Chine : Décès de l’évêque « clandestin » de Wenzhou

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Il était âgé de 91 ans

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ROME, Vendredi 9 octobre 2009 (ZENIT.org) – En Chine, dans le l’évêque « clandestin » de Wenzhou est décédé à l’âge de 91 ans, annonce « Eglises d’Asie » (EDA) l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP).

Le 4 octobre dernier, Mgr James Lin Xili, évêque « clandestin » du diocèse de Wenzhou, dans la province du Zhejiang, est décédé, à l’âge de 91 ans, le jour du dix-septième anniversaire de son ordination épiscopale.

Né en 1918 dans la bourgade de Yueqing, le futur évêque entre au petit séminaire du diocèse de Ningbo en 1931. Ordonné prêtre le 3 juin 1944, il part à l’université catholique de Fu Jen, à Pékin, parfaire ses études. Revenu dans le diocèse de Ningbo en 1948, il commence sa vie de pasteur au moment où la tourmente révolutionnaire saisit le pays. Directeur d’une école secondaire jusqu’en 1955, il est nommé par l’évêque de Ningbo, Mgr André Defebvre (1886-1967), lazariste français, administrateur diocésain du diocèse. A mesure que les campagnes politiques se succèdent, l’étau se resserre et, en 1955, il est arrêté pour « crimes contre-révolutionnaires » et condamné à 16 ans de rééducation par le travail. Il travaille alors comme cordonnier avant d’être libéré en 1971.

A partir de 1978, et à la faveur de l’ouverture qui se dessine en Chine, il recommence son travail pastoral à partir de Yueqing, contribuant à restaurer les églises et à en construire de nouvelles. En 1992, il est ordonné dans la clandestinité pour être le premier évêque de Wenzhou, diocèse érigé dès 1949 à partir d’une division de celui de Ningbo mais jamais pourvu par la suite. Sous sa direction, malgré les difficultés, l’essor de la communauté catholique locale est important. Les autorités n’acceptent en effet pas de reconnaître son ordination épiscopale et le pourchasse. En 1998, Mgr Lin doit se cacher, ce qui ne l’empêche pas de faire parvenir à ses fidèles une lettre ouverte où il donne quatre objectifs aux catholiques de Wenzhou : donner la possibilité à tous ceux qui n’ont pas été confirmés de se préparer à ce sacrement, fortifier la foi, l’espérance et la charité de tous à travers des activités caritatives, parvenir à l’unité dans l’Esprit Saint, enfin chercher et proclamer le Royaume de Dieu (1). L’évêque est arrêté par la police l’année suivante et ne cessera ensuite d’alterner périodes de liberté relative et séjours en résidence surveillée. Depuis 2000, atteint de la maladie d’Alzheimer, il séjournait régulièrement à l’hôpital, notamment depuis 2005.

Pour la police, il est clair que le charisme de l’évêque décédé rendait le personnage « sensible ». La tension était palpable à Wenzhou depuis le mois de septembre dernier, date où il était devenu évident que la fin de Mgr Lin était proche. Un site Internet catholique local a été fermé après avoir mis en ligne des photos et une biographie de l’évêque. On pouvait lire sur ses pages des témoignages de catholiques du Zhejiang et de nombre d’autres provinces (2). Il semble que les autorités aient craint que l’évêque décède avant le 1er octobre, jour du 60ème anniversaire de la fondation du régime, et que ses funérailles soient l’occasion de grands rassemblements, notamment de catholiques « clandestins ».

La date des obsèques de l’évêque a été fixée au 10 octobre. Celles-ci auront lieu dans l’église de Qiligang, située à quelque distance de Yueqing et administrée par des prêtres de la partie « officielle » du diocèse. Selon des sources catholiques locales, citées par l’agence Ucanews (3), le choix de ce lieu a été fait « au terme d’un accord avec les autorités locales » et il semble que ces mêmes autorités ont interdit que soit fait mention de la qualité épiscopale du défunt lors de la cérémonie.

Mgr Lin Xili avait fait de l’unité de l’Eglise en Chine un des axes de son épiscopat. Sa lettre de 1998 en témoigne ; l’action de ses prêtres le souligne. Depuis de nombreuses années, et notamment depuis 2007 et la publication par le pape Benoît XVI de sa lettre aux catholiques chinois, les 19 prêtres « officiels » et les 18 prêtres « clandestins » de Wenzhou œuvrent à la réalité de la réconciliation des deux parties d’un diocèse qui compte environ 120 000 fidèles. Le comité de préparation des obsèques de Mgr Lin est ainsi formé de deux prêtres : le P. Vincent Zhu Weifang, vicaire général du diocèse pour sa partie « officielle », en assume la direction de ce comité, tandis que le P. Peter Shao Zhumin, vicaire général du diocèse pour sa partie « clandestine », est son adjoint.

(1)           Voir EDA 259

(2)           La communauté de Wenzhou est réputée pour son sens des affaires et son dynamisme dans de nombreux commerces aussi bien en Chine qu’à l’étranger, notamment en Europe. Leurs secteurs de prédilection couvrent le textile, l’industrie légère (jouets, briquets et gadgets), et l’immobilier en Chine continentale, en particulier à Shanghai. Dans les années 1970, Wenzhou a subi une importante crise de son secteur textile, ce qui a entraîné l’émigration d’une importante part de sa population, et ce, notamment en France, où les « Wens » (ceux de Wenzhou) sont surreprésentés dans la communauté chinoise. Autre particularité de la région de Wenzhou : les chrétiens, en majorité catholiques, y forment une forte minorité, avec 21 % de la population. (source : Wikipédia)

(3)           Ucanews, 5 octobre 2009

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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