Chine/Shaanxi: Campagne pour l´enregistrement de l’Eglise « clandestine »

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… dans l’Association patriotique

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CITE DU VATICAN, Jeudi 13 décembre 2001 (ZENIT.org) – Les autorités de la province chinoise du Shaanxi lancent une nouvelle campagne visant à forcer les membres de l’Eglise « clandestine » à s’enregistrer auprès de l’Association patriotique des catholiques chinois, indique la revue des Missions étrangères de Paris, « Eglises d´Asie », dans sa publication de la mi-décembre (cf. eglasie.org).

Selon l’agence de presse Reuters, les autorités gouvernementales ont entrepris une nouvelle campagne dans la province du Shaanxi visant à forcer les membres de l’Eglise catholique « clandestine » à s’enregistrer auprès de l’Association patriotique et à ainsi intégrer l’Eglise « officielle » .

Interrogé par Reuters, un responsable du Bureau local des Affaires religieuses a déclaré le 30 novembre dernier que la campagne, baptisée « Opération 816 », avait été lancée il y a deux ans déjà mais qu’elle avait été réactivée depuis le mois d’octobre dernier. « L’opération s’apparente plus à une campagne d’éducation qu’à un mouvement de répression, a déclaré le fonctionnaire, en poste à Baoji, ville située dans l’ouest de la province. Il s’agit de faire enregistrer ces églises illégales sous le giron de l’Eglise patriotique. La seule formalité exigée est de signer un manifeste par lequel les personnes déclarent leur adhésion à l’Eglise patriotique. » Au cas où les fidèles auraient des difficultés à comprendre ce qui leur est demandé, « nous avons organisé des sessions d’étude pour les éduquer », a encore ajouté le responsable.

Dans le diocèse de Fengxiang, situé dans la province, la campagne a pris un tour assez sévère. Selon l’agence Fides qui reprend des informations parues le 28 novembre dans le quotidien italien La Repubblica, Fengxiang présente la particularité quasi unique dans toute la Chine d’être un diocèse entièrement « clandestin ». Son évêque, Mgr Lucas Li Jingfeng, ses 16 prêtres, 14 religieux et 25 religieuses ainsi que ses 20 000 fidèles ont toujours refusé de rejoindre les structures de l’Eglise « officielle ». De ce fait, la cathédrale, les églises, le séminaire et les différentes organisations du diocèse sont certes « clandestines » mais bien visibles aux yeux de tous. Le 4 novembre dernier, alors qu’il célébrait la messe dominicale, Mgr Li, âgé de 81 ans, a été interpellé par des policiers qui lui ont conseillé d’emporter « beaucoup de vêtements », les autorités l’invitant à suivre des « sessions de formation » pour un certain temps. Depuis, mis à part un coup de fil à un des catholiques du diocèse, Mgr Li n’a pu donner aucune nouvelle de lui. A une délégation de 40 catholiques de Fengxiang venus demander des informations, les autorités ont fait savoir que leur évêque ne leur serait sans doute pas rendu avant Noël étant donné son refus de s’affilier à l’Association patriotique des catholiques chinois.

Le 4 novembre, en même temps que leur évêque, sept prêtres de Fengxiang ont été arrêtés. Trois semaines plus tard, six d’entre eux ont été relâchés et renvoyés dans leurs villages d’origine. Le 28 novembre, les autorités ont déclaré que les prêtres libérés seraient immédiatement arrêtés à nouveau s’ils retournaient dans leurs paroisses. Ils ont été placés sous le contrôle des responsables de leurs villages respectifs avec interdiction absolue d’entrer en contact l’un avec l’autre. Selon un des séminaristes du diocèse, « c’est comme si nous étions revenus à l’époque de la Révolution culturelle où chacun devait déclarer au gouvernement ce qu’il avait fait durant la journée ». Durant le temps de leur détention, les prêtres arrêtés ont été isolés, une équipe de fonctionnaires se relayant pour les interroger et les persuader de rejoindre l’Association patriotique. En vain.

Selon des témoignages recueillis sur place, les autres prêtres du diocèse ont réussi à se cacher. La vingtaine de religieuses qui œuvraient au couvent installé à côté de la cathédrale ont trouvé refuge chez des catholiques, leur couvent ayant été décrété « illégal ». Le séminaire, également abrité auprès de la cathédrale, a aussi été fermé car « illégal ». Cependant, face aux véhémentes protestations des catholiques du diocèse, les autorités ont accepté que cinq séminaristes restent sur place pour garder l’église. Selon un des séminaristes, des fidèles se joignent à eux par roulement pour éviter que des policiers ne viennent les arrêter eux aussi. Les autorités projetteraient de nommer à Fengxiang un clergé « officiel ». Très déterminée à ne pas lâcher prise, la population catholique du diocèse semble n’avoir pas faibli dans sa résolution. « Pour l’heure, tout ce que nous pouvons faire est d’attendre », a déclaré un catholique « clandestin » de Fengxiang.

Par ailleurs, un peu plus au sud de la province, la partie « clandestine » du diocèse de Hanzhong a également eu à subir les pressions des autorités. Selon l’agence Ucanews, le 2 novembre dernier, trois prêtres « clandestins » du diocèse, les PP. Du Baozang, Zan Jianzhou et Zan Shengrang, ont été arrêtés puis relâchés après un mois de « rééducation » pour les inciter à rejoindre l’Association patriotique. Ils ont été envoyés dans des paroisses reculées avec interdiction de contacter leur évêque, Mgr Bartholomé Yu Chengti, âgé de 72 ans.
Ordonné évêque secrètement en 1981, Mgr Yu vit actuellement dans le village de Yuwang où il a interdiction de sortir du périmètre de l’église. En 1997, précise EDA, après que certains de ses prêtres, religieuses et fidèles eurent été arrêtés, Mgr Yu Chengti avait parvenir à Hongkong une lettre dans laquelle il demandait à l’Eglise universelle et aux organisations de défense des droits de l’homme de faire campagne pour que cessent les mesures contre les catholiques qui refusent le contrôle de l’Association patriotique.

Un quatrième prêtre, le P. Yu Chengxin, a été chassé de sa paroisse par les autorités gouvernementales qui lui ont ordonné de retourner dans son village natal. Malgré ces récents événements, Mgr Yu a fait savoir que les cérémonies de Noël seraient célébrées comme à l’accoutumée.

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ZENIT Staff

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