Chine : Ordination d’un évêque sans l’accord du Bureau des Affaires religieuses

Print Friendly, PDF & Email

CITE DU VATICAN, Mardi 16 mars 2004 (ZENIT.org) – Dans un diocèse du Shanxi, l’ordination d’un évêque auxiliaire sans le consentement du Bureau des Affaires religieuses revêt une valeur de test pour les catholiques chinois, estime « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA, eglasie.mepasie.org), dans son édition N.392.

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Dans la province du Shanxi, l’ordination, le 8 février dernier, d’un évêque auxiliaire pour le diocèse de Shuozhou a revêtu une signification particulière du fait que les instances officielles chinoises responsables de la gestion de l’Eglise catholique n’ont pas donné leur accord à cette ordination, souligne EDA. Observée de près par les autres diocèses du pays, cette ordination et la suite des événements qui en découleront prennent une valeur de test pour la capacité de la partie « officielle » de l’Eglise catholique de Chine à agir en-dehors du cadre strictement défini par le Bureau des Affaires religieuses et l’Association patriotique des catholiques chinois.

Le dimanche 8 février dernier, Mgr Bonaventure Luo Juan, 86 ans, évêque « officiel » du diocèse de Shuozhou, a ordonné le P. Ma Cunguo, âgé de 33 ans, évêque auxiliaire de son diocèse (1). La cérémonie s’est déroulée dans la cathédrale du diocèse et Mgr Luo Juan était le seul évêque présent, les deux autres évêques qui auraient dû l’assister en tant que co-consécrateurs étant absents. Le jeune évêque, Mgr Ma Cunguo, a expliqué le 24 février dernier à l’agence Ucanews que tant l’Association patriotique que la Conférence épiscopale au niveau provincial avaient refusé de reconnaître son élection par le presbyterium (l’ensemble des prêtres du diocèse) à l’épiscopat. A plusieurs reprises, ces deux instances ont refusé d’examiner la demande d’ordination épiscopale déposée par le diocèse de Shuozhou et, par conséquent, explique encore Mgr Ma, le dossier n’est pas remonté jusqu’aux instances catholiques nationales, à Pékin, comme cela se produit habituellement. Du fait de l’absence de réponse de l’Association patriotique, courroie de transmission du Bureau des Affaires religieuses vers la partie « officielle » de l’Eglise catholique de Chine, l’ordination de Mgr Ma s’est donc faite sans l’accord préalable des autorités civiles chinoises. Le jeune évêque précise que, malgré l’absence de feu vert de la part des instances officielles de Pékin, le diocèse a choisi de maintenir la cérémonie d’ordination à la date originellement décidée.

Selon le P. Luo Zhihong, neveu de Mgr Luo, la cérémonie d’ordination a été « simple mais solennelle ». Aucun représentant des instances « officielles » de l’Eglise, que ce soit au niveau provincial ou national, n’était présent. L’ordination a été menée selon les procédures habituelles et conformément à la liturgie de l’Eglise universelle, précise le P. Luo Zhihong qui ajoute que le nouvel évêque est fidèle à sa foi, travaille pour l’Eglise et a été élu à l’unanimité par tous les prêtres, jeunes et moins jeunes, du diocèse.

Mgr Ma reconnaît que le fait d’avoir procédé à l’ordination sans l’accord des autorités l’oblige aujourd’hui à faire face à des pressions très fortes du gouvernement. Déjà, les prêtres du diocèse ont été convoqués pour des « rencontres » avec différents responsables des autorités. Selon le P. Luo Zhihong, en dépit des mesures de « restrictions » que les autorités ne vont pas manquer de prendre et des sessions d’ »éducation » auxquelles les prêtres du diocèse ont déjà été obligés et continueront à être obligés d’assister, le clergé de Shuozhou fait montre d’une solidarité sans faille. Une situation qui est observée de près par les autres diocèses du pays, analyse le P. Luo.

Ordonné prêtre en 1996, Mgr Ma avait été nommé vicaire général de Shuozhou par Mgr Luo en mars 2002, le vieil évêque donnant au jeune prêtre pleine autorité pour gérer les affaires du diocèse. Après avoir accompli cette tâche à la satisfaction de son évêque pendant plus d’un an, auprès de la dizaine de prêtres et des huit milles catholiques que compte le diocèse, Mgr Ma est devenu l’un des plus jeunes, sinon le plus jeune, évêque de Chine. Selon le P. Luo, Mgr Ma a été installé en tant qu’auxiliaire et non en tant que coadjuteur de Shuozhou, simplement du fait que le Droit canon de l’Eglise catholique stipule que l’âge minimum pour devenir évêque coadjuteur est de 35 ans.

Après son ordination, Mgr Ma a déclaré qu’il souhaitait ouvrir une maison de retraite pour prêtres âgés ainsi que des classes de catéchisme pour les laïcs. Il a ajouté qu’il voulait améliorer le niveau de vie des paysans en les aidant à développer des cultures de rapport, telles que le blé et les pommes de terre.

(1) Mgr Luo Juan, évêque de Shuozhou, faisait partie des sept évêques qui avaient été requis par les autorités chinoises pour célébrer la consécration de cinq évêques le 6 janvier 2000, jour de l’Epiphanie, dans la capitale chinoise. On se souvient que ces ordinations épiscopales avaient été préparées de telle façon par Pékin qu’elles provoquent un coup d’arrêt aux contacts pris entre Rome et la Chine populaire en vue d’un éventuel établissement de relations diplomatiques. Voir notamment EDA 301

© EDA

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel