Chine : Un "bon" Noël est un Noël avec le Père Noël, sans l’enfant Jésus

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CITE DU VATICAN, Jeudi 8 janvier 2004 (ZENIT.org) – Pour les autorités, un bon Noël est un Noël avec le Père Noël mais sans l’enfant Jésus, explique « Eglises d’Asie » (EDA, eglasie.mepasie.org), l’agence des Missions étrangères de Paris (PEP), dans son édition du début de l’année (EDA n° 388).

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Noël, cette année encore, n’a pas fait exception dans les grandes villes du pays. Comme il est devenu de coutume depuis presque une dizaine d’années, les foules ont été nombreuses à se presser devant les églises chrétiennes et encore plus nombreuses à arpenter les rues commerçantes et les centres commerciaux, décorés de toute l’imagerie occidentale associée à Noël : Père Noël et sapins enguirlandés.

Le 25 décembre est jour férié en Chine populaire depuis dix ans et, chaque année, les magasins tentent de capitaliser au maximum sur les dépenses des consommateurs que le gouvernement cherche à encourager tandis que les jeunes « bobos » chinois explorent les dernières tendances de l’heure en matière de fête. « La fête du printemps (le nouvel an chinois) est la fête traditionnelle des Chinois mais Noël symbolise pour les jeunes Chinois une fête synonyme de modernité », commente Gao Chao, un jeune Pékinois emmenant au restaurant sa petite amie pour un dîner festif le 24 au soir.

Dans les églises chrétiennes, l’assistance était plus que fournie. A Pékin, dans la très fréquentée rue Wangfujing, devant Dongtang, l’église catholique Saint Joseph, des petits malins vendaient les billets permettant d’accéder à l’une des deux messes de la veillée de Noël jusqu’à 1 000 yuans (100 euros) l’unité. Comme chaque année, pour permettre aux catholiques d’entrer dans l’église, prise d’assaut par les curieux, la paroisse de Wangfujing distribue aux paroissiens des tickets d’accès et certains d’entre eux se retrouvent dans la rue, objet d’un marché noir lucratif pour certains. Commentant la scène, un journaliste occidental écrivait que même le spirituel – comme pratiquement tout le reste en Chine après vingt années de réformes économiques – a trait à l’argent, à la course à l’argent.

Ailleurs dans d’autres lieux de culte chrétien de Pékin, l’affluence a été très importante. Au temple protestant de Chongwenmen, des moniteurs vidéo retransmettaient la cérémonie à tous ceux qui n’avaient pu prendre place à l’intérieur. Selon une religieuse catholique, à Nantang, la cathédrale de l’Immaculée Conception, 20 000 personnes étaient allées et venues dans l’édifice à l’occasion des deux messes célébrées le 24 au soir ; le lendemain, quatre messes ont été célébrées.

Toutefois, au-delà du pic de fréquentation des églises, prises d’assaut par des curieux, et de l’opportunité commerciale mise en scène par les magasins et les restaurants, Noël reste une fête sous contrôle. Mis à part l’église de Wangfujing et quelques autres dans Pékin, les lieux de culte restent à l’écart de l’agitation de la rue, cachés derrière de hauts murs, les autorités ne souhaitant pas que les croix et les bâtiments soient trop aisément visibles par tous. Et, si le Père Noël est partout, l’enfant Jésus est beaucoup plus discret, les Eglises ne pouvant évangéliser ouvertement aisément. Dans les librairies publiques, la Bible, par exemple, n’est pas vendue. Interrogé par l’Agence France-Presse, Hua Huiqi, un chrétien « clandestin », se désole du fait qu’« autant de Chinois célèbrent Noël sans rien connaître du christianisme ».
© EDA

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ZENIT Staff

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