Chine : « Même si je ne suis pas prêtre, je resterai un témoin du Christ »

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Un jeune séminariste chinois donne son témoignage à l’AED

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ROME, Vendredi 16 septembre 2011 (ZENIT.org) – Nous publions cet entretien accordé à l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) par un séminariste chinois.

Il veut être prêtre.  Paul a bientôt trente ans et vient tout juste de terminer ses études au séminaire. De nationalité chinoise, il a grandi dans un petit village d’une province de l’ouest. Après avoir participé aux JMJ de Madrid avec un autre jeune de sa région, le voici en France. Alors même qu’il était en route pour l’Espagne, les autorités chinoises sont venues dans sa famille pour demander où il était. Elles avaient tenté de dissuader Paul de venir en Europe. Entretien.

Comment est née votre vocation ?

Par mon grand-père. Il était très proche des vieux missionnaires français. En 1953, ces derniers ont été expulsés de Chine. Tous les catholiques ont alors été très maltraités. Mon grand-père s’est exilé pendant 30 ans. Au début des années 80, avec Deng Xiaoping, la Chine a réouvert ses portes et mon grand-père est rentré. Il nous a parlé de sa foi avec beaucoup de fougue. Il prenait la relève des missionnaires, il a construit des églises dans la région. J’ai beaucoup appris de lui. A la fin du collège, je suis allé au petit séminaire, j’y ai passé trois ans. Puis je suis rentré au séminaire de l’Eglise officielle de Chine. Aujourd’hui, mon évêque fait partie de l’Association Patriotique des Catholiques de Chine (organe du Parti Communiste, ndlr)… Je ne sais pas encore ce qui va se passer par la suite.

N’est-il pas possible d’être ordonné ailleurs ?

J’y ai pensé. Je veux être prêtre pour Jésus, mais je crois que Jésus me veut là bas. Je souhaite revenir chez moi. Il y a de nombreux catholiques. Mais nous n’avons pas de prêtres depuis 60 ans ! Quand les gens meurent, il n’y a personne pour célébrer la messe d’enterrement. Nous ne pouvons pas recevoir les sacrements. Les jeunes ont besoin de soutien spirituel. Les gens de mon village m’attendent depuis longtemps. Si je ne revenais pas, cela pourrait les décourager.

Comment a pu se transmettre la foi aussi longtemps, sans les sacrements ?

Dans les années 50, les militaires n’autorisaient pas les gens à prier. Toutes les églises ont été détruites. D’autres ont été utilisées comme des lieux communautaires. Dans les familles, vous ne pouviez pas avoir d’images religieuses ou de croix. Vous ne pouviez pas avoir de nom chrétien. Mes parents ont vécu durant cette période. Ils se levaient la nuit pour prier, pendant que les autres dormaient. Malgré ces entraves, ils ont gardé la foi.

Des prêtres passaient de temps en temps ?

Les dimanches, quand le village n’avait pas d’église, toutes les familles se réunissaient dans une maison. On voyait de temps en temps un vieux prêtre. Il avait passé 20 ans en prison, parce qu’il était séminariste. Il a été ordonné seulement après sa sortie. Il nous a permis de garder la foi. Quand j’étais petit, on le voyait une fois tous les deux ou trois ans. En 2004, j’ai eu l’occasion de visiter des villages avec un autre prêtre : j’ai rencontré des catholiques qui n’avaient pas vu de prêtre depuis 20 ans. Là bas, les gens ont soif d’apprendre et de découvrir la foi.

La situation politique actuelle en Chine ne vous décourage-t-elle pas ?

Les chances d’être prêtre sont très réduites pour moi. En raison de la situation particulière de la région, mon ordination me paraît loin…Chaque fois que je suis tenté d’abandonner ma vocation, je pense à ceux que j’ai laissés là bas. Ma famille me soutient et prie pour moi. Comme tout le village. Cela me redonne courage. Même si je ne peux pas devenir prêtre, je veux demeurer un témoin du Christ, pour les autres.

Comment avez-vous vécu les JMJ ?

C’était incroyable. Dans mon village, certains se demandent s’il y a des catholiques autre part. Maintenant je vais pouvoir leur raconter et leur confirmer que nous ne sommes pas les seuls !

© Aide à l’Eglise en Détresse

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ZENIT Staff

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