Chine: La lutte contre le terrorisme, prétexte à la répression

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Rapport d´Amnesty International

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CITE DU VATICAN, Jeudi 28 mars 2002 (ZENIT.org ) – Selon Amnesty International, la Chine prend prétexte de la guerre que les Etats-Unis ont déclarée au terrorisme pour intensifier la répression menée au Xinjiang contre la minorité ouighoure, indique la revue des Missions étrangères de Paris, Eglises d´Asie, dans son numéro du 1er avril (EDA, cf. http://eglasie.mepasie.org).

Le rapport peut être consulté sur le site Internet d’Amnesty International (www.amnesty.org ): « China: Extensive crackdown on Uighurs to counter ‘terrorism’ must stop »

L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International a publié le 22 mars dernier un rapport de 33 pages dans lequel elle détaille la politique menée par les autorités chinoises dans la vaste province orientale du Xinjiang. Selon ce rapport, la Chine prend prétexte de la guerre que les Etats-Unis ont déclarée au terrorisme dans le monde après les attentats du 11 septembre pour intensifier la répression menée par elle depuis plusieurs années contre la minorité ouighoure, dont les membres sont en quasi-totalité de confession musulmane. Déclarant, selon Amnesty International, que les adversaires du pouvoir chinois dans la Région autonome ouighoure du Xinjiang, nom officiel de la province, sont des « séparatistes ethniques » liés aux « terroristes » internationaux, Pékin juge et condamne des centaines de personnes au cours de procès iniques tandis que les droits religieux des populations musulmanes de la région sont restreints, voire bafoués.

« Le gouvernement chinois a déclaré que ‘les séparatistes ethniques’ [les populations non Han qui refusent la mainmise des Hans sur le Xinjiang] sont liés aux ‘terroristes’ internationaux et il en appelle au soutien de la communauté internationale pour la répression qu’il y exerce. Mais l’étiquette ‘terroriste’ a été utilisée pour détenir une grande variété de personnes, dont certaines n’ont rien fait de plus que pratiquer leur religion ou défendre leur culture », peut-on lire dans ce rapport. Reprenant les sources des tensions entre populations non Hans et Hans, Amnesty International rappelle que les populations turcophones de cette région n’ont été placées que tardivement – à partir de la mi-XIXe siècle – sous le contrôle de la Chine. Ces dernières, pour qui leur région renvoie au Turkestan oriental et non au Xinjiang (‘Nouvelle frontière’) des Chinois Han, ne représentent plus qu’une minorité aujourd’hui là où elles formaient 80 % des habitants il y a cinquante ans. Le ressentiment, nourri par un sentiment de marginalisation au cours de ces quinze dernières années, s’est mué en une vague de revendications nationalistes avec l’effondrement de l’Union soviétique et la formation des Républiques d’Asie centrale, proches ethniquement des différents groupes ouighours.

En 1997, rappelle encore Amnesty International, les manifestations qui se sont produites dans la ville de Yining ont marqué le début d’un mouvement de répression brutale des aspirations ouighoures à une certaine forme d’autonomie, voire d’indépendance. Plus de 200 personnes ont été alors exécutées. Depuis le 11 septembre, le mouvement s’est amplifié, s’étendant à la société tout entière. Le clergé musulman est soumis à des séances d’« éducation politique » ; certains imams ont été détenus pour avoir enseigné le Coran. Le jeûne du ramadan a été proscrit dans les écoles, les hôpitaux et les bâtiments officiels. Des mosquées, situées près d’écoles, ont été fermées pour cesser d’influencer de manière « négative » la jeunesse. La répression s’est étendue aux professeurs, aux artistes, à toute la sphère du monde culturel. « Toute activité potentiellement porteuse de dissidence ou d’opposition, y compris des activités aussi pacifiques que la poésie, le chant, la littérature, l’usage d’Internet, ont été prises pour cible », précisent les auteurs du rapport.

Les autorités ont recours à des « séances d’accusation publique ». En octobre dernier, une telle manifestation a été organisée, rappelant les heures noires du régime communiste sous Mao, douze personnes ont été ainsi condamnées, dont deux à mort et les peines capitales ont été sur le champ mises à exécution. La notion d’« organisation terroriste » a été récemment introduite dans le Code pénal chinois, sans que son contenu soit défini. Selon Amnesty International, il y a là le risque de voir appliquer cette notion à n’importe quel groupe religieux ou organisation politique aux activités pourtant pacifiques.
(c) EDA

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ZENIT Staff

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