Chine : Mgr Joseph Zen Ze-kiun « créé » cardinal par Benoît XVI

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ROME, Mercredi 22 février 2006 (ZENIT.org) – Parmi les quinze nouveaux cardinaux dont les noms ont été annoncés ce 22 février dernier se trouve Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse de Hongkong, souligne « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (eglasie.mepasie.org).

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Agé de 74 ans, le prélat recevra les insignes cardinalices le 24 mars prochain, lors du premier consistoire convoqué par Benoît XVI. Il deviendra le sixième cardinal chinois de l’histoire de l’Eglise et le seul cardinal chinois aujourd’hui âgé de moins de 80 ans, faisant ainsi partie du collège des cardinaux-électeurs.

Mgr Joseph Zen, qui a écrit au pape en janvier dernier à l’occasion de son 74e anniversaire pour lui demander d’accepter sa démission à l’âge de 75 ans (1), dirige le diocèse de Hongkong depuis la mort, le 23 septembre 2002, du cardinal John Baptist Wu Cheng-chung, son prédécesseur, nommé évêque de Hongkong en 1975. Sa nomination comme évêque remonte au 9 décembre 1996, lorsque le pape Jean-Paul II l’a fait coadjuteur de Hongkong, en même temps que Mgr John Tong Hon, nommé évêque auxiliaire de ce diocèse. Quelques mois plus tard, en mai 1997, deux mois avant la rétrocession à la Chine populaire de la colonie britannique, les deux nouveaux évêques accompagnaient à Pékin une délégation de responsables politiques et religieux de Hongkong.

Né dans une famille catholique de Shanghai le 13 janvier 1932, le jeune Joseph Zen est entré chez les salésiens comme aspirants à l’âgé de 12 ans, en 1994. Quatre ans plus tard, il était à Hongkong où il entrait au petit séminaire des salésiens. Envoyé en Italie parfaire ses études, il a été ordonné prêtre à Turin en 1961, avant d’obtenir un doctorat en philosophie à l’université salésienne de Rome en 1964. Revenu à Hongkong pour enseigner à la maison d’études des salésiens, il a ensuite été professeur, à partir de 1971, au séminaire diocésain, le Séminaire du Saint-Esprit. Elu supérieur de la province chinoise des salésiens en 1978, il retourna au séminaire diocésain en 1984 où il assuma la direction du premier cycle d’études jusqu’en 1991. En 1989, il a été le premier prêtre du diocèse de Hongkong autorisé par la Chine populaire à se rendre sur le continent pour enseigner dans les séminaires « officiels ». De cette date jusqu’à son ordination épiscopale, en 1996, il a passé près de six mois par an sur le continent, dans différents séminaires de Chine populaire.

En tant qu’évêque coadjuteur puis ordinaire du diocèse de Hongkong, Mgr Joseph Zen n’a jamais hésité à prendre position dans le débat public sur des sujets touchant à la vie politique et religieuse de Hongkong. Peu après la rétrocession, il a défendu avec ténacité le droit au regroupement familial pour les Chinois du continent installés à Hongkong (2). En septembre 2000, tandis que Pékin protestait bruyamment contre la canonisation à Rome le 1er octobre de 120 martyrs de l’Eglise en Chine, il fit paraître un article dans la presse locale pour expliquer et défendre la position du Saint-Siège. Plus tard, il a été l’un des plus virulents opposants à la législation dite anti-subversion, la dénonçant comme potentiellement liberticide et encourageant les catholiques hongkongais à défendre la démocratie. En juillet 2003, le succès de la manifestation (500 000 personnes dans les rues de Hongkong) contre cette législation lui a été en partie crédité (3). Plus tard, son engagement sur la scène publique n’a pas faibli. En décembre dernier, Mgr Joseph Zen a déposé une plainte devant la justice hongkongaise pour s’opposer à une loi sur l’éducation, votée en juillet 2004 et jugée par lui menaçante pour la tutelle qu’exerce l’Eglise catholique sur une partie significative des écoles du territoire (4).

Le franc-parler de Mgr Zen Ze-kiun n’a pas été du goût de tous, jusque dans les rangs des catholiques de Hongkong où certains se sont dits inquiets par l’image que l’évêque donnait de l’Eglise. Durant des années, les relations ont été tendues avec Pékin, Mgr Zen étant de facto persona non grata sur le continent. L’atmosphère s’est détendue lorsqu’en avril 2004, l’évêque de Hongkong a été invité à se rendre en pèlerinage dans sa ville natale de Shanghai. A Rome, Mgr Zen semble jouir d’un soutien constant. Jean-Paul II l’avait ainsi nommé membre du conseil post-synodal réuni à la suite du Synode des évêques pour l’Asie du printemps 1998. Benoît XVI l’a aussi nommé membre du conseil post-synodal du Synode pour l’Eucharistie, tenu à Rome en octobre 2005. Enfin, Mgr Zen a été nommé l’an dernier membre de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

Mgr Zen est aujourd’hui le seul cardinal chinois en exercice et âgé de moins de 80 ans, donc membre du collège des cardinaux-électeurs. Paul Shan Kuo-hsi, évêque émérite du diocèse de Kaohsiung, à Taiwan, est lui aussi cardinal, mais, âgé de 82 ans, il a pris sa retraite en janvier dernier. Mgr Zen est aussi le sixième évêque chinois à être élevé à la dignité de cardinal. Avant lui – et dans l’ordre chronologique –, on trouve Thomas Tien Heng-hsin, à Pékin (1890-1967), Paul Yu Pin, à Nankin (1901-1978), John Baptist Wu Cheng Chung, à Hongkong (1925-2002), Ignatius Kung Pin-mei, à Shanghai (1901-2000), et Paul Shan Kuo-hsi, à Kaohsiung.

(1) Voir EDA 434
(2) Voir EDA 361, 362, 363, 364, 365, 366, 367, 380
(3) Voir EDA 369, 371, 375, 377, 378
(4) Voir EDA 397 (document annexe), 3

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ZENIT Staff

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