmes vivant aujourd’hui dans la pauvreté ne pourront s’en sortir que si les OSM sont compris et poursuivis en harmonie avec des standards moraux objectifs et la nature humaine ».

« Donnez aux pays pauvres un cadre amical au niveau financier et commercial et aidez-les à promouvoir la bonne gouvernance et la participation de la société civile, et l’Afrique ainsi que les autres régions pauvres du monde contribueront au bien être de tous », a-t-il conclu.

Roberta Sciamplicotti

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ZENIT Staff

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